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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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fort bien. J’ai pleuré pendant trois jours.
    — Et ta mère ?
    — Elle a aussi pleuré.
    — Ce n’est pas ce que je te demandais. Tu disais qu’elle s’était donné la mort…
    Afra mit sa main devant sa bouche. Sa respiration se fit plus saccadée.
    — Tu sous-entends qu’elle n’aurait pas choisi de façon délibérée de se donner la mort ?
    L’architecte garda le silence. Puis il passa son bras autour de ses épaules et lui dit :
    — Viens !
    Cette nuit-là, Ulrich et Afra dormirent pour la première fois dans un vrai lit, alors qu’ils s’étaient jusqu’à présent aimés à même le sol de la baraque, tout au haut de l’échafaudage ou dans l’herbe grasse des prés sur les rives du Danube.
    Redoutant d’être pris en flagrant délit et ayant toujours le sentiment de commettre un péché dans des lieux incongrus, ils s’étaient aimés dans l’urgence qui accroissait leurs désirs sans jamais pourtant les assouvir pleinement.
    Absorbée dans ses pensées, Afra fit glisser sa robe à terre et se glissa sous la couverture rêche. Il faisait froid, la pièce n’était pas chauffée. Mais cela ne suffisait pas à expliquer ces frissons qui la parcouraient, cette sensation de froid intérieur qui l’avait envahie.
    Les allusions et les suppositions du libraire la rendaient songeuse. D’un côté, le libraire avait émis des hypothèses sans apporter de preuve et, de l’autre, elle ne pouvait affirmer avec certitude que ses parents étaient morts dans les conditions prétendues par la version officielle.
    Lorsqu’Ulrich vint la rejoindre, elle lui tourna le dos machinalement, sans intention délibérée de se refuser à son amant.
    Ulrich, sentant instinctivement les bouleversements qui l’agitaient, ne s’étonna pas de son comportement. Trop, beaucoup trop de choses venaient de modifier le cours de sa vie. Elle avait besoin de temps pour y voir clair. Elle ne pouvait agir comme si de rien n’était. Ulrich se serra contre elle et posa une main sur ses hanches. Il embrassa tendrement sa nuque et tenta de trouver le sommeil sans prononcer un mot.
    Afra respirait si régulièrement qu’Ulrich la crut endormie profondément lorsque, une heure plus tard, il entendit sa voix.
    — Tu n’arrives pas à dormir, n’est-ce pas ?
    Ulrich se sentit pris au dépourvu.
    — Non, murmura-t-il à son oreille.
    — Tu penses à Griseldis, ai-je raison ?
    — Oui, et les paroles du libraire te trottent dans la tête.
    — Oui, d’autant que je ne sais absolument pas quoi en penser. J’ai comme l’impression que ce parchemin détient un pouvoir maléfique dont nous serons nous aussi les victimes.
    — C’est absurde, grommela Ulrich en caressant le ventre d’Afra. Jusqu’à présent, rien dans ma vie ne m’a porté à croire à l’influence de puissances maléfiques.
    — Oui, jusqu’à présent, mais depuis que nous nous sommes rencontrés…
    — … rien n’a changé.
    — Et la mort de Griseldis ?
    Ulrich inspira profondément puis poussa un soupir. Afra sentit l’air lui chatouiller la nuque. Il se tut.
    — Sais-tu que ton fils est venu me voir le jour même de la mort de Griseldis ?
    — Non, mais cela ne me surprend pas. Ces derniers temps, nos relations étaient tendues. Il me reprochait de tout faire pour précipiter la mort de Griseldis.
    — Il m’a accusée de t’avoir ensorcelé et il m’a menacée. Je devais à l’avenir te laisser tranquille.
    — Ensorcelé n’est pas le terme approprié. s éduit serait plus exact, ou encore mieux, envoûté. Ulrich rit tout bas. Quoi qu’il en soit, tu es parvenue à redonner un sens à ma vie.
    — Flatteur !
    — Prends-le comme tu veux. Mais sache qu’avant de te connaître, je ne jurais que par les plans de ma cathédrale. Je me surprenais parfois à monologuer avec les statues des piliers. Cela en dit long sur l’état mental d’un homme encore dans la force de l’âge.
    — Ton union n’était pas heureuse ?
    Ulrich resta pensif. Il ne voulait pas ennuyer Afra. Mais l’obscurité de la pièce et la proximité de la jeune femme l’enhardirent à se confier.
    — Griseldis était la fille d’un doyen, commença Ulrich, hésitant. Elle n’a jamais connu ni le nom de son père ni celui de sa mère. Peu après sa naissance, elle fut confiée aux religieuses d’une abbaye en Bavière appartenant à la maison des Wittelsbach où l’on fit d’elle une novice. Jusqu’à sa vingtième

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