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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Echraide et lui réclama Étaine.
« Par le dieu que jure ma tribu, dit le roi, tu n’auras pas ma fille cette
fois-ci, car si je te l’accordais aujourd’hui, demain je n’obtiendrais plus
rien de toi. – Que veux-tu donc ? demanda le Mac Oc. – Ce n’est pas
difficile : je veux l’équivalent du poids de ma fille en or et en argent. À
cette condition, tu pourras emmener Étaine. – Tu auras ce que tu
demandes », répondit Angus.
    On fit venir la jeune fille, et on la pesa dans la maison
d’Echraide. Alors, Angus fit apporter l’équivalent de son poids en or et en
argent et le remit à Echraide. « Es-tu satisfait maintenant ? dit-il
au roi. Il me semble que j’ai dû payer un bon prix. Jamais personne n’a payé si
cher pour une jeune fille d’Irlande. – Tu peux l’emmener, répondit Echraide. Seulement,
souviens-toi que tu te portes garant de son honneur et de sa santé. »
    Le Mac Oc emmena donc Étaine et regagna Brug-na-Boyne où
l’attendait Mider. En le voyant, Étaine fut si frappée de sa prestance et de sa
beauté qu’elle sentit son cœur se remplir d’amour. Quant à lui, il contemplait
avec ravissement le fin visage de la jeune fille et l’élégance de son maintien.
Et son cœur, lui aussi se sentit dévoré d’amour.
    Étaine et Mider dormirent donc ensemble cette nuit-là. Le
lendemain, Angus donna à Mider le manteau et le char qu’il avait promis et
Mider, désormais satisfait, demeura une année entière en compagnie de son fils
adoptif à la Brug. Au bout de ce temps, il annonça au Mac Oc son intention de
retourner dans sa propre résidence, au tertre de Bri Leith. « Je ne peux
t’en empêcher, dit Angus, mais prends bien soin de la femme que tu emmènes.
Celle qui t’attend là-bas [120] est redoutable et experte en magie, car elle a été élevée par le druide Bresal,
l’un des plus habiles qui soient parmi les tribus de Dana. »
    Le Mac Oc, en effet, se défiait fort de Fuamnach, femme de
Mider. Elle était la fille de Beothach, du clan de Iarbonel, et, grâce aux
leçons de Bresal, connaissait comme personne les sortilèges et savait les
mettre en œuvre contre quiconque lui déplaisait.
    Après avoir promis de prendre garde à elle, Mider partit
avec Étaine pour le tertre de Bri Leith. Fuamnach les y accueillit et leur
souhaita la bienvenue. Elle rendit compte à son mari de ce qui s’était passé
sur ses terres pendant son absence. « Viens donc, ô Mider, dit-elle, afin
que je te montre ta maison et les étendues de terre que tu possèdes, et afin
que la fille du roi puisse contempler tes richesses. »
    Mider fit donc le tour complet de ses domaines, et Fuamnach
lui montra, ainsi qu’à Étaine, tout ce qui avait été fait au cours de l’année
écoulée. Puis, elle les ramena à la maison et les fit entrer dans la chambre où
elle dormait. « C’est dans la chambre d’une femme noble que tu es venue,
dit-elle à Étaine. Mais sache que tu peux maintenant en disposer à ta
guise. »
    Mais à peine Étaine fut-elle assise sur le bord du lit que
Fuamnach, la frappant avec une baguette de coudrier pourpre, la transforma en
une flaque d’eau qui se répandit au milieu de la maison. Son forfait accompli,
Fuamnach sortit au plus tôt et s’enfuit de la forteresse pour se réfugier dans
la demeure de son père adoptif, le druide Bresal.
    Cependant, la chaleur du feu et de l’air, la fermentation du
sol opérèrent si bien leur effet sur l’eau que la flaque répandue dans la maison
se transforma en un ver, lequel, bientôt, devint une mouche pourpre. Celle-ci
avait la taille d’une tête humaine, et on n’avait jamais vu au monde plus bel
insecte. Le son de sa voix et le bourdonnement de ses ailes produisaient une
musique plus douce que celle des harpes ou des cornemuses, et ses yeux brillaient
comme des pierres précieuses dans l’obscurité. Le parfum qui émanait de lui
était si agréable qu’il faisait passer la faim et la soif à tous ceux qui
l’approchaient. Les gouttelettes que sécrétaient ses ailes guérissaient de tous
leurs maux ceux qui étaient atteints d’une maladie ou d’une quelconque
langueur. Elle accompagnait Mider en tous lieux, sans le quitter jamais, où
qu’il allât. Et Mider se réjouissait de sa présence, car il savait qu’Étaine
était présente sous cette forme. Or, comme il l’aimait passionnément, il ne
prit pas de femme tant que cette mouche fut avec lui, et il se nourrissait de
sa seule

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