Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
en furent non seulement émerveillés,
mais envièrent leur réussite. Ils venaient visiter les terres du clan de Semeon
et admiraient les champs cultivés et les prairies qui regorgeaient de brebis et
de moutons. Ils se dirent que ce pays leur appartenait et qu’il convenait de
reprendre des terres si fertiles à ces étrangers qui n’y avaient aucun droit.
Ils allèrent discuter avec les gens de Semeon et leur proposèrent, en échange
de ce qu’on leur avait donné, d’autres terres, encore plus au nord, dans des
pays rudes et froids, des terres dures et truffées de pierres, des sols
infestés de serpents venimeux. Et, pour ne pas s’engager dans des guerres, les
gens de Semeon acceptèrent cet arrangement et quittèrent les lieux qu’ils
avaient rendus féconds.
    Néanmoins, ils ne se découragèrent pas et firent tant et si
bien sur leurs nouvelles terres qu’ils les métamorphosèrent en champs riches et
fertiles, aussi unis et larges que ceux qu’ils avaient quittés. Et comme la
nourriture était abondante, les gens du clan de Semeon se multiplièrent et
augmentèrent leur nombre jusqu’à être des milliers. Mais lorsqu’ils virent ces
étrangers devenir aussi nombreux, aussi riches et aussi puissants, les chefs du
pays les sommèrent de leur livrer chaque année la moitié de leurs récoltes et
la moitié des troupeaux qui paissaient dans leurs prairies.
    Alors les gens du clan de Semeon se réunirent et tinrent
conseil. Leurs chefs étaient les cinq fils de Déla, descendant de Nemed, et
dont l’aîné portait le nom de Slaingé.
    « À quoi cela nous a-t-il servi de nous être enfuis
d’Irlande pour échapper à la tyrannie et au tribut des Fomoré ? Voici que
nous nous retrouvons dans un pays étranger, rejetés sur des terres incultes que
nous avons rendues fertiles, et soumis à la même tyrannie et au même tribut.
Cela ne peut plus durer. Il serait temps de nous révolter contre l’injustice
qui nous accable. – Tu as raison, dit son frère Rudraige. Nous ne pouvons
rester davantage sans réagir et sans faire valoir les droits que nous donne notre
travail. – Nous n’aurons jamais raison devant les maîtres de ce pays, reprit
Slaingé. Nous n’avons d’autre solution que de reprendre la mer, avec toutes les
richesses que nous pourrons emporter, et de revenir vers la terre d’Irlande.
Car cette terre est celle de nos ancêtres et nous avons le droit d’y
habiter. »
    Ils tinrent conseil un certain temps puis tombèrent d’accord
sur ce qu’ils feraient. Ils construisirent des barques avec les sacs qui leur
servaient pour transporter la terre arable sur les rochers stériles, et voilà
pourquoi, depuis lors, ils furent appelés les Fir Bolg ,
c’est-à-dire les Hommes aux sacs [31] .
Toutefois, d’autres disent qu’ils doivent leur nom au fait qu’ils savaient
domestiquer la foudre et utiliser le feu pour fondre le métal et fabriquer des
armes et des instruments pour cultiver la terre. Quoi qu’il en soit, ils
dérobèrent également des navires aux gens du pays et les rassemblèrent dans le
port où ils avaient abordé le premier jour.
    « Voici le moment de nous apprêter à partir, dit alors
Slaingé, qui était l’aîné de la troupe et celui que ses frères tenaient pour le
plus sage. Souvenez-vous que nous avons subi de graves préjudices de la part
des habitants de ce pays. Il convient donc de nous venger. Sans oublier que
chacun de nos hommes en vaut cent. »
    Ils chargèrent donc sur les navires toutes les marchandises
et toute la nourriture qu’ils purent trouver, tuant tous ceux qui prétendaient
les en empêcher, puis ils ravagèrent le pays environnant en y propageant
l’incendie. Ils amassèrent ensuite le butin sur les navires à la proue noire
qu’ils avaient construits avec leurs sacs et, cela fait, levèrent l’ancre et
déployèrent les voiles.
    On raconte que mille cent trente était le nombre des navires
des Fir Bolg quand ils quittèrent les rivages de la Grèce. Le vendredi suivant,
ils se trouvèrent dans la mer Tyrrhénienne et, après un an et trois jours,
atteignirent l’Espagne.
    Ils demandèrent alors à leurs druides et à leurs devins de
les renseigner et de les informer sur les vents avec lesquels ils devraient
compter pour faire voile à travers le grand océan. Ils quittèrent l’Espagne
avec un vent de sud-ouest et naviguèrent tout droit pendant treize jours avant
d’apercevoir les côtes d’Irlande. Mais une tempête

Weitere Kostenlose Bücher