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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Cian, fils de
Diancecht, et j’appartiens aux tribus de Dana ! répliqua Lug. – De grâce,
implora Balor, ne m’humilie pas davantage ! – Vaines paroles que tout cela !
répliqua Lug. N’est-ce pas t’humilier toi-même que de me prier d’épargner ta
vie ? – Je ne te demande pas la vie sauve, reprit Balor, je te demande
seulement d’exaucer un souhait. – Que veux-tu donc ? – Eh bien,
voici : si tu triomphes de moi et si tu me tues, quand tu me couperas la
tête [73] ,
je te demande de la placer sur ta propre tête. Ainsi, ma valeur guerrière et ma
gloire iront en toi [74] ,
car je ne saurais trouver parmi mes descendants quelqu’un qui jamais me soit
plus cher que toi. – Je suivrai ton conseil, répondit Lug, mais selon ma
conscience. »
    Ils marchèrent l’un contre l’autre, animés d’une égale
fureur. Ils se blessèrent le corps en maniant l’épée, en brandissant leurs
lances, et le combat fut acharné, mais Balor, affaibli, finit par s’écrouler.
Alors Lug lui trancha la tête.
    Sur ce, il s’éloigna, portant sa dépouille par les cheveux,
et vint la déposer sur le fût d’un pilier de pierre qui se trouvait à
proximité. Mais elle n’y demeura guère, car sa chaleur était si intense qu’elle
fit éclater la pierre en quatre fragments avant de tomber à terre. Alors, Lug
la plaça sur la fourche d’un coudrier et revint auprès du corps de Balor.
« Vraiment, dit-il, le conseil que tu m’as donné n’était guère amical. Si
je l’avais suivi, ma tête aurait subi pire que le pilier de pierre. » Et,
là-dessus, il repartit, emportant la tête de Balor.
    Des Fomoré massacrés ne subsistaient plus guère que leurs
poètes. Ils adoptèrent l’aspect de pierres et de piliers dans la plaine. Mais
Lug alla vers eux et les menaça sous cette apparence. Aussi reprirent-ils leur
forme humaine et Lug leur promit de leur faire grâce s’ils lui révélaient les
pertes exactes des Fomoré. « Je ne sais pas le nombre des esclaves et des
plébéiens qui sont tombés, répondit l’un d’eux, mais je sais celui des
seigneurs, des nobles champions, des fils de rois et des grands rois des
Fomoré : c’est cinq mille soixante-trois. Quant au nombre des plébéiens et
des esclaves qui accompagnaient les nobles et les chefs, car tous les chefs
étaient venus avec leurs gens, je ne pourrais dire que celui de ceux que j’ai
vus tomber de mes propres yeux : c’est trois mille six cent vingt-sept. Quant
aux autres, ceux qui ont péri hors de ma vue, jusqu’à ce qu’on compte les
étoiles du ciel, les grains de sable de la grève, les gouttes de rosée dans la
prairie, les grêlons dans la tempête, nul ne saurait les dénombrer. »
    Comme Lug au Long Bras quittait les poètes et retournait
vers les tribus de Dana, il aperçut soudain Bress, fils d’Élatha, qui tentait
de se cacher derrière un rocher. Il bondit aussitôt vers lui et le menaça de
son épée. « Maudit sois-tu ! s’écria-t-il. C’est par ta faute que
nous avons souffert l’oppression des Fomoré et que nous avons dû livrer cette
sanglante bataille ! – Mieux vaut m’épargner que me tuer, dit Bress. –
Vraiment ? répondit Lug. Où serait l’avantage de t’épargner ? – Si
l’on m’épargne, je ferai en sorte que les vaches d’Irlande aient toujours du
lait en abondance. – Je vais demander à nos sages ce qu’ils en pensent »,
répondit Lug.
    Il alla trouver Mailtné au grand jugement et lui répéta ce
que lui avait dit Bress au sujet des vaches d’Irlande. « Doit-on
l’épargner pour cette raison ? demanda Lug. – Non, répondit Mailtné, car
il n’a aucun pouvoir sur les vaches d’Irlande ni sur la quantité de lait
qu’elles peuvent donner. » Lug revint donc vers Bress. « Ce n’est pas
cela qui pourra te sauver, lui dit-il, car tu ne peux rien sur la vie des
vaches ni leur production. » Bress prononça une incantation magique.
« Y a-t-il autre chose qui puisse te sauver ? reprit Lug. – Oui,
certes, dit Bress. Si l’on m’épargne, il y aura toujours une moisson par saison
dans toute l’Irlande. »
    Lug alla de nouveau consulter Mailtné. « Doit-on
épargner Bress, demanda-t-il, s’il assure aux hommes d’Irlande une moisson de
blé par saison ? – Non, répondit Mailtné, car voici ce qui se passe :
nous avons le printemps pour labourer et pour le semer, le commencement de
l’été pour que le blé se fortifie et mûrisse, le commencement de

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