Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
qui se mit en route
avec l’escorte de Dagda. Ils atteignirent le Tertre de Uaman et, après y avoir
affronté les gens d’Éthal Anbual, ils pénétrèrent dans le tertre et le
saccagèrent. Tant et si bien qu’au moment de s’en retourner, ils emportaient
soixante têtes de guerriers, et Éthal Anbual était leur captif.
    Aussitôt dans la forteresse de Cruachan, Ailill dit à Éthal :
« Donne ta fille au fils de Dagda. – Je n’en ferai rien, répondit Éthal
Anbual. D’ailleurs, le voudrais-je que je ne pourrais, car le pouvoir qui est
sur ma fille est plus grand que le pouvoir que j’ai sur elle. – En quoi
consiste donc ce pouvoir qui est sur elle ? demanda Ailill. – Ce n’est pas
difficile : elle est soumise à un sortilège. Pendant une année entière,
elle est sous la forme d’un oiseau, l’année suivante la revoit sous la forme
humaine, et nul ne peut changer cela. – Fort bien, dit Ailill. Et quelle année
est-elle sous la forme d’un oiseau ? – Il ne m’appartient pas de la
trahir », répondit Éthal.
    Alors, Ailill s’emporta et, tirant son épée hors du
fourreau, il la brandit au-dessus d’Éthal Anbual. « Tu perdras la tête si
tu ne parles pas ! s’écria-t-il. – Je vois que je ne peux faire autrement
que de parler, soupira Éthal, car vous êtes tous décidés à me tuer. Sachez donc
qu’à la prochaine fête de Samain , elle sera sous forme
d’oiseau au lac Bel Dracon. Autour d’elle sera rassemblée une merveilleuse
troupe de cygnes. Tous seront sur le lac, mais on pourra leur parler depuis le
rivage. En revanche, qui voudrait les approcher ne pourrait y parvenir sous la
forme humaine. – C’est bon, intervint Dagda, je sais maintenant ce qui doit
être fait. »
    La paix fut alors conclue entre Ailill, Dagda et Éthal
Anbual, et celui-ci remis en liberté. Puis, Dagda et son fils retournèrent à
Brug-na-Boyne. Le Mac Oc était maintenant tout heureux, car il se savait près
d’obtenir la belle qui lui avait pris le cœur et dont l’absence le martyrisait.
    Le soir avant la fête de Samain , il
s’en alla donc sur les bords du lac Bel Dracon, et son père l’accompagnait. Il
s’approcha de l’eau et vit une merveilleuse troupe d’oiseaux blancs qui,
paisiblement, croisaient sur le lac, reliés entre eux par des chaînes d’argent,
et couronnés de boucles d’or. Angus, sous sa forme humaine, appela la jeune
fille par son nom. Alors, l’un des oiseaux vint vers lui. « Qui
m’appelle ? demanda-t-il. – C’est Angus, fils de Dagda, qui t’appelle.
Viens avec moi, Caer, je t’en prie, car mon amour pour toi est si grand que je
ne pourrais vivre un instant de plus si tu ne m’accompagnes dans ma demeure. –
Je ne saurais suivre quiconque est sous la forme humaine », répondit
l’oiseau en s’éloignant.
    Alors, Dagda toucha son fils avec une baguette magique et
druidique, et le Mac Oc prit aussitôt l’aspect d’un cygne majestueux.
« Belle Caer ! cria Angus, pourrais-tu venir avec moi
maintenant ? – Je le pourrais assurément, mais à condition que tu me
promettes, sur ton honneur, de me laisser revenir demain sur le lac. – Je te le
promets », répondit Angus, avant de s’élancer vers elle.
    Cette nuit-là, ils dormirent ensemble sous la forme de deux
cygnes et, le lendemain matin, ils firent plusieurs fois le tour du lac et s’y
posèrent longuement. Puis ils s’envolèrent dans le ciel, toujours sous la forme
d’oiseaux blancs, et ils parvinrent à Brug-na-Boyne. Là, dès qu’elle fut sur la
terre ferme, Caer reprit sa forme humaine : elle était plus belle que
jamais, et Angus se trouvait au comble du bonheur. Ils se mirent à chanter tous
deux la douce musique des palais féeriques, et tous ceux qui entendirent cette
musique s’endormirent pendant trois jours et trois nuits. Et la fille demeura
désormais avec Angus dans le palais de Brug-na-Boyne.
    C’est depuis ce temps-là qu’une grande amitié lia Ailill et
Maeve, roi et reine de Connaught, et Angus, le Mac Oc, dernier fils de Dagda.
Et les gens des tribus de Dana, tout comme les Fils de Milé, se réjouirent
tous, tant et si bien que leurs poètes firent de cette histoire de très beaux chants
et des récits émouvants. [93]

CHAPITRE IX

Démons et merveilles
    Les hommes de Connaught étaient un jour rassemblés près du
Lac des Oiseaux, dans la plaine d’Aé, et on avait préparé pour eux un grand
festin qui dura toute la nuit. Au petit matin, ils

Weitere Kostenlose Bücher