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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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île pour savoir s’il existe une jeune fille qui ait
l’apparence de celle qu’Angus nous décrit. Le seul moyen de le guérir est de la
découvrir et de la ramener au chevet d’Angus. »
    Boann promit à Fingen de se mettre immédiatement en quête de
la belle à travers toute l’Irlande, mais elle eut beau, un an durant, en
parcourir les provinces, interrogeant les uns et les autres, qu’ils fussent des
tribus de Dana ou des Fils de Milé, elle ne découvrit aucune jeune fille qui,
de près ou de loin, ressemblât à celle qu’avait décrite le Mac Oc. Elle revint
donc à Brug-na-Boyne fort désemparée et, à nouveau, fit appel à Fingen.
« Je n’ai trouvé personne, dit-elle, et je suis très angoissée quant au
sort de mon fils. Que faire à présent ? – Eh bien, dit Fingen, puisque sa
mère elle-même n’a pu trouver de remède à ses maux, qu’on envoie chercher Dagda
pour parler à son fils. Il appartient maintenant au père de tenter quelque
chose pour sa guérison. »
    Des messagers furent donc envoyés vers Dagda. Celui-ci leur
souhaita la bienvenue et leur demanda quel bon vent les amenait.
    « Hélas ! répondirent-ils, il s’agit de sauver ton
fils, et c’est Boann, sa mère, qui te prie de venir au chevet d’Angus, car il
est bien malade. »
    Or, comme Dagda se hâtait vers Brug-na-Boyne, Boann vint
au-devant de lui et lui souhaita la bienvenue. « Il faut que tu conseilles
ton fils, lui dit-elle. Il est atteint d’une trop pénible langueur pour agir
lui-même de son plein gré, et nous ne saurions le laisser périr ! Aide-le,
je t’en prie. Il aime d’amour une jeune fille qui vient le visiter chaque nuit,
mais qui s’enfuit dès qu’il se réveille. J’ai parcouru l’Irlande en tous sens,
toute une année, pour tenter de la retrouver, mais tous mes efforts ont été
vains. Que faut-il donc faire pour lui, sage Dagda, que lui conseiller ? –
À quoi servirait-il que je lui parle ? s’écria Dagda. Je n’en sais pas
plus long que toi. – Certes, reprit Boann, mais tu es le plus sage et le plus
écouté de tous les chefs des tribus de Dana. Envoie, de ta part, consulter
Bobdh Derg, ton fils aîné, puisqu’il est notre roi suprême. Lui saura mieux que
quiconque comment il convient de secourir le Mac Oc. »
    Dagda dépêcha donc des messagers vers le Tertre de Femen où
résidait alors Bobdh Derg, qui les accueillit avec bienveillance. « Soyez
les bienvenus dans ma demeure, chers serviteurs de mon père Dagda, leur dit-il.
Quel motif vous amène ici ? – L’inquiétude où nous plonge Angus, fils de
Dagda, répondirent-ils. Voilà deux ans qu’il est malade d’avoir vu une jeune
fille pendant son sommeil, et cette vision lui a fait perdre la santé. Or, nous
ne savons pas où se trouve, en Irlande, la belle merveilleuse qu’il aime
d’amour et qui lui joue de douces musiques chaque nuit. Aussi te
conjurons-nous, ô roi, de la part de Dagda, de faire chercher dans toute l’île
cette incomparable beauté. – Allez dire à Dagda, mon père, répondit Bobdh Derg,
que je la ferai rechercher, mais que je demande un délai d’un an pour la
retrouver. »
    À la fin de l’année, les mêmes messagers se présentèrent
donc à nouveau chez Bobdh Derg, au Tertre de Femen. « J’ai exploré toute
l’Irlande, leur dit le roi, et je commençais à désespérer de tout quand j’ai
découvert, au lac Bel Dracon, la jeune fille que vous cherchez. Allez en porter
la nouvelle à Dagda, et ajoutez que je suis prêt à conduire Angus à ce lac pour
lui permettre de reconnaître celle qu’il a vue pendant son sommeil. »
    À la hâte, les messagers regagnèrent la résidence de Dagda.
« Nous avons de bonnes nouvelles, dirent-ils. On a retrouvé la jeune
fille ! Et Bobdh Derg te mande qu’il est prêt à recevoir Angus et à le
conduire auprès d’elle pour lui permettre de la voir et de la
reconnaître. »
    On emmena donc en char Angus jusqu’au Tertre de Femen, et un
grand festin lui fut offert par Bobdh Derg en guise de bienvenue. Au bout de
trois jours et trois nuits de festivités, Bobdh Derg dit enfin : « Il
est temps maintenant de nous rendre au lac Bel Dracon. Il faut que tu voies la
jeune fille pour savoir si elle est bien celle que nous avons trouvée. »
    Ils partirent donc pour le lac Bel Dracon et, entre les
collines, aperçurent un étonnant spectacle : car il y avait là cent
cinquante jeunes filles, toutes plus belles les unes que les

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