Les cons
plutôt que d'aller à l'église. On avait quand même une heure d'avance, on s'est posés sur le green de Camberwell.
Bon, je suis pas aveugle, y avait moyen de serrer. Mais qu'est ce que tu fait, pour franchir le pas. Les : « et au fait, t'es attirée par moi ? » dont je suis coutumier, c'est une assurance de vent (encore qu'avec elle)... Tu vas pas forcer quelque chose, il faut attendre le bon moment. Et il commençait à se faire attendre, le bougre. D'autant que la petite, y a trop moyen qu'elle soit en train de se dire : « Garçon, je vais pas attendre que tu te bouges toute la journée. Si dans 5 minutes c'est pas emballé, je te raye de ma liste ». Mais y a pas eu de détonateur alors...
Le même matin au réveil, un de ces matins de béquille, dans mon demi-sommeil je m'étais fait des films (+18 ans) sur elle. Ça avait un peu évolué et j'avais eu deux trois idées de vers intéressants. Avant que la pensée ne s'évapore, j'avais bondi sur mon carnet. Et en fait ça a pas mal développé, et j'ai fini par pondre un poème de 14 vers (mon standard c'est quatre) dont le thème était son corps uniquement. Je me disais que si elle devait le lire un jour, elle aurait pas besoin de savoir ce que je pense de sa personnalité, vu qu'on a déjà beaucoup discuté ensemble et qu'elle sait bien que je l'apprécie en tant qu'être humain. Donc, juste la viande.
Je sais bien que seul un pourcentage inférieur à 1 de mes poèmes donne une réaction positive. Et un pourcentage égal à zéro m'a rapporté une réponse sexuelle quelle qu'elle soit. Mais faut que vous compreniez à quel point elle est pas normale la petite. J'y croyais trop. En plus c'est pas comme si elle avait pas envie aussi. Je me disais que si elle s'écroule de rire, ça prouve plutôt qu'elle en vaut pas la peine.
Au milieu d'un blanc, complètement hors sujet, je lui ai expliqué ma petite habitude de distribuer des poèmes dans la rue. « Et tiens, justement j'en ai fait un ce matin au réveil. J'étais trop en chien ». Et je le lui lit. Au début elle a pas comprit que c'était sur elle. La honte ! Il a fallu que je le lui dise. Je savais plus où me mettre. Il aurait fallu que je lui prenne la main ou un truc gay dans le genre, mais justement, les trucs gays ça me lourde. Alors y a eu un gros blanc. Je moulinais dans le rouge pour trouver un sujet de conversation de secours, mais j'avais le pross un peu buggé par mon embarras. C'est elle qui a été obligée de m'embrasser.
Et boum, après des mois et des mois de misérabilité, je me serre deux meufs différentes en quatre jours. À ce moment là, j'ai touche le plafond de l'échelle d'Épicure.
Je pense pouvoir dire maintenant sans casser le suspense que ce week-end fut le meilleur que j'aie jamais passé depuis mon arrivée dans ce purgatoire. Et je doute d'en passer un meilleur avant mon départ, et avant longtemps ; même sur le continent.
Aéroport de Luton.
Anna est entrée dans le hall d'arrivée, l'air de rien, les mains dans les poches, un petit sac jeté sur l'épaule et d'un seul coup, la température moyenne dans le bâtiment a monté d'un demi-degrés. Dans son petit sac elle avait toutes ses affaires, son duvet, une bouteille de champagne de papa et une bouteille de martini duty-free. Aaargh que ça faisait longtemps que j'avais pas mis la main sur autant de taquet, d'efficacité, de gravité concentrés. Déjà quand on se voit toutes les semaines, c'est difficile d'en placer une. Et là on avait beaucoup de trucs à se dire. On s'est mis en position « play » tous les deux au même moment et il en a résulté une cacophonie d'information disparate indécryptable pour le non initié. Pour nous, c'était comme un transfert de donnée.
J'ai commencé à explorer la partie supérieure de l'échelle de dépassement d'échelle.
Y a un français qui s'est approché de nous à l'aéroport. « Excusez moi, vous savez comment on fait pour aller là ? » Brodsbury park, où un truc dans le genre griffonné sur une demi page de carnet. « Non, mais c'est pas grave, on t'emmène. J'ai une carte dans la voiture ».
Après avoir déposé le petit, on reprend la route vers Londres. Elle m'a expliqué un peu sa situation matrimoniale. Greg fait l'année prochaine à Paris, elle à Tarbes. Du coup, leur rupture est programmée pour Septembre prochain. Elle, elle prend
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