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Les cons

Les cons

Titel: Les cons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Julien Boyer
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plus loin, elle passait sur un petit pont enjambant un petit torrent. On était à court d'eau alors on a fait une pause. En plus, par une bizarrerie topographique, c'était le premier coin à l'abri du vent depuis plus longtemps que la durée de ma mémoire tampon.
        Pour arriver à la petite cascade où je voulais faire le plein il fallait sauter le torrent. Pas de rochers et le saut était long. J'ai réussi mon saut de justesse, mais je pensais qu'elle y arriverait pas. Cette ourse : « Je m'en fous, je saute, et on verra bien ce qui arrivera ». Elle a couvert les ¾ de la distance et s'est ramassée dans l'eau. Le fond était super glissant donc, à la fin d'un beau soleil, elle est retombée dedans en plein sur le cul. Magnifique. Elle en était morte de rire. Quelle classe.
        Une fois que j'avais rempli la poche, je me suis dit que c'était pas juste qu'elle soit trempée et pas moi. Surmontant ma répulsion naturelle pour l'eau froide. J'ai tèj toutes mes fringues sauf mon calebute devant ses yeux médusés (elle aussi vient d'un pays chaud). Et je suis rentré en vociférant dans le petit bassin de la cascade. Quand j'en étais aux cuisses, elle a décidé de me rejoindre. Comme elle avait pas de soutien gorge et un seul T-shirt sec, elle y est allé topless, et puis tant qu'à faire, elle a aussi tombé le slip. Comment vous voulez que j'en tombe pas amoureux ?
        On est allés sous la cascade, c'était glacial. Le plus drôle c'était les bagnoles qui passaient sur le pont au ralentit, le conducteur avec la bouche ouverte devant ce spectacle tellement incongru. Pauvres britains, pour un peu ils nous auraient fait un infarctus.
        On s'est séchés avec mon t-shirt et on est allés se fumer une clopasse dans la clairière adjacente. Dans le silence et le calme pour la première fois depuis un bon moment. Et puis hit the road.

        Mardi 1er aout 2006
        Arrivés à la voiture, je me suis changé, j'avais laissé des fringues propres sur place (vieux réflexe de randonneur). Du coup, avec le bain, je me retrouvais tout frais. On a pris la route vers Birmingham, on ne s'est arrêtés que pour faire quelques pas sur le gros viaduc romain que j'avais traverse la fois d'avant avec Yohann.
        Ça nous a pris 3 heures d'arriver. Évidemment on était nazes. Y avait personne à la maison, mais le temps que je fasse à bouffer, Paul est rentré. Il voulait nous trainer dans un bar où y avait un concert, on était trop morts. À la place on a maté « les triplettes de Belleville ». J'ai traduis en live les trois lignes de dialogue du film. Paul est monté dormir en haut, par terre à coté du lit parce qu'il y avait Bogusna dedans. Quelle conne j'te jure !
        Nous en bas, on a baisé dans le silence le plus total, ce qui y rajouté une dimension intéressante.
        Le matin, je me suis levé comme un robot pour aller à la chaine. Je lui ai roulé une pelle d'adieu. Et, comble de l'anti-romantisme, j'ai fait demi-tour devant l'ascenseur, retourné dans l'appart pour lui rappeler qu'elle me devait 15 €. Elle qui croyait que j'étais revenu pour l'embrasser encore une fois.
        Le con, le con, le con !

        Vendredi 4 aout 2006
        Évènements remarquables de la semaine:
        * Bogusna nous a signifié sa décision de quitter l'appart pour aller habiter avec son nouveau mec. Elle est majeure, je crois, alors elle fait ce qu'elle veut. Ça m'arrange d'autant plus que je la trouve très conne. Je sais que Paul peut nous trouver un polonais de remplacement en moins de dix minutes. Mais ni lui ni moi n'en avons envie. Alors...
        * J'ai pris en main la recherche d'un nouveau colloc. De préférence « une » vu que c'est mieux d'avoir tous les sexes représentés. J'ai posté une annonce sur un site, les gens se bousculent à ma porte. Je m'amuse beaucoup à gérer ça. Je devrais peut être faire dans la ressource humaine.
        * Le départ de Bogusna et la recherche de colloc nous a pas mal rapprochés, Paul et moi. On s'éclate bien, c'est coule.
        Sinon je suis de plus en plus véner de la situation avec Ramya. On sait pas quand on va se revoir. Elle, elle galère avec son déménagement, ses plans, ses parents qui viennent, elle a plus une seconde. Moi je suis cloué à Birmingham avec ce job de merde que j'y chie à la gueule.

        Liberté – esclavage
        Le jour de l'abolition de l'esclavage, on a dit

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