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Les contrebandiers de l'ombre

Les contrebandiers de l'ombre

Titel: Les contrebandiers de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurie McBain
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Marlowe, parce que le passé, c'est ce que vous êtes aujourd'hui ! Une partie de vous. En plus, où est le passé, où est le présent ?
    — Par Belzébuth, je n'ai jamais vu de visages plus tristes, s'exclama Fitzsimmons. N'avez-vous jamais lu l'Ecclésiaste ? « Un homme n'a pas mieux à faire sous le soleil que de manger, de boire et d'être joyeux. » Alors ? On a la boisson, la nourriture, donc soyons joyeux, les amis ! Si vous croyez que je vais me laisser couper l'appétit par vos trombines d'enterrement !
    Il plongea les dents dans une portion de fromage.
    — Ouais, c'est à voir, grogna Kirby en s'emparant de son couteau.
    L'Irlandais aurait plutôt dû citer Isaïe. « Même les galériens ont besoin d'un dernier repas. » Il engloutit un morceau de porc arrosé d'une gorgée de bière. Kirby jeta un coup d'oeil vers la porte d une salle, au fond d'un corridor obscur, où dînaient, à l'écart de la foule, le capitaine du Dragon des mers et lady Rhea. Il se demanda s'ils souffraient aussi du manque d'appétit. Ou bien étaient-ils, comme le sont les jeunes, inconscients du lendemain, et célébraient-ils la fin de cette journée, se moquant bien du vieux Kirby et de ses soucis ?

    Chapitre 2

    — Un autre morceau de tarte aux groseilles, Conny ? sourit lady Rhea Claire.

    — Non, merci, m'lady. J'suis bien près d'éclater dans mon pantalon ! fit le jeune Irlandais en étouffant de la main une éructation.
    Il regarda la jeune femme avec la tendresse d'un agneau.
    — N'oublie pas ton lait, Conny, lui rappela-t-elle une seconde fois.
    Conny renifla à la façon de Kirby quand il n'était pas content.
    — J'm'excuse, m'lady, mais j'n'ai pas vraiment envie de lait. J'ai entendu que c'est pas vraiment bon pour une personne. Par contre, une chope de bière, j'dis pas !
    — Tiens ? Il faudra que j'expose ton point de vue à ma mère et à mon oncle...
    — J'vous demande pardon, m'lady ?
    — Vois-tu, ma mère ne boit que du lait, comme mon oncle Richard. Et ils sont tous les deux en excellente santé.
    — C'est la duchesse, c'est ça, m'lady ? Elle boit du lait ? demanda Conny avec méfiance.
    Il considéra le pichet de lait avec moins d'inquiétude, mais quand même...
    — Pour me faire plaisir, ne voudrais-tu pas en boire, juste un peu ? minauda-t-elle, un léger sourire incurvant ses lèvres.
    Elle l'observa prendre sa respiration et vider le contenu d'un trait, comme tout buveur qui se respecte. Combien il lui rappelait son jeune frère Robin ! Ils étaient tous deux du même âge, ils avaient les cheveux noirs et les yeux bleus. Mais, surtout, ils avaient le même air espiègle, et pas du tout angélique, comme aurait pu le faire croire leur premier abord.
    — Cap'taine, m'lady ? J'peux m'excuser, maintenant ? J aimerais rejoindre mes copains.
    J'crois bien avoir vu m'sieur Kirby passer sur le chemin, il y a une demi-heure. Et j'ai entendu Longacres dans la salle. J'voudrais lui dire un mot.
    — Bien, Conny, va, fit lady Rhea avec compréhension, sachant que jamais Conny ne pourrait se lasser des sornettes racontées par Longacres.
    — Cap'taine, m'sieur?
    — Allez, monsieur Brady, consentit le capitaine. Mais faites attention avec la bière, monsieur Brady !
    — Vous n'aurez plus besoin de moi ce soir ? J'dois passer un message à M. Kirby ? demanda le gosse en se levant de la table parsemée d'assiettes vides et de plats d'étain.
    Conny avait gardé autour du cou sa serviette toute maculée de groseilles.
    — Non, je n'aurai plus besoin de vous ce soir. Et, Conny, rappelez-vous que vous êtes un jeune homme de bien. Vous n'avez plus besoin du consentement de personne, ni de servir qui que ce soit. Ce que vous faites à partir de maintenant est votre affaire personnelle, lui rappela Dante Leighton.
    Le garçon, qui avait passé la moitié de sa vie à bord du Dragon des mers, fut profondément troublé par le discours de son chef. Il resta immobile un instant, puis avec un mouvement d'excuse de ses épaules, il leur souhaita une bonne nuit. Mais, alors qu'il passait la porte, il jeta derrière lui un regard plein de regret pour cette pièce accueillante, avec sa cheminée et ce couple harmonieux et aimant qui le regardait partir.
    Quand la porte se referma enfin, lady Rhea plia soigneusement sa serviette et la plaça devant elle, sur la table.
    — Il me semble si solitaire, parfois. Il aime être avec des matelots et écouter ces histoires anciennes de boucaniers du vieux Longacres, mais

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