Les contrebandiers de l'ombre
demanda-t-elle soudain éveillée. C'est à cause de ce message que t'a donné Alastair, n'est-ce pas ?
— Je ne peux rien te dire maintenant. Mais peux-tu me faire confiance ? lui demanda-t-il en lui caressant les épaules réchauffées par le sommeil.
Rhea resta silencieuse. Dans l'obscurité, il ne pouvait voir l'indécision qui habitait son visage, mais il devait l'avoir pressentie malgré tout, car il chercha ses lèvres dans le noir et l'embrassa tendrement.
— Fais-moi confiance, Rhea. Je ne pourrais rien faire qui te fasse tort.
Elle prit le visage de son mari entre ses mains et l'approcha du sien.
— Je te fais confiance, Dante, bien sûr. Mais cela ne m'empêche pas de me faire du souci pour toi. C'est à cause des contrebandiers, n'est-ce pas ? Faut-il que tu y ailles ? Tu ne peux pas laisser les choses comme elles sont ?
Il se dégagea doucement en l'embrassant sur les paumes des mains, comme elle l'avait fait à Kit.
— Rendors-toi, petite fleur...
Elle entendit le claquement de ses talons sur le plancher, puis ce fut le silence.
— Si au moins je pouvais rêver à autre chose qu'à lui, même quand je suis éveillée ! se lamenta-t-elle.
Elle sauta du lit, s'enveloppa dans son châle et s'installa près du feu après l'avoir ranimé, pour attendre là le retour de son mari.
Chapitre 32
— Le traître travaille tard, commenta Dante, qui dansait d'une jambe sur l'autre pour se réchauffer.
— Il peut se le permettre, répondit sir Morgan dans un souffle.
Il écarta avec précaution les feuilles de la haie derrière laquelle ils se cachaient.
Un homme attendait de l'autre, côté, également avec impatience, au pied d'un vénérable chêne.
— Qu’est-ce qui vous rend si sûr qu'il y aura une réunion ce soir? demanda Dante, que le froid incommodait.
— Il faut savoir les appâter... J'ai laissé comprendre que je serais à Bristol après-demain.
— Il se trouve que c'est la première nuit sans lune. Et qui commande en votre absence, sir Morgan ? demanda Dante.
— Mais le lieutenant Handley, bien sûr ! Du reste, j'ai laissé faire notre vaillant dragon ces derniers temps... Nous n'avons pas arrêté de contrebandiers, mais il a découvert une cache de plusieurs caisses de cognac et de rouleaux de velours dans une ferme abandonnée... sur les terres des Leighton. Cela se présente mal pour vous, capitaine, murmura sir Morgan sans avoir l'air trop soucieux.
Dante s'appuya sur le tronc d'un arbre et considéra ce qui restait de la lune.
— Quelle ironie, n'est-ce pas ? Nous sommes là, ensemble dans la nuit, à attendre un traître qui travaille pour de vulgaires contrebandiers.
— J’y ai pensé, fit sir Morgan.
— J'aurais payé très cher une telle information dans le passé.
— Je sais, mais vous n'avez jamais organisé le meurtre d'un officier du roi, même dans le danger. Sinon, je serais mort depuis longtemps...
— Vous prenez des risques, pourtant...
— C'est curieux : l'ironie dont vous parliez tout à l'heure, ce serait plutôt que vous soyez, lord Jacobi, la seule personne en qui j'aie confiance. En partie à cause du comportement des contrebandiers à Merdraco, certes, mais aussi parce que j'ai appris à vous connaître comme adversaire et à admirer votre savoir-faire. Cela arrive parfois de respecter son ennemi plus que son ami. Je sais depuis longtemps que vous n'agissez pas sournoisement.
— C'est trop d'honneur...
— Alors, si cela vous convient, je souhaiterais vous appeler par votre prénom, suggéra sir Morgan. Les titres, ça devient un peu lourd après un moment.
— Bien sûr. Si vous ne l'aviez pas demandé, je vous l'aurais proposé moi-même.
Leur attention se concentra brusquement sur ce qui se passait de l'autre côté de la haie. Un cheval approchait. A travers la haie, ils virent deux hommes engager une conversation sérieuse. Ces deux hommes étaient Jack Shelby, que sir Morgan et Dante avaient suivi depuis Marleigh, et le lieutenant Handley qui venait d arriver. Sir Morgan aurait été surpris que ce dernier ne se montrât pas.
Les deux interlocuteurs se disputaient, leur conversation était donc clairement audible.
— ... et pas un sou de plus.
— ... sinon, plus d'informations.
— Pas de menaces, vous...
— ... Il fera froid en enfer avant que je traite à nouveau avec vous, monsieur Shelby, rit le lieutenant Handley, surprenant les deux espions derrière la haie par la fermeté dont il faisait preuve.
— Un de
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