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Les contrebandiers de l'ombre

Les contrebandiers de l'ombre

Titel: Les contrebandiers de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurie McBain
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Les commérages sont faciles à répandre, mais difficiles à contenir et durs à supporter. Aucun potin ne meurt entièrement...

    — Oh, vous et vos stupides citations, et vos horribles cheveux roux ! l'interrompit Caroline.
    Les boucles sauvages de l'oncle Richard l'avaient de tout temps indisposée.
    — Caroline ! Veux-tu t'excuser immédiatement ! Ton comportement est inqualifiable ! rugit sir Jeremy.
    — Mais comment oses-tu me parler, à moi, sur ce ton ! glapit-elle, les joues gonflées de colère.
    — Je regrette de n'avoir pas eu l'intelligence de te botter le derrière, il y a des années, jeune femme ! brailla son père, en bondissant sur ses pieds comme s'il allait combler cette lacune à la seconde même.
    —Oooh !
    Dans un grand gémissement d'horreur, Caroline quitta sa chaise en répandant son assiette par terre et disparut dans un frou-frou de satin. Sir Jeremy était trop embarrassé pour rester. Il s'excusa précipitamment, l'œil dans le vague, et suivit sa fille. Le seigneur de Rendale décida que, malgré la curiosité qui le dévorait, il était préférable pour lui de se retirer aussi. Avec son habituelle et peu encombrante politesse, il tira une théâtrale révérence et s’en fut. Francis surveilla le dos de Rendale, surpris que, pour une fois, le solennel seigneur ait compris qu’il était de trop.
    — Une mauvaise surprise pour toi, n'est-ce pas ? demanda-t-il en s'approchant doucement de sa sœur. Je suis désolé que cela se soit passé ainsi. Je pourrais vraiment étrangler Caroline parfois !
    — Cela m'a perturbée, certes, mais seulement parce que je ne m'attendais pas à apprendre une pareille information à propos de Dante. Je n'en crois pas un mot, et j'espère qu'aucun de vous à Camareigh n'y croira, déclara Rhea d'une voix néanmoins tremblante.
    — Je pense que tu devrais poser la question à Dante, conseilla Richard. Il est bon que tu entendes sa version des faits, Rhea.
    Ce disant, Richard se félicita de la maturité qu'avait atteinte Francis au cours de cette année, par rapport à ses cousins. Ce serait bien utile à l'avenir.
    — Je sais et je ne manquerai pas de le faire. C'est étrange, mais Dante m'avait mise en garde contre les commérages désagréables que je viendrais à entendre. Il m'avait fait promettre de lui demander des explications directement à lui, ajouta-t-elle en se souvenant combien il était nerveux durant cette conversation.
    — S'y attendait-il ? murmura Francis.
    Le frère de Rhea commençait secrètement à respecter le capitaine marquis. Il éprouvait une fascination, bien compréhensible à son âge, pour la vie aventureuse de Dante, loin de sa famille et du confort facile d'un foyer. Comme le montrait clairement son comportement depuis qu'il était arrivé, le capitaine était réellement amoureux de Rhea et la traitait parfaitement. Il était malcommode de revenir sur ces observations à la suite de telles révélations.
    Ayant embrassé son oncle Richard, Rhea s'apprêta à prendre congé.
    — Tu vas le rejoindre ? voulut savoir Francis.
    — Oui, mais si cela peut te rassurer, je me ferai escorter par un valet, au cas où Dante déciderait soudain de m'égorger, répondit Rhea.
    Ce ton acide lui était inhabituel.
    — Allons, Rhea ! Je ne voulais pas dire ça !
    Elle ferma les yeux et se décontracta. Elle sourit à son tour :
    — Je suis désolée aussi. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Tout cela m'énerve un peu, parfois.
    Pardonne-moi, Francis.
    — Bien sûr ! Bien sûr !
    Mais il la regarda s'éloigner avec appréhension.

    Dehors, derrière les vitres immenses de la galerie longue, les éclairs illuminaient le ciel comme une cascade de lumière blanche et aveuglante. L'agressif flamboiement éclaira l'espace d'un instant une ombre solitaire, debout devant l'un des portraits. A la lumière des bougies, cette peinture semblait presque médiévale. Les rouges étaient vénitiens, et les jaunes comme l'or antique, tandis que les verts paraissaient aussi sombres que le manteau d'un chasseur.
    Dante continua l'observation de cet Elisabéthain, se demandant quelle sorte d'homme il avait été. Ses yeux, ses cheveux avaient la noirceur des ailes du corbeau. Ses lèvres étaient retroussées dans un léger sourire, alors que son regard demeurait glacé.
    Cet ancêtre était celui qui avait fasciné la petite Rhea. Vêtu ainsi, dans des habits brodés, chamarrés d'or et d'argent, il ne ressemblait guère à un aventurier. Mais

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