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Les contrebandiers de l'ombre

Les contrebandiers de l'ombre

Titel: Les contrebandiers de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurie McBain
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contrebande? Sauf peut-être ce bon capitaine Lloyd, qui sait que je pourrais me livrer à cette activité pour le seul plaisir !
    Cet argument était à deux doigts de convaincre les frères Dominick et Conny en était déjà persuadé. Même Alastair eut un doute, avant de voir le rictus moqueur qui se dessina sur le visage de Dante et l'air exaspéré du vieux Kirby, qui n'aimait pas ce genre de plaisanterie.
    Dante franchit l'arche d'entrée, gardée elle aussi par des dragons de pierre, la main gantée de Rhea dans la sienne, et tirant les chevaux par les rênes, de l'autre main.
    — Venez ! Je vais vous montrer Merdraco !
    La pelouse intérieure était échevelée, hirsute, mangée par les rhododendrons sauvages. Les haies débordaient de partout, et des feuilles à moitié pourries flottaient dans le bassin central, rempli d'eau de pluie puante.
    Un étrange silence régnait dans cette cour, un silence de cimetière ou d'église abandonnée.
    Les herbes folles poussaient entre les pavés et montaient contre la jupe de Rhea. Le claquement des sabots faisait un vacarme d'enfer.
    Si Dante était désappointé par l'apparence de son domaine, il le gardait pour lui. Passant devant les boxes, il lança :
    — Grâce à la générosité de ton père, nous avons le début d'une excellente écurie. J'espère seulement que nous pourrons persuader le jeune Clauson de conserver la charge des chevaux.
    Il connaît magnifiquement son métier.
    — C'est bien naturel, avec Butterick comme maître !
    — Mais je parie que Saunders s'arracherait les cheveux en voyant ces jardins ! s'exclama Robin.
    — Qui est ce Saunders ? Le chef jardinier de Camareigh, c'est ça ?
    Quelques marches menaient à l'entrée de l'édifice. Une lourde porte en chêne massif, richement sculptée, en barrait l'accès. Rhea s'attendait à la voir résister à la poussée de Dante.
    Mais elle s'ouvrit, non sans se plaindre bruyamment. Une épaisse odeur de moisi les saisit à la gorge quand ils entrèrent dans le grand hall sombre.
    Un seul rai de lumière provenait d'un œil-de-bœuf de taille assez réduite, au-dessus de la porte.
    Dans cet espace animé par les générations successives de Leighton, une profanation avait été perpétrée, et le spectacle que le petit groupe horrifié découvrit ne serait pas oublié de sitôt.

    Chapitre 19

    Dante Leighton était totalement abasourdi. Les intrus n'avaient pas seulement violé les portes.
    Le vice et la "méchanceté pure avaient présidé à la ruine de cette maison.
    Le grand hall avait été utilisé par les hommes et les bêtes comme étable. Toutes sortes de saletés et de gravats étaient partout répandus. Près de la monumentale cheminée, le mobilier avait été fracassé pour servir de bois de chauffage : la longue table massive n'était plus, tout comme le coffre profond, orné de créatures mythologiques, où s'était souvent caché le jeune Dante. Les meubles n'étaient plus que des cendres dans l'âtre. Lambris, cimaises et plinthes en bois ouvragé avaient été arrachés des murs, par lambeaux, et à leur place ne restaient que des trous béants. La rambarde du grand escalier qui menait à l'étage avait probablement subi le même sort que les meubles.
    La voix de Conny résonna comme un carillon dans cet espace immense :
    — Ce que ça pue, là-dedans !
    Son air dégoûté et sa déception méprisante blessèrent Dante comme un embrun d'eau glacée et le réveillèrent tout à fait de ce cauchemar. Il se retourna : tous étaient interloqués, immobiles. Le visage décomposé du capitaine était bien plus impressionnant que l'aspect du grand hall. La vie semblait avoir quitté ses yeux. Sentant la pitié des autres dans leur regard, il ferma les paupières. Il ne pouvait supporter la pitié !
    Avec une violence aveugle, il prit Rhea par le bras et l'entraîna dans la lumière de cette matinée bien entamée.
    — Dante, dit-elle en lui prenant la manche de son manteau, je...
    — Je ne veux pas que tu remettes les pieds dans cette maison ! s'écria Dante en respirant bruyamment l'air frais, encore que légèrement réchauffé par les rayons du soleil. Comprends-tu, Rhea ?
    — Mais, Dante, je veux rester à tes côtés. La maison entière n'est peut-être pas dans cet état.
    Cela ne sera pas facile, mais il y a sûrement quelque chose à sauver, j'en suis persuadée !
    répondit-elle avec un optimisme qu'elle voulait communicatif.
    — Tu crois ? répliqua Dante en jetant un

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