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Les Dames du Graal

Les Dames du Graal

Titel: Les Dames du Graal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Pêcheur. Malheureusement, Guenièvre, qui attend impatiemment la visite de son amant, finit par les surprendre en flagrant délit, et prise d’un accès de jalousie furieuse, d’ailleurs fort compréhensible, chasse Lancelot qui quitte la cour pour tomber bientôt dans d’autres pièges, encore plus redoutables, ceux de Morgane {66} .
    La Porteuse de Graal est-elle une prêtresse dévoyée ou une des incarnations de la déesse de l’Amour ? Elle est en tout cas l’image de la Féminité porteuse de lumière, devant laquelle, surtout lorsqu’elle tient dans ses mains la mystérieuse coupe qu’on appelle le Graal, et qui est un emblème sexuel féminin, tous les hommes sont tentés de s’incliner, rendant ainsi hommage à sa beauté transcendante et presque irréelle.

CHAPITRE IV
-
La Fille de Merlin
     
     
    Un seul et unique texte fait mention de la fille de Merlin, celui de ce qu’on appelle la Seconde Continuation . L’auteur est anonyme mais le récit a été longtemps attribué au trouvère Wauchier de Denain. On sait en effet que Chrétien de Troyes a été le premier en date à signaler l’existence d’un graal et à raconter les aventures de Perceval. Il l’a fait sur l’instigation, non pas de la comtesse Marie de Champagne, comme son Chevalier de la Charrette , mais de Philippe d’Alsace, comte de Flandre, dont le père, Thierry, avait trente ans auparavant rapporté de Terre sainte une précieuse ampoule remplie – soi-disant – du sang du Christ. Pour honorer cette sainte relique, Thierry d’Alsace avait fait construire à Bruges une église dédiée au culte du « Précieux Sang ». Ainsi s’explique la commande faite à Chrétien de Troyes : il fallait illustrer ce culte en allant chercher dans la tradition tout ce qui concernait l’existence d’un récipient contenant le sang divin, lequel, selon la croyance juive, était censé véhiculer l’âme de Dieu.
    Mais Chrétien de Troyes n’a pas terminé son Perceval ou le Conte du Graal . On a prétendu qu’il était mort avant d’avoir eu le temps d’avoir achevé son ouvrage. C’est une banalité qu’il convient d’éliminer. Chrétien était d’ailleurs coutumier du fait, car il n’avait pas terminé son Chevalier de la Charrette , laissant ce soin à son confrère Geoffroy de Lagny. Aux XII e et XIII e  siècles, comme l’ont démontré Paul Zumthor, Roger Dragonetti, Charles Méla et les membres de ce qu’on appelle l’École de Genève, les auteurs de romans arthuriens jouent un jeu subtil en amorçant une histoire et en la confiant ensuite à d’autres, à la condition d’y ajouter le plus d’éléments possible. Chrétien de Troyes savait ce qu’il faisait en interrompant son récit, et d’autres conteurs se sont lancés dans l’aventure. Il y a donc eu une Première Continuation , également attribuée à Wauchier de Denain, une Seconde Continuation , puis une Troisième Continuation due au trouvère Manessier, qui est d’un esprit très différent et qui mène les péripéties de Perceval à leur fin logique, enfin une Quatrième Continuation , plus tardive, vers 1225, écrite par Gerbert de Montreuil, auteur du célèbre Roman de la Violette , qui puise abondamment dans la tradition dite de Robert de Boron, autre aspect de la Quête du Graal.
    La Seconde Continuation , qui centre toutes les aventures autour de Perceval, semble provenir d’un archétype commun au Peredur gallois. Certains des épisodes relatés sont d’un archaïsme évident. On y voit Perceval, dans son errance, dialoguer avec un enfant dans un arbre, lequel n’est autre en fait qu’une des apparitions de Merlin. Et cet enfant lui révèle que s’il veut découvrir le chemin qui mène au Château du Graal, il devrait d’abord aller sur une colline au sommet de laquelle se dresse une Colonne de Cuivre. Perceval n’a alors de cesse de découvrir cette colline. Sans hésiter, il gravit la pente et constate que sur le sommet, le vent souffle avec une grande violence. Puis il examine la Colonne de Cuivre.
    C’est une tour bien particulière et tout à fait inattendue : « Celle-ci, recouverte de cuivre poli, semblait haute d’une portée d’arbalète. Quinze croix l’entouraient, de belle dimension. Perceval en demeura saisi : des quinze croix, cinq étaient vermeilles, cinq autres plus blanches que neige tombée sur branches, et les cinq dernières couleur d’azur, toutes au demeurant faites d’une pierre si dure qu’on

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