Les Décombres
Brenner. La sécurité territoriale, la suprématie et la prospérité de la France lui importaient fort peu. Encore moins l’Autriche. Il l’avait condamnée en 1919. Il avait sournoisement précipité sa fin en lâchant et vilipendant ses défenseurs.
Mais la Tchécoslovaquie était sa chose, sa création de choix. J’hésitais souvent devant les explications un peu grosses et populaires d’un événement politique. Mais cette fois, l’erreur eût été de subtiliser. Hitler eût pu exiger sans courir le moindre risque le retour de plusieurs millions d’autres Allemands dans le giron nazi. Il réclamait ses Sudètes, Allemands de la tête aux pieds, en vertu d’un droit des peuples codifié et contresigné par les démocrates eux-mêmes. Mais le droit genevois variait selon les hommes et l’heure autant que la liberté et la justice des républicains. Il n’y avait pas plus de droit des peuples pour les Sudètes que de droits de l’homme pour Maurras en prison.
Nos boutefeux eussent peut-être bien livré sans coup férir deux millions d’Alsaciens authentiques. Mais le dessein de Hitler portait atteinte à un fief élu de la grande maçonnerie. Il menaçait de forcer la porte d’une Loge illustre entre toutes les loges.
La construction tchécoslovaque était manifestement ridicule et branlante. Mais c’était justement la meilleure raison pour que les hommes de toutes les expériences idiotes, des faillites socialistes, des pactes lunaires, des finances de cirque, des avions contre Franco, des sanctions contre le Duce, des tendresses à Staline, des ambassades de Guignol, l’adoptassent comme leur rejeton amoureusement couvé. Il avait fallu un collage laborieux et des spoliations indignes pour donner consistance à cet État chimérique. Mais nos hommes le caressaient comme le chef-d’œuvre de leur traité. Sur leurs cartes, les Allemands le coloriaient du vermillon dévolu aux pays contaminés par le bolchevisme. C’était bien en effet sa nature et sa fonction : au cœur de l’Europe, un instrument choisi du despotisme marxiste, des intrigues, des capitaux, des vetos et des haines du Triangle et d’Israël. Hitler menaçait là quelque chose d’infiniment plus essentiel aux yeux de bien des gens que la plaine d’Alsace ou la vie d’un million de nos fantassins. M. Benès avait fait le grand signe de détresse. Il ne s’agissait plus d’une de ces mésaventures ministérielles qu’on résout avec quelques pelotons de gardes mobiles et deux ou trois assassinats. Le grand branle-bas de combat répondait à l’appel du Frère.
Pierre Gaxotte, jusque-là, parlait peu des Juifs, nous avait laissés seuls tâter de l’antisémitisme, par prudence et parce qu’il ne croyait pas trop aux causes simplifiées, à la Kabbale et aux Couvents. Il disait pourtant : « J’en suis maintenant sûr : s’il y a la guerre, les Juifs en seront pour 80 % les auteurs ».
Les Juifs étaient prêts à la guerre dans l’orbite de leur fidèle sœur la maçonnerie. Ils la voulaient plus expressément encore pour leur propre compte, célinesquement, pour que nous reprissions nous-mêmes « leurs crosses avec Hitler », que nous leur fissions la reconquête de leur Judée d’outre-Rhin où ils avaient si bien cru posséder enfin un de leurs plus beaux royaumes, et qu’ils étaient si parfaitement incapables de réintégrer par leurs seuls moyens.
Les communistes poussaient à la roue avec ensemble, toujours d’un excellent secours pour hâter n’importe quelle catastrophe.
Ce puissant trio avait en mains tout le personnel nécessaire : agents provocateurs, stipendiés de l’écrit et de la parole, créatures dans les Parlements, les Bourses, les Chancelleries. Il disposait d’un cortège de complices nullement négligeables, inconscients ou conscients, chrétiens judaïsants ou démocratisants, glossateurs, chats-fourrés, barbouilleurs de pactes, crétins, quakers, clergymen agrippés à la lettre du droit par myopie juridique, par imbécillité algébrique ou par imbécillité tout court, par soif enfin de la morale pure, ces derniers étant de loin les plus indécrottables et les plus venimeux.
Nous connaissions cette jolie bande par le menu. Nous pouvions affirmer qu’elle comptait au moins six ministres français : Reynaud, Campinchi, Mandel, Champetier de Ribes, Jean Zay et de Chappedelaine : un affairiste international, un avocaillon, un démocrate populaire, un gros bourgeois
Weitere Kostenlose Bücher