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Les Décombres

Les Décombres

Titel: Les Décombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lucien Rebatet
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découvrions que des femmelettes offensées, se dépensant en coups de griffes et cris pointus.
    On voyait ainsi chez nous, dans le seul journal « fasciste » de France, des garçons de trente ans qui en venaient à dire : « Après tout, il n’y a qu’une seule politique habile et tolérable : c’est le radical-socialisme. C’est la politique naturelle des Français. »
    * * *
    Pendant ce temps, Ribbentrop et Bonnet essayaient d’amorcer des pourparlers franco-allemands et échouaient bientôt sous les hurlements des religionnaires de la guerre.
    Nous n’étions plus en mesure de prendre sérieusement parti. Le bellicisme avait désormais sur nous l’avantage de l’initiative et de la liberté stratégique. Nous nous bornions à étaler ses coups. Nous arrivions au bout de notre audace. Il ne nous paraissait plus possible de nous compromettre davantage.
    Maurras, de son côté, tirait de ses amoncellements de paperasses poudreuses ses dossiers de la « duplicité boche ». Il administrait au malheureux Bonnet de hautaines semonces, comme s’il ne s’était passé outre-Rhin depuis Locarno que de négligeables faits-divers.
    Il ne voulait pas se battre avec l’Allemagne, mais il ne tolérait pas qu’un de ses ministres vînt fouler notre sol.
    Étonnante conception de la diplomatie ! Et quand vous êtes ministre français, allez donc gouverner avec une presse livrée sans frein à de telles humeurs !
    Un petit juif [youtre] errant du nom de Grynzpan venait d’assassiner un jeune attaché d’ambassade allemand. Notre ami Darquier de Pellepoix, conseiller du XVII e  arrondissement, fort sympathique risque-tout, fondateur d’un Rassemblement Juif et d’un brûlot de presse, La France enchaînée, avait jugé élégant d’apporter sa couronne sur le cercueil. L ’Action Française poussa les hauts cris et faillit clouer Darquier au pilori. Les gens de la maison déclaraient volontiers : « Que ça soit un Juif ou non qui l’ait tué, ça fait toujours un Fritz de moins. »
    Nous étions presque tous à Je Suis Partout des collaborateurs anciens ou en exercice del ’Action Française. Bon gré mal gré, nous restions attelés à sa carriole. Nous ne connaissions que trop bien l’histoire de ses innombrables exclus, l’impitoyable hargne dont elle les poursuivait, les dégaines de défroqués qu’ils traînaient lamentablement.
    Il ne s’était pas trouvé une plume à droite, qui eût soutenu d’un mot le dernier et le seul espoir de paix viable, assise sur un accord de la France et de l’Allemagne, la paix qui, hélas ! n’osait plus dire son nom.
    * * *
    [Je m’échappais de ces misères en m’enfermant chez moi, nuit et jour avec mes documents juifs. J’en faisais un nouveau numéro spécial, Les Juifs et la France. Je plongeais voluptueusement dans l’histoire immémoriale de leurs tribulations. Je voyais mieux encore combien leur puissance chez nous était insolite et neuve. Ces soixante ou quatre-vingts années laisseraient dans le long cours des siècles de la vie française la trace d’une surprenante erreur. Pour l’expliquer un peu plus tard, pour la rendre croyable, il faudrait remonter longuement et difficilement aux causes enchevêtrées qui déterminèrent une pareille obnubilation de nos esprits, l’assoupissement d’un instinct aussi vif de notre sang.
    Je quittais mes papiers et mes livres. Je repartais à travers Paris. J’y retrouvais, étalés partout, les signes les plus impudents de la souveraineté juive. Les Juifs savouraient toutes les délices, chair, vengeance, orgueil, pouvoir. Ils couchaient avec nos plus belles filles. Ils accrochaient chez eux les plus beaux tableaux de nos plus grands peintres. Ils se prélassaient dans nos plus beaux châteaux. Ils étaient mignotés, encensés, caressés. Le moindre petit seigneur de leur tribu avait dix plumitifs dans sa cour pour faire chanter ses louanges. Ils tenaient dans leurs mains nos banques, les titres de nos bourgeois, les terres et les bêtes de nos paysans. Ils agitaient à leur gré, par leur presse et leurs films, les cervelles de notre peuple. Leurs journaux étaient toujours les plus lus, il n’y avait plus un cinéma qui ne leur appartînt pas. Ils possédaient leurs ministres au faîte de l’État. Du haut en bas du régime, dans toutes les entreprises, à tous les carrefours de la vie française, dans l’économique, dans le politique, dans le spirituel, ils avaient un émissaire

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