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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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tu vas conquérir l’Orient. Personne ne t’égalera dans le monde au
regard du passé comme de l’avenir. Tu seras considéré comme un dieu, et deux
dynasties divines s’uniront en ton fils. Je sais qu’il existe, au sénat, un
projet destiné à te permettre légalement d’avoir une autre femme afin que tu
aies une descendance. Je me trompe ?
    — Cette initiative ne vient pas de moi.
    — C’est un tort ! » Cléopâtre leva les mains
vers le visage de César, qui recula et fixa ses yeux noirs, ardents, sans
piper. « Tu ne comprends donc pas ? reprit-elle. Sans cette loi, ton
fils demeure le bâtard d’une étrangère. Il faut que tu deviennes le roi de Rome
et du monde. Ton successeur doit être ton fils, un vrai fils, le sang de ton
sang. Pourquoi as-tu refusé la couronne qu’Antoine t’offrait le jour des
Lupercales ?
    — Parce que mes ennemis n’attendent que ça pour me
conduire à ma perte, pour me priver des faveurs du peuple et me présenter comme
un tyran. Ne le comprends-tu pas ? À Rome, être roi est considéré comme
une chose exécrable, et de toute façon n’importe quel magistrat romain dans les
provinces a une cour de rois et de princes qui attendent parfois des mois pour
être reçus. Pourquoi César devrait-il souhaiter une condition inférieure à
celle de ses gouverneurs ? »
    La reine baissa la tête et tourna le dos, tandis que des
larmes de rage et de frustration coulaient sur ses joues.
    César repensa alors à la nuit d’intrigues et de trahisons, à
Alexandrie, où on la lui avait amenée en cachette, enroulée dans un tapis.
Cette nuit de siège où toute issue lui était barrée, à lui, le conquérant des
Gaules, le vainqueur de Pompée, prisonnier d’un piège dans lequel il s’était
lui-même fourré. Et pourtant, en la découvrant vêtue d’un lin fin et transparent,
coiffée à l’égyptienne, les yeux ourlés de noir, les cils incroyablement longs,
la poitrine opulente, tout s’était évanoui : les armées qui
l’assiégeaient, la tête coupée de Pompée, les manœuvres de ces petits Grecs
intrigants. Seule cette femme fière et tendre au corps et au visage jeunes, au
regard langoureux, était restée. Jamais il n’avait vu de lueur aussi
troublante, pas même dans les yeux de Servilia, mère de Brutus et sœur de
Caton, sa maîtresse de toujours.
    La voix de la reine l’arracha à ses pensées :
« Que deviendrons-nous, ton fils et moi ?
    — Mon fils sera roi d’Égypte et tu seras jusqu’au jour
de sa majorité une régente protégée, honorée, respectée.
    — Roi d’Égypte ? répliqua Cléopâtre, vexée.
    — Oui, ma reine. Sois-en heureuse. Seul un Romain peut
gouverner Rome. Et ce tant qu’il peut justifier l’ampleur de son
pouvoir. »
    Une pensée désagréable s’insinua dans l’esprit de
César : Cléopâtre n’avait manifesté à son égard que de l’ambition. Rien
d’autre. Certes, il n’attendait pas l’amour d’une reine, mais il se sentait
seul en ce moment, tourmenté par les doutes et les menaces, par la perspective
de la déchéance physique, par la conviction qu’une vertigineuse ascension est
parfois suivie d’une chute brutale.
    « Il faut que je parte, dit-il. Je reviendrai, si tu en
as envie, dès que possible. »
    Il se dirigea vers la porte, qu’un serviteur se hâta
d’ouvrir.
    « Un autre serait beaucoup plus généreux avec
moi », lui lança Cléopâtre.
    César pivota.
    « Tu as sans doute remarqué la façon dont Marc Antoine me
regarde, poursuivit-elle.
    — Non, je n’ai pas remarqué. Mais il se peut que tu
aies raison. Voilà pourquoi Antoine est Antoine, et moi, je suis César. »

 
Chapitre VII
    Romae,
in Foro Caesaris, a.d. VII Id. Mart.,
    hora
undecima
    Rome,
forum de César, 9 mars,
    quatre
heures de l’après-midi
     
    La cérémonie s’était achevée. En sortant du temple de Vénus
Génitrix en compagnie des prêtres qui l’avaient célébrée, César vit Silius
venir vers lui du côté des Rostres. Il s’immobilisa sous le portique, laissant
les prêtres poursuivre leur chemin.
    « Où étais-tu ? interrogea-t-il.
    — J’ai rencontré des amis près du théâtre de Pompée,
répondit Silius, et nous avons bu une coupe de vin ensemble. Penses-tu que
Publius Sextius va nous rejoindre ?
    — Oui. D’après mes calculs, il devrait arriver d’ici un
ou deux jours.
    — Sa mission est donc terminée.
    — Oui, en ce qui me concerne. Mais on ne

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