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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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observa Cimbrus, nous ignorons encore
comment Antoine et Lépide réagiront. Ils pourraient être dangereux. »
    Soudain, Brutus remarqua qu’une sorte de sable fin, impalpable,
était tombé à ses pieds. Il bondit et leva les yeux au plafond, à temps pour
saisir un mouvement.
    C’est alors que retentit un bruit de pas dans le couloir qui
séparait la pièce de la porte de derrière. Cassius Longinus apparut, le visage
émacié et pâle. Il était suivi de Quintus Ligarius, de Decimus Brutus et de
Gaius Trebonius, deux des plus grands officiers de César.
    « Cassius, dit Cimbrus. Je me demandais ce que tu étais
devenu.
    — Lépide a débarqué ce matin sur l’île Tibérine afin
d’y rester. Son emblème a été hissé sur le prétoire. Cela ne peut avoir qu’une
signification : César a des soupçons. Il serait opportun d’avancer notre
action.
    — C’est ce que nous pensons, approuva Casca.
    — Non, rétorqua Brutus. Nous agirons à la date prévue.
Pas de discussion. Et puis nous avons besoin d’un peu de temps pour sonder
Lépide et Antoine.
    — Lépide et Antoine sont des imbéciles, ils suivront,
répondit Cassius. Si on frappe le pasteur, les moutons s’égarent.
    — Les moutons ? interrogea Trebonius. Antoine n’a
rien d’un mouton. Lépide non plus. Ce sont des guerriers, ils ont fait preuve
de courage à plus d’une occasion.
    — En outre, déclara Casca, sonder Antoine et Lépide
nous obligerait à élargir le cercle des initiés, ce qui augmenterait le péril
de fuites. C’est trop dangereux. »
    Brutus s’apprêtait à répliquer quand un regard de Cassius
l’arrêta. Celui-ci affirma :
    « Brutus a peut-être raison. Quelques jours de plus ou
de moins ne font guère de différence. Nous sommes tous très angoissés, voilà
pourquoi nous avons tendance à exagérer un danger qui n’existe pas, ou pas
encore. Ne changeons pas de date. Ce serait compliqué. Je dois encore faire des
rencontres importantes qui, je l’espère, éclairciront la situation. Ce qui
compte, c’est que vous soyez décidés, que nous le soyons tous, certains d’avoir
raison, sûrs de mener à bien une entreprise sacro-sainte. Nous nous sentirons
ensuite libérés d’un poids qui pesait sur notre conscience d’hommes libres. Pas
de doute, pas d’hésitation, pas d’incertitude. Le droit est de notre côté, tout
comme la loi et la tradition des pères qui ont fait de nous des hommes grands
et invincibles. César a triomphé sur le sang de ses citoyens massacrés à Munda.
C’est un sacrilège qui doit être expié par la mort. »
    Gaius Trebonius prit alors la parole. Ce vétéran de la
guerre des Gaules avait mené le siège de Marseille et la répression en Espagne
contre les partisans de Pompée, trois ans plus tôt. « Arrête, Cassius,
épargne-nous tes exhortations patriotiques ! Nous avons tous été ses
fidèles compagnons ou les fidèles exécutants de ses ordres, nous avons tous
accepté nos nominations aux rangs de préteurs, de questeurs, de tribuns de la
plèbe, certains d’entre vous, graciés, ont préféré demeurer en vie,
contrairement à Caton. Quintus Ligarius a même été gracié deux fois, un vrai
record. Où es-tu, Ligarius ? Montre-toi. »
    L’intéressé avança, le visage sombre. « Et alors ?
Je suis resté fidèle à mes convictions. Je n’ai pas réclamé le pardon de César.
C’est lui qui m’a épargné.
    — Il aurait épargné Caton, mais Caton a préféré se
donner la mort plutôt que de se retrouver dans une telle situation. Dites-moi,
mes amis, vous sentez-vous animés par les nobles intentions que Cassius vient
de nous rappeler ? S’agit-il vraiment des bonnes raisons ? Je ne crois
pas. Et pourtant, nous souhaitons sa mort. Certains d’entre nous, par fidélité
à Pompée. Mais Pompée n’existe plus, il a été tué. Par un petit roi égyptien,
un fantoche qui n’aurait pas duré trois jours sans notre bénédiction. D’autres
se croient en devoir de défendre la légalité républicaine. Mais chacun d’entre
nous obéit à un motif plus profond et plus vrai. Chacun d’entre nous pense que
César ne mérite pas tout ce qu’il possède, qu’il nous le doit, qu’il n’aurait
rien pu faire sans nous. Qu’il possède la gloire, l’amour de la femme la plus
fascinante de la Terre, le pouvoir sur le monde entier, et que nous avons,
nous, les miettes tombées sous la table, que nous sommes comme des chiens
auxquels il jette

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