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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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cavités du
pavage.
    L’intérieur consistait en un antre fumeux, dont le plafond
bas était soutenu par des poutres irrégulières. De la fumée et des étincelles
s’élevaient d’un foyer rond vers une ouverture dans le toit, par où la pluie
coulait en faisant crépiter les braises. Un vieillard à la barbe blanche et aux
yeux voilés par la cataracte remuait une cuiller en bois dans une marmite.
L’homme ôta sa cape trempée et la posa sur le dossier d’une chaise, près du
feu.
    « Il y a de la polenta d’épeautre et du vin rouge,
grogna le vieillard sans se retourner.
    — Je n’ai pas le temps de manger. Je dois atteindre au
plus vite…
    — Mustela, c’est toi, si je ne m’abuse.
    — Tu n’y vois presque plus, le vieux, mais tu entends
encore bien.
    — Que veux-tu ?
    — Atteindre la maison aux cyprès le plus vite possible.
C’est une question de vie ou de mort.
    — Nous avons un bon cheval, Mustela. Le tien doit être
épuisé.
    — Ne me fais pas perdre de temps. Tu connais une autre
route.
    — Le raccourci.
    — Pas suffisant. La plus rapide.
    — Elle est chère.
    — Combien ?
    — Deux mille.
    — J’en ai moins d’un tiers, mais, si tu m’indiques le
chemin, tu en auras le double dès que cette histoire sera terminée.
    — Pourquoi es-tu si pressé ?
    — Tu veux cet argent, oui ou non ? Je te garantis
que tu auras quatre mille.
    — D’accord. »
    Mustela tira une bourse de sous son manteau. « Je te
les verse sur la table ou nous nous mettons à l’écart ? »
    Le vieillard abandonna sa cuiller dans la marmite et se
dirigea vers le garde-manger, faiblement éclairé par une lampe fumeuse qui
brûlait du suif. Mustela renversa sa bourse sur une table : des pièces de
monnaie en argent qui avaient très peu circulé.
    « Compte-les. Il y en a cinq cents, ou un peu plus. Je
ne garde que le minimum nécessaire. Dépêchons-nous, malédiction ! »
    Les deux hommes regagnèrent la pièce principale. Le
vieillard appela le palefrenier pendant que Mustela récupérait sa cape, tout
aussi trempée qu’avant, mais un peu plus chaude. Ils furent accueillis dans la
cour par un coup de tonnerre qui semblait annoncer l’effondrement de la voûte
céleste.
    « Tu n’auras pas besoin de ton cheval, dit le
vieillard. Je le garde en gage.
    — Que vas-tu faire de tout cet argent ? marmonna
Mustela entre deux coups de tonnerre.
    — J’aime le toucher. »
    Le serviteur apparut. Il brandit sa lampe, éclairant un
sentier tortueux, couvert de feuilles mortes et trempées, sur lequel ils
s’engagèrent. La lumière projetait un reflet sanglant sur les chênes et les
châtaigniers tordus. Le vieillard avançait d’un pas assuré sur le terrain
glissant, comme s’il en connaissait toutes les aspérités et tous les creux,
apparemment guidé par ses doigts de pieds crochus, plutôt que par ses yeux.
    Au bout d’un moment, les trois hommes atteignirent un rocher
couvert de mousse et de ronciers grimpants. Le domestique écarta les branches
d’un prunellier. Une fente courait dans la pierre.
    Le vieillard et Mustela se coulèrent à l’intérieur.
    Il y avait là un étroit boyau et, au fond, un escalier
grossier creusé dans le rocher, usé par le temps et le ruissellement de l’eau.
Ils descendirent en appuyant les mains sur les parois, pas à pas. Les marches
étaient de plus en plus escarpées et irrégulières, mais une corde passant à
l’intérieur de trous pratiqués dans les saillies de la roche compensait la
difficulté de la descente. Un bruit d’eau retentissait dans les entrailles de
la Terre. Bientôt, le boyau déboucha sur un antre au fond sableux, parcouru par
un torrent qui bouillonnait entre des rochers râpeux et de grands blocs de
calcaire.
    « Ce torrent rejoint un affluent de l’Amo »,
déclara le vieillard.
    Mustela lui lança un regard d’effroi.
    « Ce n’est pas ce que tu voulais ? reprit le vieil
homme. Le chemin secret ?
    — En combien de temps ?
    — Ça dépend de toi.
    — Qu’est-ce que ça veut dire ? Il n’y a pas de
barque ?
    — Quand tu ressortiras à l’air libre, tu en trouveras
une entre les saules de la rive gauche. »
    Mustela ne parvenait pas à détourner les yeux de l’eau qui,
à la lueur de la lampe, semblait aussi violente et menaçante que l’onde du
Styx. Le visage ridé du vieillard, souligné par une barbe filasse, évoquait
celui de Charon.
    Il murmura, terrifié : « C’est

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