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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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mourir.
    Soudain, il sentit quelque chose sous son ventre : du
gravier et du sable. Il s’agrippa à une saillie et put reprendre son souffle,
allongé dans une petite anse.
    Hors d’haleine, il essaya de déterminer s’il s’était cassé
un os et de distinguer ce qui coulait de son côté. Il porta la main à sa bouche
et reconnut le goût douceâtre du sang. Se tâtant du bout des doigts, il
découvrit qu’il avait une entaille entre la hanche et ses côtes gauches, pas
assez profonde toutefois pour endommager ses organes.
    Il entendait en amont le ruissellement des cascades qu’il
venait de traverser ; en aval, un gargouillement. Cependant l’obscurité
totale le remplissait d’une incertitude angoissante, d’une terreur panique. Il
ignorait où il se trouvait, quelle distance il avait parcourue et combien de
temps s’était écoulé depuis qu’il avait plongé dans l’eau glacée, lâchant le
dernier appui rocheux.
    Il claquait des dents. Ses membres étaient insensibles, ses
pieds semblables à deux lourds appendices, quasiment inertes ; des
élancements douloureux montaient de ses côtés, ainsi que d’une épaule. Il
recula un peu jusqu’à une sorte de caverne où il se tapit, en proie à une
sensation de tiédeur. Il parvint à tamponner sa blessure en se bandant avec un
bout d’étoffe arraché à son vêtement. Puis il se renversa et s’assoupit,
terrassé par une immense fatigue, plus que par le sommeil.
    Il était tout aussi désorienté quand il se réveilla, mais il
savait qu’il lui fallait poursuivre son voyage dans les entrailles de la
montagne. Il invoqua les divinités de l’Hadès et leur promit un sacrifice
généreux s’il quittait en vie leur royaume souterrain ; après quoi il se
glissa dans le fleuve glacé en se tenant à une protubérance de la roche et
s’abandonna au courant.
    De nouveau, il fut renversé, projeté, entraîné sous l’eau et
rejeté à la surface, si bien qu’il avait le sentiment de se trouver dans la
gorge d’un monstre.
    Puis, peu à peu, le courant perdit en vélocité, le cours
d’eau s’élargit, le vacarme s’atténua. Le pire était peut-être passé, même si
la situation demeurait dangereuse, incertaine.
    Épuisé par le froid, les efforts, la nausée, il se laissa
aller comme un objet inerte. Un long laps de temps s’écoula encore.
    L’obscurité était si dense qu’il fut presque ébloui par une
faible lueur. Était-ce la fin ? Reverrait-il le monde des vivants ?
Revigoré par cet espoir, il se remit à nager au milieu du courant. La voûte de
l’antre où coulait le fleuve souterrain s’éclaira légèrement, annonçant
l’arrivée d’une véritable lumière. De fait, au bout d’un moment, Mustela
aperçut la lune qui brillait dans la nuit.
    Éreinté, transi de froid, il déboucha enfin sous la voûte céleste.
Il gagna une rive basse et sableuse et s’y allongea, privé de toute énergie.
     
     
    In
Monte Appennino, ad Fontes Arni, a.d. VI Id. Mart.,
    ad
finem secundae vigiliae
    Monts
de l’Apennin, aux sources de l’Arno, 10 mars,
    minuit
     
    Ils avançaient sur une piste de plus en plus étroite,
silhouettes noires dans un cercle rougeâtre, au milieu de la blanche étendue
des montagnes. Publius Sextius s’efforçât de compter les bornes qui ponctuaient
le chemin. Craignant une embuscade, il fouillait le sol du regard en quête de
traces humaines.
    Oppressé par la solitude et les soucis, il demanda à son
compagnon de route :
    « Tu ne parles donc jamais ?
    — Si. Quand j’ai quelque chose à dire », répondit
Sura sans se retourner.
    Le centurion se replongea dans ses pensées, notamment les
plus inquiétantes : de mystérieux individus avaient proposé à Marc Antoine
de participer à une conjuration contre César. Il avait refusé, mais sans rien
révéler. Pareille attitude signifiait qu’il appartenait à un seul camp, le
sien, et faisait de lui un homme dangereux. Sans doute pensait-il que si leur
projet était couronné de succès, les conjurés lui seraient reconnaissants de
son silence. En cas d’échec, il ne perdrait aucun avantage. Et le geste des
Lupercales ? S’il était si rusé et si cynique que ça, il n’aurait jamais
commis une telle erreur. Il n’aurait jamais pris une telle initiative.
Peut-être avait-il toujours interprété le rôle du rude soldat qui ne comprend
rien à la politique afin de dissimuler des capacités insoupçonnées. Mais comment
expliquer dans ce

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