Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
Vom Netzwerk:
souhaitait manger dans
l’écurie car il entendait poursuivre son chemin sans tarder. J’ai eu
l’impression que les deux autres échangeaient un signe de complicité…
    Publius Sextius se dressa devant l’homme de toute sa
stature. « Continue…
    — Ils l’ont sûrement suivi. C’est le garçon d’écurie,
venu changer la litière des bêtes, qui l’a découvert. Il m’a aussitôt averti.
Quand je suis arrivé, un peu avant toi, il était déjà froid. »
    Publius Sextius balayait l’assemblée du regard, comme s’il
cherchait un individu sur lequel abattre son bâton de vigne. Mais il n’y avait
là que des visages blêmes de peur et de froid.
    « Nous n’avons rien à voir avec ça, centurion, reprit
l’aubergiste qui avait reconnu l’insigne noueux de Publius. Je peux te
l’assurer. Si tu veux, je rédigerai un rapport écrit que tu pourras remettre au
juge, au village.
    — Je n’ai pas le temps. Dis-moi qui étaient ces deux
types.
    — Des individus peu recommandables, à la mine patibulaire,
probablement des tueurs à gages. Cet homme n’avait aucun objet de valeur sur
lui. Et il semble que rien n’ait été volé dans la sacoche accrochée au
harnachement de son cheval, même si elle a été de toute évidence fouillée. Ils
cherchaient sûrement quelque chose. Ils montaient des bêtes de prix, étaient
bien vêtus, bien chaussés et bien équipés.
    — As-tu remarqué des signes particuliers ?
    — L’un d’eux avait une grande cicatrice sur la joue
droite, l’autre était aussi velu qu’un ours et avait les dents supérieures en
retrait par rapport aux dents inférieures. On aurait dit des gladiateurs.
    — Tu es un bon observateur.
    — Je suis obligé de l’être pour survivre, compte tenu
de mon métier.
    — Où se trouve le bac sur l’Arno ?
    — Par là, répondit l’aubergiste en indiquant une piste
qui descendait vers la vallée. Il te faudra deux heures pour l’atteindre et
traverser si tu arrives à réveiller et à convaincre le passeur.
    — Peux-tu me donner un cheval frais ? Le mien est
épuisé. C’est une belle bête, tu pourras l’utiliser dans quelques jours.
    — D’accord. Peux-tu payer ?
    — Oui, si ce n’est pas trop onéreux. Je dois aussi te
laisser un peu d’argent pour enterrer ce pauvre homme. »
    Publius Sextius négocia rapidement la somme à verser à
l’aubergiste pour le changement de cheval et l’enterrement du déchargeur. La
fatigue et les crampes lui tenaillaient les membres, il avait des ampoules à
l’intérieur des cuisses à cause de sa longue chevauchée, mais il serrait les
dents. Il avait surmonté bien d’autres épreuves. Il se rendit compte au bout
d’un moment que la route descendait. Juste avant l’aube, il entendit le fleuve
qui coulait en contrebas devant lui.
     
     
    In
Monte Appennino, ad rivum vetus, a.d. IV Id. Mart.,
    tertia
vigilia
    Monts
de l’Apennin, au vieux ruisseau, 12 mars,
    troisième
tour de garde, une heure du matin
     
    Rufus, qui s’était libéré non sans mal du zélé Carbon, avait
tenté de récupérer le temps perdu en empruntant un raccourci qui traversait un
bois de châtaigniers. Le passage de nombreux troupeaux lui permettait
d’accélérer l’allure sur ce tronçon en terre battue. De temps en temps, il
heurtait par mégarde un arbre, provoquant la chute d’un monceau de neige, mais
il reprenait aussitôt sa course. La neige fraîche éclairait faiblement la nuit,
et la lune ne tarderait pas à se montrer. Rufus pensait à Vibius, qui filait
sans doute au même moment vers la via Flaminia afin de traverser l’Italie
obliquement. Il avait toujours devancé son compagnon, et c’était encore une
fois son intention.
    Un oiseau de nuit, peut-être un chat-huant, poussa un cri
dans l’immensité silencieuse de la montagne. Rufus prononça une formule pour
conjurer le mauvais sort.

 
Chapitre XIII
    Romae,
in aedibus Bruti, a.d. IV Id. Mart., hora secunda
    Rome,
demeure de Brutus, 12 mars, sept heures du matin
     
    La chambre d’Artémidore était celle d’un rhéteur nourri de
littérature et de philosophie stoïcienne. Sa capsa débordait de rouleaux
étiquetés qui constituaient toute sa fortune et dont il ne se séparait jamais.
Il travaillait dans un fauteuil en bois à l’assise et au dossier de cuir. Sur
sa table trônaient une carafe et une corbeille de gâteaux préparés par une
servante, seule concession hédonique, qu’il s’efforçait de

Weitere Kostenlose Bücher