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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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Cicéron était présent. Cassius de Parme, donc !
Ainsi, le poète tragique comptait abandonner la fiction pour la réalité, se
souiller les mains de sang à l’image des acteurs, sur scène, avec de la
teinture de minium.
    — Hélas, Brutus est inébranlable sur ce sujet, ce que
je ne comprends pas.
    — C’est à cause de Gaius Trebonius, je crois. Ils se
sont vus l’année dernière en Gaule après la victoire de César à Munda. Il s’est
alors produit quelque chose, dont Trebonius n’a jamais voulu me parler.
Peut-être ont-ils noué un pacte réciproque de non-belligérance, ou une sorte
d’alliance. Je l’ignore.
    — Quel est le rapport avec Brutus ? interrogea
Cassius de Parme.
    — Je suis incapable de te le dire. Mais il est
intraitable. Le vieux lui-même ne parviendrait pas à le convaincre. Il ne cesse
de répéter : “Si vous ne le tuez pas, lui aussi, vous le
regretterez !” Il se peut qu’il ait raison.
    — Mieux vaut rejoindre les autres, dit Ligarius. Il
s’est écoulé plus de temps qu’il n’en faut pour pisser. »
    Ils s’éloignèrent. Le cœur serré et les yeux brûlants sous
l’effet des effluves d’urine, Artémidore poussa un soupir de soulagement. Il
attendit que cesse l’écho de leurs pas sur le sol en terre cuite pilée pour se
faufiler hors de sa cachette. Mais il avait eu trop de hâte : l’un des
deux hommes le remarqua.
    Il regagna son cabinet, s’assit et respira profondément,
essuyant son front moite avec la manche de sa tunique.
    Une fois calmé, il tira d’un meuble un récipient rempli de
sel, plongea les mains dans les cristaux blancs et en tira un petit rouleau de
parchemin sur lequel des noms étaient inscrits. Il compléta cette liste :
     
    Cassius de Parme
    Quintus Ligarius
    Rubrius…
    Gaius Trebonius
    Petronius…
     
    Il ajouta à côté : « L’homme qu’ils surnomment “le
vieux” doit être Marcus Tullius Cicero. Mais il n’était pas là. Il pourrait ne
pas être impliqué. »
    Il versa un peu de cendre sur l’encre fraîche, roula le
parchemin et le cacha dans le sel.
     
     
    Romae,
in aedibus Bruti, a.d. IV Id. Mart., hora quarta
    Rome,
demeure de Brutus, 12 mars, neuf heures du matin
     
    « Ta mère est sortie. »
    Portia prononça cette phrase comme s’il s’agissait d’une
sentence de mort. Assis sur une chaise à haut dossier, Brutus avait la tête
entre les mains et le front plissé. Il se leva et posa les paumes sur son
écritoire.
    « Qu’est-ce que cela signifie ?
    — Cela signifie qu’elle a trompé sa surveillance et
qu’elle est sortie.
    — Quand ?
    — Hier soir, au couchant.
    — Où est-elle allée ? poursuivit Brutus d’une voix
atone, inexpressive.
    — Je l’ignore. Le sais-tu ?
    — Comment le pourrais-je ? D’autres pensées
m’occupent l’esprit.
    — Ne vois-tu pas la gravité de cette initiative ?
Ta mère a été pendant des années la maîtresse de César.
    — Tais-toi !
    — Je regrette. » Portia baissa la tête et changea
de ton. « Mais je ne t’ai rien dit que tu ne saches. Ta mère aurait pu
rencontrer César et le mettre en garde, ou lui révéler la conjuration.
    — Ma mère ne sait rien.
    — Ta mère sait tout. Il n’y a pas un seul détail qui
lui échappe. Elle a des yeux et des oreilles dans tous les coins de cette
demeure. La placer sous surveillance n’a fait que la conforter dans ses
convictions.
    — S’il en était ainsi, les tueurs du tyran seraient
déjà à notre porte.
    — Ils en ont encore le temps.
    — Impossible. Jamais ma mère ne me trahirait. »
    Portia lui saisit la main. « Marcus Junius, connais-tu
donc si mal l’esprit féminin ? Ignores-tu qu’une femme ne renoncerait
jamais, pour aucune raison, à sauver l’homme qu’elle aime ?
    — Même au risque de faire tuer son fils ?
    — Ce n’est pas utile. Pourquoi crois-tu que César t’a
épargné après Pharsale ? Pourquoi t’a-t-il protégé avec obstination chaque
fois qu’un des siens réclamait ta tête ?
    — Tais-toi !
    — Par amour pour ta mère. Rien ne l’empêchait, hier
soir, de tout lui révéler en le priant de t’épargner. César aurait accepté. Il
ne lui refuserait rien.
    — Je t’en prie, tais-toi ! répéta Brutus en
réprimant à grand-peine sa colère.
    — Si tu veux. Mais cela n’y changerait rien. Je vais
donc te dire ce que je sais. Tu agiras ensuite à ta guise. »
    Brutus gardant le silence, Portia

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