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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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petite porte secondaire et alla s’asseoir
sur un banc, contre le mur. Quelques instants plus tard, une silhouette
féminine se détacha dans l’entrée. Coiffée d’un voile, la femme avança d’un pas
régulier jusqu’à la statue en marbre grec qui représentait Diane vêtue d’une
tunique courte, munie d’un arc et d’un carquois. Elle déposa des grains
d’encens dans le brûle-parfum.
    César se glissa derrière une colonne. « Servilia… »
    La femme ôta son voile. Bien qu’elle approchât la
cinquantaine, elle était encore envoûtante. Une ceinture haute soulignait ses
hanches, et sa robe décolletée laissait entrevoir une poitrine opulente et
ferme. Seul son visage portait les marques des émotions passées. « Qui
d’autre ? répondit-elle. Cela fait longtemps que nous ne nous sommes vus.
J’en avais envie.
    — Tu as quelque chose à me dire ? »
    L’homme d’État et son ancienne maîtresse étaient maintenant
assez proches pour que leurs souffles se mêlent. Servilia eut une hésitation
avant de déclarer : « Je voulais te saluer, car j’ignore si j’en
aurai encore l’occasion. Le bruit court que tu t’apprêtes à partir pour
l’Orient. Et tu as tant de devoirs, tant de tâches, que tu n’auras peut-être
pas le temps de me recevoir plus tard. »
    César lui saisit la main, qu’il contempla. « Il m’est
déjà arrivé de m’absenter longuement, et tu n’as jamais éprouvé le besoin de me
dire adieu. Pourquoi maintenant ?
    — Je l’ignore. Tu vas affronter une entreprise titanesque
qui t’éloignera pendant de nombreuses années. Je ne suis plus une gamine. Tu
pourrais ne plus me trouver à ton retour.
    — Servilia… Pourquoi ces pressentiments funestes ?
Mes chances de disparaître sont plus nombreuses que les tiennes. J’ai besoin de
paix, mais je suis tourmenté par des visions épouvantables, j’ai froid et…
parfois… parfois, j’ai peur. »
    Servilia se rapprocha au point d’effleurer la poitrine de
César de ses seins. « J’aimerais tant te réchauffer, comme autrefois,
quand tu m’aimais, quand tu ne pouvais te passer de moi, quand… j’étais ton
obsession. Je suis inquiète de te savoir effrayé par ce départ. C’est la
première fois que cela t’arrive.
    — Je n’ai pas peur de partir… J’ai peur de ne pas
partir.
    — Je ne comprends pas.
    — Vraiment ? »
    Servilia baissa les yeux. César caressa la grande perle
noire qu’elle portait entre les seins : elle exhibait ce cadeau d’une
valeur fabuleuse ainsi qu’un soldat affiche une décoration. Il la lui avait
envoyée le jour où il avait épousé Calpurnia afin qu’elle comprenne que cela ne
changeait rien à la passion qu’il ressentait pour elle.
    « Je veux partir, m’en aller. Cette ville m’oppresse.
Je la sens hostile.
    — Plus grand est ton pouvoir, plus forte est la
jalousie. Plus grand est ton courage, plus forte est la haine. C’est
inévitable. Tu as toujours gagné, César. Tu gagneras cette fois aussi. »
    Elle lui effleura les lèvres d’un baiser et se dirigea vers
la porte.
    « Attends. » Le mot avait presque échappé à César.
    Servilia pivota.
    « Tu n’as rien… rien d’autre à me dire ?
    — Si. Que je t’aime, comme toujours et pour toujours.
Bonne chance, César. »
    Elle s’éloigna. Sa silhouette traversait à présent la
lumière rouge du soleil, de l’autre côté de la porte. Elle faillit s’évanouir
dans le halo doré du couchant, mais elle s’immobilisa soudain. Sans se
retourner, l’ancienne maîtresse de César déclara :
    « Écoute les avertissements des dieux. Ne les ignore
pas. Voilà ce que je souhaite te dire. Adieu. »
    Appuyé à une colonne, le dictateur réfléchit à ces phrases
mystérieuses. Servilia connaissait son peu de croyance en les dieux et leurs
avertissements. Qu’avait-elle voulu lui dire ?
    Il ressortit par la petite porte et regarda en direction du
Tibre. Servilia avait disparu. Deux mendiants lui demandèrent l’aumône sans le reconnaître,
un chien lui courut derrière en frétillant puis s’arrêta, épuisé par la faim.
    Plus loin, sur la droite, près de la rive, se dressait un sacellum qui renfermait l’image d’un démon étrusque abîmée par le temps. Comme par
magie, une silhouette enveloppée de gris surgit de ce vieil édicule au moment
où César s’en approchait. Cet homme d’âge mûr, aux cheveux ébouriffés, aux
sandales décousues, serrait dans

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