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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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qu’il avait faite à
Antistius. Il lui manquait encore quelques noms. Un de ses jeunes amants, un
esclave rétribué par quelques pièces, connaissait une fille qui vivait depuis
sa naissance dans la demeure de Tillius Cimbrus, autre personnage fréquentant
la villa de Brutus à des heures insolites. Il espérait ainsi compléter sa liste
rapidement.
    Quand, deux heures plus tard, il fut convoqué par Brutus, il
se sentit mal à l’aise, comme toujours, et intrigué : en temps normal, son
élève respectait les horaires de ses leçons, et cette heure-ci était
inhabituelle.
    Brutus lui annonça qu’il attendait des visites de la Grèce,
un philosophe et son élève, et lui ordonna de ranger la bibliothèque grecque
avant leur arrivée, d’ici quelques jours. Il insista non sans emphase pour
qu’il exécute lui-même cette tâche en prétextant qu’il n’avait pas envie de se
ridiculiser.
    Artémidore répondit qu’il s’y emploierait sur-le-champ.
Toutefois, il ne lui semblait pas que la bibliothèque grecque nécessitât un
soin particulier. Il avait consulté la veille un texte d’Aratos de Soles, et
elle ne lui avait pas paru en désordre. Cela ne lui prendrait sans doute que
quelques heures. Il gagna le côté ouest de la demeure et poussa la porte de la
bibliothèque. Il se figea sur le seuil. On aurait dit qu’une horde de Barbares
était passée par là : les rouleaux gisaient, entassés çà et là ou
éparpillés sans la moindre logique ni règle.
    Sa stupeur se changea bientôt en perplexité et en peur. Il
se mit à l’œuvre de mauvais gré en remâchant des pensées qui n’avaient rien de
rassurant.
     
     
    Romae,
in aedibus Ciceronis, a.d. IV Id. Mart., hora nona
    Rome,
demeure de Cicéron, 12 mars,
    deux
heures de l’après-midi
     
    Un messager se présenta à la porte, annonçant que Gaius
Cassius Longinus se trouvait non loin de là et qu’il demandait à être reçu.
Tiron le pria d’attendre et se rendit auprès de son maître.
    « T’a-t-il dit ce qu’il veut ? interrogea Cicéron,
qui travaillait.
    — Non. J’ai l’impression qu’il souhaite une entrevue
secrète. »
    Cicéron manifesta de l’agacement. Il commençait à mesurer le
faible sens des réalités dont faisaient preuve les conjurés, surtout leur
absence d’organisation et de projet. Cette impression le confortait dans son
désir de demeurer à l’écart d’une entreprise qui risquait d’être compromise à
tout moment. Mais il ne pouvait se dérober à cette demande immédiate. Il aurait
peut-être l’occasion de distribuer des conseils utiles. Il répondit :
    « Dis-lui de venir. Je le recevrai. Mais qu’il entre
par la porte de service. »
    Cassius. Un homme pâle, sec, sombre, au regard gris apparemment
étranger à toute émotion. En réalité, son esprit n’était pas plus ferme que
celui de Brutus, et sa capacité de décision jamais à la hauteur des situations
qu’il avait à affronter. Mais c’était un homme courageux et un soldat
remarquable, ainsi qu’il l’avait démontré pendant l’infructueuse campagne de
Crassus en Orient.
    Cicéron s’efforçait de se remémorer ce qu’il savait d’un
homme avant de le recevoir, même s’il l’avait vu un peu plus tôt. Il n’ignorait
pas en quoi consistait une conjuration. C’était lui, et non Caton comme l’avait
écrit Brutus, qui avait déjoué la tentative de subversion de Catilina, vingt
ans plus tôt. Il s’était agi d’une lutte d’égal à égal jusqu’au dernier moment.
L’affrontement entre les subversifs et les institutions s’était conclu à
Pistoia sur le champ de bataille. Cette fois, le pouvoir était concentré dans
les mains d’un seul homme. Les autres disposaient d’un avantage : être
proches de la victime désignée. Certains comptaient même au nombre de ses amis
intimes.
    Cassius entra, introduit par Tiron, et le salua. La couleur
de son teint et le tremblement de ses mains trahissaient la tension spasmodique
qui l’accablait.
    Cicéron alla à son devant et l’invita à s’asseoir.
    « Nous y sommes…, commença Cassius.
    — Je préfère ne rien savoir. Il vaut mieux que personne
ne soit au courant en dehors des membres de votre entreprise. Cela mis à part,
que voulais-tu me dire ?
    — Que nous sommes prêts et que nous avons réglé tous
les détails. Un seul sujet nous divise : Antoine. Certains d’entre nous,
et ils sont nombreux, le considèrent comme un homme loyal, fiable.

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