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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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En ce qui me
concerne, j’en doute fort. On ne se débarrasse jamais de lui et c’est un homme
redoutable. En outre, je crains qu’il ne soit au courant. »
    Cicéron réfléchit quelques instants en tournant et
retournant entre ses doigts le stylet qu’il avait utilisé un peu plus tôt.
    « Peu importe ce qu’il sait. Il n’a pas réagi jusqu’à
présent et je pense qu’il ne le fera pas. Antoine a ses propres projets qui n’ont
rien à voir avec les apparences. Il est extrêmement dangereux. Si vous ne
l’éliminez pas, votre entreprise sera inutile. Ne l’oublie pas… » Il
observa un silence emphatique avant de conclure d’un ton sentencieux :
« … Antoine doit mourir !
    — Nous le savons, mes compagnons et moi. Mais Brutus
est inébranlable. Marcus Tullius, tu es le seul à pouvoir le convaincre.
Permets-moi de fixer une rencontre entre vous en terrain neutre. Il y a un
endroit abandonné et éloigné dans les horrea près du Tibre… »
    Cicéron l’arrêta d’un geste de la main. « C’est
impossible. Je le regrette. Je ne peux pas être impliqué car ma présence sera
nécessaire dans un second temps. Quant à Brutus, il connaît ma pensée et je
souhaite qu’il finisse par s’en persuader. Tu es toi-même convaincu et, au
fond, cela suffit. »
    Cassius avait saisi le message. Il avait compris aussi que
les conjurés ne pourraient compter sur Cicéron qu’après coup. Voilà pourquoi il
était indispensable de prendre une autre mesure, au cas où quelque chose d’irréparable
se produirait avant le moment fatal.

 
Chapitre XIV
    Romae,
in insula Tiberis, a.d. III Id. Mart., hora decima
    Rome,
île Tibérine, 13 mars, trois heures de l’après-midi
     
    Venu à cheval, Marcus Aemilius Lepidus sauta à terre dès
qu’il eut atteint le sol de l’île. Des licteurs munis de faisceaux
l’attendaient afin de l’escorter à son quartier général, honneur dû au magister
equitum, la deuxième autorité de l’État, après la dictature, dans les
moments d’urgence. Il s’agissait, en réalité, de deux charges extraordinaires
qui se superposaient à celles des consuls régulièrement en service comme chefs
de l’exécutif de la République.
    Antistius l’observait depuis la fenêtre de son dispensaire.
Bien qu’il ne fût plus tout jeune, Lépide était agile et mince. Ses cheveux,
coiffés vers l’avant, dissimulaient une partie de son front. Plus qu’une
coiffure, c’était un pli déterminé par l’usage prolongé du casque pendant les
campagnes militaires auxquelles il avait pris part aux côtés de César, se
gagnant son estime. Son profil était presque celui d’un rapace : il avait
le visage maigre, les joues creusées, le nez aquilin. Quoique différent, il
partageait quelque chose avec César, comme si sa familiarité avec le chef
suprême lui avait transmis par contagion une sorte de marque physionomique. Il
avait revêtu son armure et portait un manteau rouge lacé à la ceinture sur sa
cuirasse en bronze repoussé. Il passa hâtivement en revue le piquet aligné dans
le but de lui rendre les honneurs. Puis il pénétra dans le quartier général.
Ses devoirs de chef militaire et d’homme politique l’attendaient, tout comme
les messages de la journée.
    Antistius ferma la fenêtre et retourna au travail. Il venait
de s’asseoir à sa table afin de relire ses notes de la journée lorsqu’on lui
annonça une visite : Silius Salvidienus ! demandait à le voir. Il se
leva et alla à sa rencontre sur le seuil.
    « Entre et assieds-toi, dit-il avant de réclamer à son
intention une coupe de vin frais et, pour lui, une potion diurétique. Comment
César se porte-t-il ?
    — Cette nuit, il a eu une crise qui n’a pas duré
longtemps. Je n’ai donc pas jugé bon de t’appeler. À force de t’assister, je
suis presque devenu un médecin honorable. Il s’est rendormi au bout d’un
moment.
    — Mieux vaut que tu m’appelles dans tous les cas. Ne
prends pas de risques, cela pourrait être dangereux. Ceci mis à part, quoi de
neuf ?
    — Il recevra ce soir les membres de son état-major.
    — Voilà pourquoi Lépide est rentré. Il prendra part à
la réunion, j’imagine.
    — Évidemment. Étant donné la situation, il est de fait
son bras droit.
    — Oui. D’après ce qu’on raconte, cela affecte beaucoup
Antoine. Qui d’autre sera présent ?
    — Antoine, justement, répondit Silius. Il demeure un
excellent soldat. Gaius Trebonius

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