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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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interrogea Brutus.
    — Antoine demande un entretien. Il est venu avec ses
fils, répéta Gaius Casca. C’est pour le moins étrange.
    — Allez lui demander ce qu’il veut. »
    Les deux hommes traversèrent l’esplanade et descendirent,
précédés par le drapeau de la trêve et par deux soldats. Les représentants des
deux camps se firent bientôt face. Antoine prit la parole :
    « Chacun de nous a cru bien agir, mais l’État est à
présent en proie au chaos et il faut éviter de retomber dans le désastre de la
guerre civile. La république doit être restaurée dans la plénitude de ses
pouvoirs. Voilà pourquoi il convient de regagner le sénat et d’y discuter, lors
d’une séance en règle, du futur équilibre de l’État. Nous avons une légion
entière cantonnée hors les murs et nous pourrions faire valoir notre force,
mais nous préférons un retour rapide à la normale. Ce soir, j’attends Cassius à
dîner chez moi. Brutus est invité chez Marcus Aemilius Lepidus. Je suis prêt à
vous laisser mes enfants en gage et en garantie. »
    Publius se tourna vers son frère : « Va
transmettre ce message. Je t’attends ici avec la réponse. »
    Gaius Casca regagna le sommet de la colline. De temps à
autre, il se retournait pour regarder les deux petits groupes face à face,
immobiles. Assis sur un muret, les fils d’Antoine bavardaient entre eux.
    Cassius, Marcus et Decimus Brutus, Trebonius et les autres
acceptèrent les conditions, ce que le messager alla rapporter. Antoine
étreignit ses fils en les priant de se montrer dignes de lui jusqu’à leurs
retrouvailles, puis il monta à cheval et s’éloigna.
     
     
    Romae,
in Domo Publica, Id. Mart., prima vigilia
    Rome,
demeure du grand pontife, 15 mars,
    premier
tour de garde, sept heures du soir
     
    Silius entra d’un pas hésitant, comme s’il pénétrait dans
l’au-delà. Les montants de la porte étaient voilés de noir. Des pleurs et des
gémissements s’échappaient de l’intérieur. Il traversa l’atrium et atteignit la
salle des audiences où gisait le corps de César. Antistius l’avait fait laver
et préparer. Forts de leur savoir, les nécrophores avaient donné à son visage
la gravité de la mort.
    Vêtue de noir, les yeux bouffis et les joues pâles, Calpurnia
pleurait dans un coin. Elle avait été, elle aussi, vaincue par une mort qu’elle
avait sentie approcher, presque s’annoncer.
    Mais, comme Cassandre, elle n’avait été entendue ni des
dieux ni des hommes.
    Antistius garda le silence, bouleversé par l’expression de
Silius. Il s’écarta et s’assit, tête basse, sur un tabouret, contre le mur. Il
serrait entre ses doigts le rouleau de parchemin d’Artémidore renfermant la
liste complète des conjurés : il n’avait pas été ouvert, alors qu’il
aurait suffi d’un instant pour qu’il sauve la vie de César. Le médecin avait
conservé l’autre message, transmis en vain par son assistant, ainsi qu’une
tablette de cire sur laquelle il avait consigné avec zèle la description de
toutes les blessures du dictateur. Elles étaient multiples, et les coups
profonds au nombre de vingt-trois.
    Un seul était mortel.
    Un coup au cœur.
    Qui l’avait porté ? Qui avait brisé le cœur de Caius
Julius Caesar ?
    Ces pensées ne cessaient de tourbillonner dans son esprit.
Insaisissables, indéfinissables, inutiles : « Si j’avais fait… Si
j’avais dit… »
    Au moins, il s’était habitué à la vision de cette dépouille,
à l’idée que César était parti définitivement. Pas Silius. Silius le
découvrait. Les traits intacts et préparés de son général paraient d’absurdité
son silence, son immobilité. Il ne pouvait accepter ni croire que son bras ne
se dresserait plus, que ses paupières ne se soulèveraient plus sur ses yeux
emplis d’autorité flamboyante.
    Il lui fallut l’accepter au prix d’une ultime et inéluctable
violence. Alors ses larmes se mirent à couler.
    Il demeura debout, immobile et en silence un long moment.
Puis, l’air halluciné, il se raidit dans le salut militaire et lança d’une voix
métallique :
    « Centurion de première ligne Silius Salvidienus, deuxième
centurie, troisième manipule, X e  Légion, salut,
général ! »
    Après quoi, il tourna les talons et s’éloigna.
    Il aurait aimé sauter sur un cheval et filer au loin, dans
un autre monde, traverser d’immenses plaines, porté par le vent comme une
feuille desséchée par un long

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