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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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savent pas quoi
faire. Ils n’ont pas pensé aux conséquences de leur geste. C’est incroyable,
mais vrai.
    — Très bien. La IX e est cantonnée non loin
d’ici, sur le pied de guerre et en état d’alerte. Il suffira d’un ordre pour
qu’elle se jette sur la ville. Nous les débusquerons un à un et les… »
    Antoine leva la main. « Non, Marcus Emilius, ce serait
une grave erreur. Cela terrifierait le peuple et, plus encore, le sénat. Nous
replongerions dans l’atmosphère de guerre civile dont César voulait la fin.
Négocions.
    — Quoi ? Tu as perdu la tête ?
    — Je suis sain d’esprit et je te dis que c’est la seule
solution. Le peuple est bouleversé, le sénat atterré, la situation incertaine.
Il faut prendre du temps pour infléchir le cours des événements en notre faveur
et donc éviter de répandre la terreur, le sang, le désespoir. Il faut que les
gens comprennent que l’héritage de César est encore vivant et qu’il sera
perpétué. C’est pourquoi la présence de l’armée en ville doit être limitée.
Rappelle ta légion. Tu dîneras ce soir avec Brutus, et moi avec Cassius. »
    Lépide écoutait, incrédule, Antoine lui expliquer ce qu’il
convenait d’exiger de Brutus et de lui concéder. Il poursuivit d’un ton
décidé : « Mettons-les à leur aise, laissons-les croire que nous
respectons leurs idéaux de liberté, que nous les partageons. Quand nous serons
assurés que la ville est de notre côté, nous lancerons la contre-attaque. Pas
avant. »
    Lépide réfléchit un moment sous les yeux de ses officiers,
six tribuns militaires en tenue de combat, avant d’interroger :
« Comment m’adresser à Brutus ? “Salut, ça s’est bien passé au sénat
ce matin ? J’ai appris que la séance avait été mouvementée. Tu veux te
laver les mains ?”
    — Il n’y a pas matière à plaisanter. Si le bruit se
répand que les chefs des deux camps politiques opposés dînent ensemble et
négocient pour le bien du peuple et de l’État, la situation retournera à la
normale, les mesures de César passeront au sénat. Le moment venu, nous agirons.
Ne crains rien. Laisse entendre à Brutus que nous pouvons partager en partie
leur point de vue, mais que César était notre ami, que nous avons des devoirs à
remplir envers l’armée et le peuple. Je me charge du reste. Je reviendrai ici
demain et nous préparerons un plan.
    — Tu es le consul en charge. Je t’obéis, mais si cela
ne tenait qu’à moi…
    — Très bien. Envoie immédiatement un manipule de
légionnaires surveiller la Regia. Seule la famille de César pourra
approcher son corps avant les funérailles. Et maintenant donne-moi des
vêtements décents et une dizaine d’hommes à cheval. »
    Lépide conduisit Antoine au quartier des officiers et lui
fournit tout ce dont il avait besoin.
    Antoine sortit avec son escorte et se dirigea de l’autre
côté du Tibre, vers la villa de César.
    Elle était abandonnée. Les domestiques aussi s’étaient
enfuis. Il traversa l’atrium puis le péristyle jusqu’aux quartiers des
serviteurs et s’immobilisa devant une petite porte en fer fermée de
l’extérieur. Il saisit la clef sur le dessus de porte et ouvrit. Silius
Salvidienus avança, hésitant.
    « César est mort, lui annonça Antoine. Le reste n’a
plus d’importance.
    — Quoi ?
    — On l’a assassiné ce matin à la curie de Pompée. Une
conjuration ourdie par Brutus et Cassius. On m’a retenu dehors sous un
prétexte. Je n’ai rien pu faire. »
    Silius baissa la tête, incapable de prononcer un mot. Ses
yeux s’embuèrent.
    « Je l’aimais, moi aussi, déclara Antoine. Quoi que tu
penses. Ses meurtriers le paieront, je te l’assure. Et maintenant va le saluer
une dernière fois. »
    Silius le dévisagea un instant avant de s’acheminer
lentement vers la sortie.
    Antoine laissa deux hommes de garde et retourna chez lui
avec le reste de la patrouille.
     
     
    Romae,
in Colle Capitolio, Id. Mart., hora duodecima
    Rome,
colline du Capitole, 15 mars,
    cinq heures
de l’après-midi
     
    Gaius Casca, de garde avec des hommes en armes sur le côté
nord du Capitole, fut stupéfait de voir le consul rescapé, Marc Antoine,
remonter la voie Sacrée en compagnie de ses fils, derrière le drapeau de la
trêve.
    Il rebroussa chemin et se rendit auprès de Publius, son
frère : « Antoine demande un entretien. Il est au bout de la rue avec
ses fils.
    — Que se passe-t-il ?

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