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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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Leurs yeux, accoutumés déjà à l’obscurité, pouvaient distinguer leurs traits dans cette heure terrible et à cette faible lueur : car la pâleur, qui avait remplacé les couleurs naturelles de leurs joues, prenait de plus en plus une teinte livide et sépulcrale. Leurs têtes étaient hautes et fières, leurs membres ne tremblaient pas. Leurs lèvres étaient serrées et insensibles. La religion de l’un, l’orgueil de l’autre, le sentiment de leur commune innocence, enfin la consolation provenant de cette association de leur destinée, transformaient ces victimes en héros.
    « Écoutez, entendez-vous leurs applaudissements ? Ils hurlent en voyant couler le sang humain, dit Olynthus.
    – Je les entends, mon cœur en souffre ; mais les dieux me soutiennent.
    – Les dieux ! Ô jeune homme insensé ! à cette heure, ne reconnais qu’un seul Dieu ! Ne t’ai-je pas donné mes enseignements dans le cachot ? N’ai-je pas pleuré pour toi, prié pour toi ? Dans mon zèle et dans mon agonie, ne me suis-je pas plus occupé de ton salut que du mien ?
    – Brave ami, répondit Glaucus solennellement, je t’ai écouté avec respect, avec surprise, avec une secrète sympathie pour tes convictions. Si nos existences avaient été épargnées, j’aurais peut-être, par degrés, renoncé à mes anciennes croyances pour me rapprocher des tiennes ; mais, à cette dernière heure, ce serait de ma part une sorte de bassesse et de lâcheté, d’accorder à la terreur ce qui doit être le résultat de longues méditations. Si j’embrassais ta foi, et si je renversais les dieux de mes pères, n’aurais-je pas été séduit par les promesses du ciel ou effrayé par les menaces de l’enfer ? Non, Olynthus, ayons l’un pour l’autre une égale charité ! J’honore ta franchise, aie pitié de mon aveuglement et de mon courage endurci ! Telles qu’ont été mes actions, telle sera ma récompense ; et l’Être des êtres ne saurait juger sévèrement les erreurs de l’âme humaine, lorsqu’elles ont été unies à l’humilité des intentions, à la sincérité du cœur. Ne parlons plus de cela. Paix ! Ne les entends-tu pas traîner quelque corps pesant dans le passage ? Nos corps aussi tout à l’heure ne seront que des cadavres.
    – Ô ciel ! ô Christ ! déjà je vous vois, s’écria le fervent Olynthus en levant les mains. Je ne tremble pas. Je me réjouis de ce que la porte de ma prison sera bientôt ouverte. »
    Glaucus baissa la tête en silence. Il comprenait la différence qui existait entre son courage et celui de son compagnon d’infortune. Le païen ne tremblait pas ; le chrétien se réjouissait.
    La porte grinça et s’ouvrit. Les lances brillaient le long des murs.
    « Glaucus l’Athénien, c’est à toi, dit une voix claire. Le lion t’attend.
    – Je suis prêt, dit l’Athénien. Mon frère, mon compagnon, un dernier embrassement… Bénis-moi et adieu ! »
    Le Chrétien ouvrit ses bras. Il serra le jeune païen sur son cœur ; il lui baisa le front et les joues… Il sanglota… Ses larmes coulèrent à flots brûlants sur le visage de son nouvel ami.
    « Oh ! si j’avais eu le bonheur de te convertir, je ne pleurerais pas. Oh ! que ne puis-je te dire : Nous souperons cette nuit dans le paradis !
    – Cela peut encore être ainsi, dit Glaucus, ceux que la mort ne sépare pas se rencontreront sans doute au-delà de la tombe. Mais, sur cette terre, sur cette terre si belle et si aimée, adieu pour toujours. Digne geôlier, je vous suis. »
    Glaucus s’éloigna avec peine d’Olynthus. Lorsqu’il se retrouva au grand air, le souffle des cieux, aride et chaud, quoiqu’il n’y eût pas de soleil, lui parut avoir quelque chose de desséchant. Son corps, à peine rétabli encore des effets du fatal breuvage, frissonna et chancela. Les gardes de l’arène le soutinrent.
    « Courage, dit l’un d’eux : tu es jeune, adroit, bien proportionné. On te donnera une arme ; ne désespère pas, et tu peux triompher. »
    Glaucus ne répondit pas ; mais, honteux de cette faiblesse, il fit un violent et convulsif effort sur lui-même et retrouva la fermeté de ses nerfs. On oignit son corps complètement nu, sauf une ceinture des reins, on lui mit un style (vaine arme) dans la main, et on le conduisit dans l’arène.
    Alors, lorsque le Grec vit les yeux de mille et mille personnes fixés sur lui, il ne sentit plus qu’il était mortel. Toute apparence de crainte,

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