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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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Calénus ?
    – Dans le cachot d’Arbacès.
    – Égyptien, dit le préteur en fronçant le sourcil, tu as osé emprisonner un prêtre des dieux ! et pourquoi ?
    – Écoute-moi, répondit Arbacès en se levant avec calme, mais avec une agitation visible sur ses traits. Cet homme est venu me menacer de porter contre moi l’accusation qu’il vient de faire, si je n’achetais pas son silence de la moitié de ma fortune. Je lui ai fait des reproches inutiles… Paix donc… que le prêtre ne m’interrompe pas… Noble préteur, et toi, peuple… je suis étranger dans votre pays… Je sais que je suis innocent du crime… mais le témoignage d’un prêtre contre moi aurait pu me perdre. Dans ma perplexité, j’ai enfermé Calénus en cette cellule où il a été trouvé, sous prétexte que c’était le lieu où je cachais mes trésors. J’avais l’intention de le délivrer aussitôt que le destin du vrai criminel serait accompli, et que ses menaces n’auraient plus été capables de me nuire. J’ai eu tort, sans doute ; mais quel est celui parmi vous qui ne reconnaîtra pas le droit qu’on a de se défendre ? Si j’étais coupable, pourquoi le témoignage du prêtre ne s’est-il pas produit au tribunal ? Alors je ne l’avais pas emprisonné, recelé. Pourquoi n’a-t-il pas proclamé mon crime, lorsque je proclamais celui de Glaucus ? Préteur… que répondre à cela ? Pour le reste, je m’abandonne à vos lois : je demande leur protection. Éloignez d’ici l’accusé et l’accusateur. Je consens volontiers à me soumettre au jugement du tribunal légitime. Cette place n’est pas faite pour la discussion.
    – Il a raison, dit le préteur. Holà, gardes ! qu’on éloigne Arbacès, qu’on mette Calénus en lieu sûr. Salluste, vous répondrez de votre accusation. Que les jeux continuent.
    – Quoi ! s’écria Calénus en se retournant vers le peuple, Isis sera-t-elle ainsi méprisée ? Le sang d’Apaecidès criera-t-il en vain vengeance ? Retardera-t-on la justice pour qu’elle soit frustrée plus tard ? Le lion sera-t-il privé de sa proie légitime ? Un dieu ! un dieu ! je sens qu’un dieu vous parle par ma bouche… Au lion !… Arbacès, au lion ! »
    Le corps du prêtre, que la faim avait ruiné, ne put supporter l’excès de ses sentiments rancuneux ; Calénus tomba à terre dans d’étranges convulsions… l’écume inondait ses lèvres… il ressemblait à un homme agité par un pouvoir surnaturel… Le peuple le vit tomber et frissonna.
    « C’est un dieu qui inspire ce saint homme !… Au lion l’Égyptien ! »
    Mille et mille personnes se levèrent et s’émurent en poussant ce cri… descendirent des hauteurs de l’amphithéâtre… et se précipitèrent dans la direction de l’Égyptien. En vain l’édile commandait, en vain le préteur élevait la voix et proclamait la loi, le peuple avait été rendu féroce par la vue du sang ; il en voulait davantage ; la superstition se mêlait à cette soif ardente. Excités, enflammés par le spectacle de leur victime, les habitants de Pompéi oubliaient l’autorité de leurs magistrats. C’était une de ces terribles émotions populaires fréquentes parmi les multitudes ignorantes, moitié libres, moitié serviles, et que la constitution particulière des provinces romaines produisait fréquemment. Le pouvoir du préteur était un roseau au milieu du tourbillon. Cependant, à son ordre, les gardes s’étaient rangés le long des bancs inférieurs, sur lesquels les spectateurs des classes distinguées étaient assis, séparés du vulgaire : ce ne fut qu’une faible barrière ; les vagues de cette humanité s’arrêtèrent tout au plus pour laisser à Arbacès le temps de calculer l’instant précis de sa mort.
    Désespéré, et plein d’une terreur qui abaissait même son orgueil, il fixa ses yeux sur la foule qui s’avançait grossissant toujours, lorsque, au-dessus d’elle, il aperçut, par l’ouverture des velaria, un étrange et terrible phénomène, et soudain son adresse vint en aide à son courage.
    Il étendit la main vers le ciel, et son front majestueux, ses traits empreints d’une autorité royale, prirent une expression des plus solennelles et des plus imposantes.
    « Regardez, s’écria-t-il d’une voix de tonnerre qui domina les clameurs de la foule, regardez comme les dieux protègent l’innocent !… Les feux vengeurs d’Orcus protestent contre le faux témoignage de mon

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