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Les Dieux S'amusent

Les Dieux S'amusent

Titel: Les Dieux S'amusent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Denis Lindon
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innovation nautique, telle que le gouvernail d’étambot,
qui permet de naviguer contre le vent, ou plus modestement la crème à bronzer. Eh
bien, pas du tout : ce qu’il offrait aux Athéniens, et à travers eux à
toute l’humanité, c’était un animal qui, pendant des millénaires, constituerait
le principal moyen de transport terrestre, à savoir le cheval.
     
    Devant la beauté, la puissance et l’élégance de cette
créature jusque-là inconnue d’eux, les Athéniens poussèrent des cris d’admiration.
Déjà, beaucoup d’entre eux s’apprêtaient à proclamer Neptune vainqueur du
concours, lorsque Mars, qui n’avait pas lui-même offert de cadeau mais qui, par
pure antipathie pour ses frères et sœurs, souhaitait la victoire de son oncle
Neptune, crut devoir apporter à celui-ci son soutien en soulignant, avec sa
maladresse coutumière, l’usage guerrier qui pourrait être fait du cheval :
    — Grâce à la cavalerie, dit-il aux Grecs, vous pourrez
tuer désormais trois fois plus d’ennemis.
    Ses auditeurs, qui étaient intelligents, réalisèrent
aussitôt que leurs ennemis ne tarderaient pas, eux aussi, à se doter d’une
cavalerie qui leur permettrait de tuer trois fois plus de Grecs, et leur
enthousiasme initial s’en trouva refroidi.
    Minerve fut la dernière à présenter son cadeau. Elle s’y
était préparée avec méthode en confiant à Mercure, dieu du commerce, le soin d’effectuer
une étude scientifique du marché. Les principaux résultats de cette étude, consignés
dans un rapport confidentiel remis par Mercure à Minerve, étaient les suivants :
     
    1. La population d’Athènes se compose de deux segments dont
les motivations et les goûts sont nettement différents : les hommes, au
nombre de 6 873, et les femmes, au nombre de 6 874.
    2. Ce qui plaît le plus aux hommes, ce sont les sports et la
guerre.
    3. Ce qui plaît le plus aux femmes, c’est la cuisine et la
paix.
    Sur la base de cette étude, Minerve avait décidé, pour des
raisons qui vous apparaîtront dans un instant, d’offrir aux Athéniens un
olivier. Elle le planta elle-même sur l’Acropole et le présenta en ces termes :
    — Cet arbre robuste et sobre, peu exigeant en terre et
en eau, vous fournira chaque année une abondante récolte d’olives dont vous
tirerez une huile d’une haute qualité gustative, culinaire et diététique. De
plus, l’olivier sera pour toujours le symbole du plus précieux des biens :
la paix.
    On passa au vote. Tous les hommes votèrent pour le cheval de
Neptune, et toutes les femmes pour l’olivier de Minerve. Comme il y avait une
femme de plus qu’il n’y avait d’hommes, c’est Minerve qui fut proclamée déesse
tutélaire ; pour rappeler le nom grec de la déesse, « Athéna », la
ville nouvelle fut appelée Athènes.
    Flattée, Minerve ne cessa depuis ce jour de protéger les
Athéniens et de les combler de cadeaux. En particulier, dès le lendemain de la
fondation de la ville, ayant constaté que le cheval offert par Neptune avait
une fâcheuse propension à s’emballer dès qu’il avait un cavalier sur le dos, Minerve
inventa la bride et apprit aux Athéniens à s’en servir.
    Un autre événement important se produisit le lendemain de la
fondation d’Athènes : les hommes de la cité se réunirent secrètement et
décidèrent de retirer le droit de vote aux femmes. Elles allaient mettre trois
mille ans à le reconquérir.

Deuxième
partie Les destins croisés de Thésée et d’Hercule

Thésée luttant contre
le Minotaure dans le labyrinthe. Mosaïque provenant de Thuturbo Mayis, art
romain, IVe siècle



10. Les débuts des deux héros
    Athènes , comme
toutes les villes grecques, fut d’abord un royaume.
    Il fut gouverné successivement par deux dynasties. De la
première, il n’y a rien d’intéressant à dire. En revanche, le fondateur de la
deuxième, un certain Érichtonios, mérite d’être mentionné, non pas tant en
raison des événements de son règne que des circonstances singulières de sa
naissance.
    Minerve, on le sait, était la protectrice d’Athènes ; à
ce titre, elle séjournait souvent dans le temple qui avait été construit pour
elle sur l’Acropole. Une nuit quelle s’y trouvait seule, elle reçut la visite
impromptue de son frère Vulcain, le dieu boiteux de l’industrie. Soit que
celui-ci fut pris de boisson, soit que Vénus, son épouse, eût allumé chez lui
une ardeur amoureuse qu’elle avait

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