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Les Dieux S'amusent

Les Dieux S'amusent

Titel: Les Dieux S'amusent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Denis Lindon
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notre liaison, elle me l’enverrait lorsqu’il
atteindrait l’âge de dix-huit ans. Or je viens d’apprendre qu’elle a eu en
effet un garçon, nommé Hippolyte, et que celui-ci, âgé de dix-huit ans, est en
route pour Athènes où il arrivera dans quelques jours. J’espère que tu ne lui
feras pas trop mauvais accueil.
    N’étant pas amoureuse de Thésée, Phèdre n’en était pas non
plus jalouse. Elle promit donc volontiers à son mari qu’elle recevrait
Hippolyte les bras ouverts. Elle ne croyait pas si bien dire.
    Hippolyte était jeune, beau, sportif et d’une parfaite
droiture morale. Mais c’était un maniaque de la santé. Obsédé par le souci de
conserver sa forme physique et d’économiser son énergie vitale, il faisait du
jogging tous les matins, chassait le reste de la journée, ne buvait pas de vin,
suivait un régime rigoureusement végétarien et macrobiotique, se lavait les
mains et les dents trois fois par jour et se couchait tous les soirs à neuf
heures.
    Quant aux femmes, elles lui inspiraient une profonde
répulsion, et il ne voyait en elles qu’une source de fatigue et de
complications. Sa chasteté absolue et son amour de la nature l’avaient rendu
cher à Diane, la déesse solitaire de la chasse et des forêts. En revanche, Vénus
s’irritait du mépris qu’il professait à l’égard des plaisirs amoureux ; elle
attendait depuis longtemps l’occasion de l’en punir. Elle crut l’avoir trouvée
le jour où Hippolyte partit rejoindre son père.
    Dès qu’il vit son fils, Thésée ressentit pour lui une vive
sympathie ; dès qu’elle vit son beau-fils, Phèdre éprouva pour lui un
sentiment beaucoup plus violent que la sympathie : elle en tomba
passionnément amoureuse. Cette passion coupable n’était pas sans excuses :
Phèdre n’avait jamais encore connu l’amour ; Hippolyte était d’une grande
beauté ; et, surtout, c’est Vénus elle-même qui avait allumé dans le cœur
de Phèdre cette passion subite et violente.
    Plusieurs mois passèrent, au cours desquels l’affection
entre Thésée et Hippolyte ainsi que l’amour de Phèdre pour son beau-fils ne
cessèrent de croître. Mais Phèdre dissimulait si bien ses sentiments que Thésée
et Hippolyte n’en avaient pas le moindre soupçon.
    Un jour, Thésée dut partir pour un assez long voyage. C’est
pendant son absence que Phèdre, se trouvant seule un soir avec Hippolyte, succomba
à sa passion et avoua son amour. Hippolyte en fut horrifié : de toutes les
femmes, à l’égard desquelles il continuait d’ailleurs d’éprouver une aversion
généralisée, la dernière qu’il eût songé à toucher était sa belle-mère. Sans un
mot, il s’écarta brusquement de Phèdre et quitta la pièce. Par une fatale
coïncidence, un serviteur entrait à ce moment dans la salle où se trouvait
Phèdre, pour lui annoncer le retour imminent de Thésée.
    Saisie de peur, de honte et d’un ardent désir de vengeance, Phèdre
monte dans sa chambre ; elle s’assied à sa table et écrit une lettre à son
mari, l’informant qu’Hippolyte a cherché à la séduire et à la violenter, et que,
ne pouvant supporter ce déshonneur, elle a décidé de mettre fin à ses jours. La
lettre terminée, elle se plonge un poignard dans le cœur. Thésée arrive
quelques instants plus tard, découvre le cadavre de sa femme et sa lettre de
dénonciation. Il convoque Hippolyte, l’accable de reproches. Hippolyte, stupéfait,
s’apprête à rétablir la vérité ; mais il songe que son père sera plus
meurtri encore en apprenant que Phèdre était la vraie coupable. Avec une
singulière noblesse d’âme, Hippolyte renonce donc à se défendre et se laisse
chasser de la maison par son père.
    La rancune de Vénus à l’égard d’Hippolyte étant assouvie, on
aurait pu croire l’affaire terminée. Pourtant, elle ne faisait que commencer. Pour
en comprendre les rebondissements ultérieurs, il faut savoir qu’un autre dieu
de l’Olympe, Neptune, dont le fils Procuste avait été tué bien des années
auparavant par Thésée, n’attendait lui aussi qu’une occasion pour se venger de
celui-ci.
    Alors qu’Hippolyte, ne sachant où aller, conduisait son char,
attelé de deux chevaux, le long d’une plage proche d’Athènes, un monstre marin,
envoyé par Neptune, sortit tout à coup de la mer.
    Les chevaux effrayés s’emballèrent, le char se renversa. Hippolyte
fut traîné sur une longue distance. Secouru par des

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