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Les Dieux S'amusent

Les Dieux S'amusent

Titel: Les Dieux S'amusent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Denis Lindon
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les bords de la mer Noire. Le roi de ce pays détenait cette précieuse
relique et, malgré des demandes pressantes d’Aeson, puis de Pélias, avait
toujours refusé de la rendre. En imposant à Jason un voyage aussi long et une
mission aussi hasardeuse, Pélias était bien convaincu de ne jamais le revoir. Avec
l’inconscience de la jeunesse, Jason accepta le marché.
    Pour accomplir ce voyage, il avait besoin d’un navire et d’un
équipage. Il fit construire le navire par un architecte renommé et entreprit de
recruter l’équipage en faisant apposer, dans les principales villes de Grèce, une
affichette annonçant le prochain départ de l’expédition. Alléchés par la
perspective de participer à un exploit historique, certains des plus grands
héros de l’époque se portèrent volontaires.
    Hercule fut le premier à se présenter, suivi de peu par
Thésée et Pirithoüs, puis par Castor et Pollux, les frères jumeaux d’Hélène ;
Orphée, qui était à l’époque le plus fameux musicien de la Grèce, demanda aussi
à participer au voyage.
    Parvenu à ce point de son récit, Nestor se tourna vers
Achille :
    — Ton père Pelée, qui n’était pas encore marié, fut lui
aussi de l’expédition.
    Puis il se tourna vers Ajax :
    — Ton père Télamon en était lui aussi, ainsi que
moi-même, ajouta-t-il modestement.
    Le navire fut appelé Argo, du nom de son constructeur,
et les membres de l’équipage se baptisèrent eux-mêmes les Argonautes.
    Au cours du voyage jusqu’aux rives de la mer Noire, qui dura
plusieurs mois et fut fertile en incidents, l’équipage perdit trois de ses
principaux membres.
    Hercule, qui avait été le premier à s’enrôler, fut le
premier à faire défection : son écuyer s’étant égaré au cours d’une partie
de chasse dans une île où ils faisaient escale, Hercule partit comme un fou à
sa recherche et ne réapparut plus. Après l’avoir attendu quelques jours, les
Argonautes durent appareiller sans lui.
    À l’escale suivante, ce furent Castor et Pollux qui
disparurent, et pour un motif plus grave.
    Vous vous souvenez sans doute que, bien qu’ils fussent les
fils jumeaux de Léda, ils n’avaient pas le même père : Castor était fils
de Tyndare, l’époux légitime de Léda, et Pollux avait été conçu par Jupiter, déguisé
en cygne. Il en résultait que Castor était mortel et Pollux immortel. Cela ne
les empêchait pas d’éprouver l’un pour l’autre une affection fraternelle
exemplaire.
    Au cours d’un combat mené par les Argonautes contre une
peuplade sauvage, Castor fut tué. Désespéré de la perte de son frère, Pollux
abandonna l’expédition pour aller voir son père, Jupiter, et lui demander de
rendre la vie à Castor. Jupiter ne put accéder à cette requête. Pollux proposa
alors et obtint de partager sa propre immortalité avec son frère : à tour
de rôle, chacun passerait six mois aux enfers et six mois sur l’Olympe ; mais
ils ne seraient plus jamais ensemble.
    Ce n’est que beaucoup plus tard qu’ils furent enfin réunis
au ciel, dans une même constellation, celle des Gémeaux.
    Orphée, le musicien, joua un rôle important au cours du
voyage : lorsque les Argonautes étaient las de ramer, seschants
bien rythmés leur redonnaient du courage et des forces ; lorsqu’une
dispute s’élevait entre eux et qu’ils menaçaient d’en venir aux mains, les
accents apaisants de sa lyre ramenaient l’harmonie ; surtout, ce furent
les talents musicaux d’Orphée qui sauvèrent les Argonautes du péril mortel des
Sirènes.
    Les Sirènes étaient trois divinités marines, au corps de
requin et au buste de femme, dont l’alimentation se composait exclusivement de
chair humaine. Leur voix était si envoûtante et leurs chants si mélodieux qu’en
les entendant chanter les marins devenaient fous et se jetaient à la mer ;
ils étaient aussitôt dévorés par les Sirènes et leurs os blanchissaient sur une
plage. Avec les Argonautes, cependant, les choses se passèrent d’une manière
fort différente. Dès que se firent entendre dans le lointain les premiers
accents du chant des Sirènes, Orphée, prenant sa lyre, se mit lui aussi à
chanter. Et, pour une fois, ce furent les Sirènes qui eurent le dessous. Charmées
par le chant d’Orphée, elles se mirent à tourner autour du navire, comme de
vulgaires dauphins, en effectuant des sauts gracieux au rythme de la musique et
en attrapant au vol les poissons que leur

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