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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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des fleurs et des odeurs du Vélabre.
    - Tu vois, dit Lucinus, c'est bien propre ! Il existe malgré tout dans cette ennuyeuse perfection un endroit o˘ il fait bon se reposer. C'est sans doute là que Tullia va nous faire dîner. Viens, je perçois les rires des demoiselles dans le gazouillis des jets d'eau.
    Au bout d'une allée, ils débouchérent sur une sorte de terrasse ombragée par une treille supportée par quatre fines colonnes en marbre. " C'est du caryste1 ", pensa Petronius en s'avançant vers les deux jeunes filles installées sur un stibadium2 en marbre blanc. La plus jeune, ce devait être Tullia, se leva :
    - Voilà enfin le fameux Petronius dont mon frére ne peut plus se passer !
    Je le comprends, ajouta-t-elle avec un sourire amusé, car tu es plutôt séduisant. N'est-ce pas, Rufa?
    - Certainement. C'est toi le nouveau Phidias ?
    - Je suis en effet sculpteur et, sans avoir la prétention d'égaler les artistes grecs, j'espére bien un jour les imiter.
    Rufa était une étrange personne. Autant la súur de Lucinus ressemblait, avec son visage poncé et sa tenue soignée, aux autres jeunes Romaines bien nées, autant son amie cherchait, c'était évident, à s'en différencier. Sa coiffure d'abord ne répondait pas à la mode du moment, c'est-à-dire des tresses ramenées en chignon : elle portait les cheveux longs à l'ancienne.
    Sa tunique n'était agrémentée d'aucune ceinture ou colifichet ; elle tombait raide dans l'amidonnage des plis, sans laisser apparaître les sandales. Son visage enfin n'était pas ordinaire. Blanc 1. Des carriéres de Carystos, dans l'île égéenne d'Eubée, était extrait un marbre rare.
    2. Le stibadium ou lit de table en demi-cercle, remplaçait le triple lit dont le triclinium tirait son nom.
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    comme un lis, sans fard, en forme d'ovale allongé, il couronnait une silhouette mince, presque filiforme.
    " Tullia est jolie, Rufa est belle ", pensa Petronius. Comme il la fixait et se taisait, Lucinus dit, l'air mi-amusé, mi-sérieux :
    - Dis donc, cher Petronius, il semble que la diaphane Rufa te subjugue !
    C'est son air de princesse égéenne qui te séduit ?
    - Pas seulement. Je voudrais être capable de sculpter son portrait !
    On en resta là. Tullia proposa :
    - Aprés le jardin, veux-tu visiter la maison ? Lucinus lui trouve tous les défauts, moi je pense qu'elle est belle et confortable. La construction classique a ses avantages, moi je préfére au charme du naturel rustique la sévérité d'une salle de bains en marbre et le confort d'une chambre bien orientée. Viens, nous commencerons parla galerie vo˚tée qui méne du jardin au cúur de la maison. O˘ finit la salle à manger que nous traversons prend naissance une petite colonnade qui méne entre deux filets d'eau à deux appartements.
    - Cette accumulation de marbres ne te paraît-elle pas sépulcrale ? demanda Lucinus. Et cette eau qui coule partout, des fontaines, des bassins, des statues, des murs !
    Embarrassé, Petronius s'en tira par une pirouette :
    - Je suis trop habitué à la fantaisie du Vélabre pour juger mais je suis s˚r que le confort et le luxe doivent être supportables. Et puis, l'abondance de marbre ne peut me choquer ! Tu sais que j'en suis follement amoureux ŒMais que pense Rufa ?
    C'est Tullia qui répondit :
    :
    - Oh, elle ne tolére dans cette maison que l'abri de la I treille et le lit de table. C'est pourquoi l'hiver elle n'y met pas les pieds. Par chance, c'est là que nous allons dîner. Venez, le couvert doit être mis.
    " Je crois que Rufa aimerait le Vélabre ", songea Petronius en s'installant sur le coussin qu'il partagea avec Tullia.
    Le repas lui aussi se distingua des agapes de Calpurnia. Deux esclaves habillés en princes orientaux servirent des mets rares et co˚teux présentés comme des tableaux artistement composés. On n'y reconnaissait ni les becfi-gues enduits de garum, ni les huîtres couvertes de sauce rosé, ni les tétines de truie enveloppées de mauves. Ces plats compliqués n'avaient pas de saveur définie et, en go˚tant le rago˚t de truffes à la saumure de thon, Petronius se rappela qu'au Vélabre on mangeait ces merveilles à la croque au sel et que c'était bien meilleur. Le vin heureusement était bon. C'était un Nomentum de glorieuse année.
    - Tu aimes ? demanda Tullia à Petronius. Mon pére a engagé un cuisinier napolitain qu'il paie une fortune. C'est l'inventeur de la nouvelle cuisine romaine.
    Il ne répondit pas qu'il

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