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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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charge comme dans ceux de sa famille, est un homme admirable. Ma mére est morte alors que j'avais deux ans, c'est lui qui s'est occupé de mon éducation et j'ai pour lui autant de reconnaissance que de tendresse. Il a refusé de me marier à treize ans à un neveu de l'Empereur. Rien que pour cela je le vénére !
    - Mais maintenant que tu en as dix-sept ou dix-huit, je ne sais même pas ton ‚ge, ne cédera-t-il pas à la régle romaine ? Les beaux partis ne doivent pas manquer pour demander en mariage une fille de sénateur belle et riche.
    - Non, mais, alors que les parents romains cherchent à se débarrasser de leurs filles encombrantes, mon pére entend me garder prés de lui le plus longtemps possible.
    - Le brave homme ! Je crois que moi aussi je vais le vénérer ! Mais il faudra bien qu'un jour il accepte pour toi un époux ! que feras-tu alors ?
    - Je n'en sais rien. Pour le moment je prends la vie comme elle vient et elle m'est plutôt agréable.
    - Je rêve, mais est-ce à cause de notre rencontre ?
    - Devine...
    - Crois-tu que le bonheur est plus intense lorsqu'on sait qu'il devra s'interrompre un jour ?
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    - Non. Mais je suis s˚re qu'il faut le saisir lorsqu'il se présente.
    - Une chose m'intrigue, c'est la liberté dont tu jouis. Je n'ai jamais approché de jeunes filles nobles mais j'ai toujours entendu dire qu'elles étaient sinon séquestrées, du moins étroitement surveillées.
    - C'est encore vrai, hélas ! dans de nombreuses familles mais les habitudes ont changé. Les écoles de musique, de poésie, les jeux sportifs sont autant d'activités qui permettent aux filles de sortir de chez elles. quand en plus on a la chance d'avoir un pére libéral comme le mien, la vie devient plus facile. A condition bien s˚r de ne pas abuser de cette liberté ni de risquer inconsidérément le scandale.
    - N'est-ce pas un scandale que la fille d'un sénateur s'affiche aux thermes avec un simple citoyen, artiste, donc manuel, de surcroît ? que dirait ton pére s'il l'apprenait ?
    - Il serait certainement trés en colére, me menacerait de terribles punitions puis me conseillerait d'être prudente. Cela lui ferait aussi peut-être penser qu'il est temps de me trouver un mari. Et ce serait alors la vraie punition !
    - Toutes ces considérations sont attristantes. Puis-je te demander une faveur qui, je l'espére, ne te co˚tera pas trop ?
    - quelle est cette faveur ?
    - Acceptes-tu de venir poser pour moi ? J'ai déjà sculpté trois bustes de toi mais la mémoire ne saurait remplacer le modéle. Le Vélabre est une retraite discréte et personne, sauf tes porteurs, ne sera au courant.

    - Sais-tu que j'attendais un peu cette proposition ? Ma réponse est naturellement oui. Je viendrai, mais à pied. Le Vélabre n'est pas le bout du monde et j'ai de bonnes jambes. Et peut-être pourras-tu plus tard sculpter le buste de mon pére. Une occasion de t'introduire dans la domus familiale. Je te montrerai ma chambre...
    - Parles-tu sérieusement ? Des dizaines de sculpteurs 368
    ont déjà d˚ faire le portrait du sénateur. Pourquoi accepterait-il de me consacrer du temps ?
    - Parce que je lui demanderai et aussi parce que tous les bustes qu'on a faits de lui ont été ratés ! quand il verra le mien, il ne pourra refuser.
    - Mais lui montrer ma sculpture n'est-il pas l'aveu que nous nous connaissons et que tu as posé devant moi ?
    - Ne t'inquiéte donc pas ! Milvius Aurelius ne va pas t'exiler dans une île lointaine. Je l'en empêcherai, c'est promis !
    Les deux jeunes gens rirent dans l'abri de verdure qui les protégeait des regards et encore une fois c'est elle qui prit l'initiative.
    - Pourquoi ne m'as-tu pas encore embrassée ? demanda-t-elle en se serrant contre lui.
    Leur baiser dura longtemps. quand leurs lévres se quittérent, le soir commençait à tomber.
    - Il faut nous séparer, dit Rufa, je dois rentrer.
    - quand nous reverrons-nous ?
    - J'enverrai un messager pour te dire le jour o˘ je viendrai poser au Vélabre.
    - Poser seulement ?
    - Tu le verras bien !
    Le soir de ce premier rendez-vous, Petronius n'avait pu se retenir de confier à sa grand-mére le secret de son amour. Calpurnia l'avait écouté en silence, hochant parfois la tête ou esquissant un sourire.
    - Tu veux sans doute que je te dise ce que je pense ? demanda-t-elle.
    - Oui, je suis à la fois émerveillé et inquiet. J'ai l'impression que je commets un acte délictueux en aimant Rufa.
    - Laisse-moi te rapporter un vieux

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