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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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souvenir, presque un secret. J'avais à
    peu prés l'‚ge de Rufa et moi aussi j'étais belle. Comme elle je jouissais d'une grande liberté car Sevurus, mon pére adoptif, me chérissait. Comme 369
    vous je fréquentais les thermes avec mes amies. C'est là que j'ai fait un jour la connaissance d'un jeune homme...
    - C'était Celer ?
    - Non. Celer était trop absorbé par la Maison Dorée de Néron pour s'occuper de moi. Celui pour qui mon cúur déjeune vierge battait était un poéte, ami de Martial qui lui aussi, alors, était jeune. Tout m'attirait vers Valerius. Je savais qu'en cédant à son amour et à mon désir j'allais peiner mon pére et faire du mal à Celer mais je n'ai pas hésité une seconde. Avec lui, dans le petit logement d'une insula du quirinal, j'ai vécu les plus belles heures de ma vie. C'était une folie mais comme cette folie m'a rendue heureuse ! Plus tard j'ai épousé Celer. J'ai vécu avec lui d'autres joies mais le premier amour est unique. Je ne l'oublierai jamais.
    - qu'est devenu ce Valerius ?

    - Il est mort dans l'incendie du Capitale au cours de la guerre civile entre Vitellius et Vespasien.
    - Ainsi tu me vois dans la peau de Valerius et Rufa dans la tienne. C'est bien cela, n'est-ce pas ?
    - Non, parce que les histoires d'amour ne se répétent jamais, mais il y a des analogies. Ta Rufa a du caractére et je crois qu'elle me ressemble un peu. Aimez-vous, mes enfants, mais soyez prudents. Ménagez l'honneur et la réputation de la famille Aurelius et surveillez le temps qui passe en savourant votre bonheur. Je vais prier pour vous.
    Calpurnia, elle aussi, laissait maintenant le temps passer avec sérénité.
    Sa foi assurait à sa vieillesse une tranquillité qu'elle n'avait jamais connue. Elle avait bien un peu de difficulté à gagner, la nuit venue, le tombeau de Caecilia Metella et à franchir le souterrain pierreux qui menait à la crypte du Colisée, comme on appelait maintenant le refuge des chrétiens, mais elle trouvait au bout du tunnel la joie de Jésus qui éclatait dans les chants fraternels et les priéres.
    Petit à petit le vocabulaire de la chrétienté, qui avait longtemps continué
    d'utiliser celui des cultes romains
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    historiques, s'enrichissait de mots nouveaux qui légitimaient la divine originalité de la religion de Jésus. On parlait de la sanctification des premiers martyrs, de saint Ignace, l'évêque d'Antioche mort sur le sable de l'aréne romaine, du papa, l'évêque de Rome, pére de tous les chrétiens. Et Calpurnia n'hésitait pas à proclamer dans ses prises de parole sacrée que Colosseo, le géant de l'amphithé‚tre, était lui-même un saint, ce qui suscitait le courroux de l'intéressé, lequel ne voulait être qu'un chrétien comme les autres.
    Le respect qu'éprouvaient mutuellement Calpurnia et le géant s'était mué au fil des ans en une profonde amitié. Lui qui lisait à peine le grec et trés peu le latin devenait un orateur inspiré quand il discourait de la religion. Les prêtres qui venaient nombreux assister aux réunions de la crypte lui portaient d'ailleurs une grande considération, et Sixte, le nouvel évêque de Rome, lui parlait d'égal à égal.
    Calpurnia réussissait peu à peu à percer le mystére qui entourait Colosseo.
    De temps à autre, il l‚chait une phrase ou acceptait de répondre à une question. Elle arrivait ainsi à cerner d'un peu plus prés le singulier personnage qui lui répétait qu'il la vénérait et la protégerait quoi qu'il arrive. Bien qu'elle ne craignît rien, cette protection rassurante lui était agréable.
    - Dis-moi enfin, lui avait-elle demandé un jour, pourquoi les empereurs te laissent régner en maître quasi absolu sur le monde caché de l'amphithé
    ‚tre.
    Il avait hésité, puis répondu :
    - C'est un vieux secret entre César et moi. Cela date du jour o˘ j'ai sauvé
    Vespasien de la mort en l'arrachant littéralement aux roues d'un chariot fou qui allait l'écraser alors qu'il se promenait à pied dans les rues de Rome à une heure matinale. Trés peu de gens ont eu connaissance de cet événement. L'Empereur m'a fait rechercher et m'a fait venir en litiére, comme un préfet, jusqu'à sa maison de Reate o˘ il se remettait du choc, car il faut te

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    dire que, malgré ma force et ma promptitude, une roue avait touché son épaule.
    " "Sans toi j'étais perdu, m'a-t-il dit. Ton Empereur te remercie mais comment as-tu fait pour me soulever comme un fétu alors que je

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