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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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h‚ter un dénouement que tous deux souhaitaient mais qu'ils retardaient d'un commun accord, non par pudeur mais pour go˚ter jusqu'au bout les délices de l'attente.
    Rufa, en se rhabillant aprés une séance de pose qui devait être l'une des derniéres, dit tranquillement :
    - Petronius, le jour o˘ tu me diras que mon buste est achevé je me donnerai à toi. J'ai hésité un moment entre la sagesse de conserver ma virginité
    jusqu'à un mariage que je ne pourrai probablement pas éviter et le bonheur de devenir femme entre tes bras. J'ai vite compris qu'il serait absurde d'ajouter le cadeau de ma pureté au marché qui me livrera à un homme que je n'aurai pas choisi.
    Surpris, ému et ne sachant évidemment quoi dire, il la 376
    tint seulement plus longtemps dans ses bras avant qu'elle ne quitte l'atelier. D'habitude elle repartait seule, discrétement, vers l'Aventin, mais ce soir-là Petronius dit qu'il allait l'accompagner jusqu'au temple de Diane :
    - Je mets moi aussi une houppelande couleur de muraille, personne ne nous reconnaîtra.
    - Et si quelqu'un nous voit ensemble, je m'en moque !
    Serrés l'un contre l'autre, ils contournérent le cirque Maximus et s'engagérent dans la ville. Comme il se taisait, Rufa lança, mi-sérieuse, mi-rieuse :
    - Ce que je viens de te dire semble moins t'inspirer que la sculpture. Je crois que finalement tu me préféres de marbre !
    - Je suis seulement en train de me demander si j'ai le droit de te faire courir un tel risque. Je suis naÔf sur l'amour entre hommes et femmes mais je n'ignore pas qu'un gendre de sénateur peut s'apercevoir que sa femme n'est pas venue vierge au mariage. Tu ne crains pas un scandale ?
    - Un scandale qui le ridiculiserait ? Non ! Mais s'il s'estime trompé sur la marchandise, il n'aura qu'à divorcer. Et je serai enfin une femme libre.
    Libre de t'aimer si tu veux encore de moi.
    Il l'attira contre lui, l'entraîna dans l'angle d'une ruelle derriére la boutique d'un batteur d'or, et lui, d'habitude si tendre, l'embrassa farouchement. quand il rel‚cha son étreinte elle demeura pantelante dans ses bras. Il la regarda et dit :
    - On peut t'obliger à épouser qui on voudra. Je veux seulement être toujours ton seul amant !
    L'aprés-midi touchait à sa fin, il pleuvait sur le jardin qui exhalait une vapeur acre panachée du parfum entêtant des lis. Petronius, qui connaissait depuis toujours ces odeurs mêlées, y décelait un appel de tendresse et d'amour paisibles.
    Rufa n'était pas venue pour poser mais pour voir son buste que Petronius avait achevé de polir dans la nuit.
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    Assandre et Apollodore y auraient, certes, trouvé quelques défauts mais il était beau, trés blanc, trés pur. Ils l'avaient longuement contemplé, caressé, éclairé sous tous les angles au feu tremblant d'une lanterne. Rufa était heureuse et répétait : " C'est pour moi que tu as fait cela ! Comme je suis fiére ! "
    L'artiste, lui, ressentait un grand soulagement. Il avait mené son úuvre à
    terme en évitant le ridicule d'un échec. Porté par l'odeur enivrante des fleurs mouillées, il pensait à la promesse de Rufa. " C'est à moi de la lui rappeler, se dit-il. Elle a fait le premier pas, par fierté elle ne fera pas le second. "
    - Sens-tu les arômes du jardin ? murmura-t-il. Les fenêtres de ma chambre donnent sur le massif d'asphodéles. Viens, nous y serons bien pour continuer à parler de marbre et de beauté.
    - Le marbre est froid et la beauté n'est rien sans l'amour. Disons que nous parlerons plutôt d'amour.
    Calpurnia se reposait dans l'atrium. Elle les aperçut qui entraient dans la chambre.
    " Jésus qui est toute bonté ne peut que bénir un amour aussi pur, pensa-t-elle. Je demanderai demain à Colosseo de faire dire par nos fréres une priére pour que l'avenir leur soit clément. "
    C'est ainsi que Rufa, jeune vierge de noble famille sénatoriale, faillit aux institutions et aux coutumes de Rome.
    Rufa avait craint un moment que ses visites répétées au Vélabre n'éveillassent la curiosité de son pére qui pouvait être prévenu à chaque instant par quelque bonne ‚me à son service. Le sénateur, heureusement, avait d'autres soucis depuis qu'Hadrien, aprés les grands espaces de l'Orient, avait retrouvé les rues étroites de Rome, ses forums encombrés et ses jeux dont il supportait toujours aussi mal la sauvagerie mais qu'il était contraint d'honorer plus souvent qu'il ne l'aurait souhaité.
    Milvius Aurelius faisait

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