Les dîners de Calpurnia
commencé, noble maître, dit Atticus. Sur ma demande il m'a aidé. Je peux même dire que c'est son úuvre.
Ce garçon a beaucoup de talent. Si c'est toi, comme il me l'a rapporté, qui l'a engagé à sculpter, tu peux être fier.
- Je suis fier et heureux. Eh bien, Petronius, tu livreras ton bas-relief et tu l'installeras dans l'entrée de la salle à manger ! Ce soir je t'emméne avec moi aux Laurentes. Calpurnia, ma femme, sera heureuse de te revoir et nous pourrons reprendre notre conversation o˘ nous l'avons laissée aprés la mort de Rabirius. Nous parlerons aussi de ton retour car tu ne peux t'éterniser ici. Ta grand-mére a beaucoup vieilli et il faut que tu restes maintenant auprés d'elle. Tu sais qu'elle n'a plus que toi puisque Terentia et son mari ont fait leur vie en Espagne et ne songent pas à revenir à Rome.
Petronius retrouva avec plaisir la grande et belle maison dont le confort n'avait évidemment rien de comparable avec celui de la demeure rustique des Polimus. Et puis, un soir, Pline l'entraîna sur le banc face à la mer, là
o˘ les confidences pesaient moins lourd :
- Alors, tu as été trés malheureux, paraît-il ? Calpurnia me l'a dit mais ne m'a pas donné de détails. Est-ce que je peux t'aider ? Tu sais que je me considére comme ton parrain et que je suis prêt à faire tout ce que je pourrai pour alléger ta peine. C'est une histoire d'amour, bien s˚r ? A ton
‚ge le chagrin est toujours une histoire d'amour. Mais si tu ne veux rien me dire, je comprendrais !
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Ainsi le moment tant redouté était venu et, chose étonnante, Petronius en était presque soulagé. Se confier à Pline ne lui semblait plus une épreuve.
Il se rendait compte qu'il pouvait maintenant penser à Rufa et même parler d'elle avec un certain détachement.
- Cher Pline, cela m'aurait été impossible il y a six mois mais aujourd'hui je peux te raconter.
- Parle, mon garçon. Si tu as un secret, il restera entre nous.
Petronius fit d'une voix assurée le récit de son aventure amoureuse. Il décrivit le déchirement du couple, sa souffrance d'abandonner à un autre celle qu'il aimait et sa décision de s'exiler au royaume du marbre chez le bon Polimus. Il ne cita ni le nom du sénateur ni celui de sa fille. Il dit seulement qu'il s'agissait d'une grande famille romaine.
Pline, qui l'avait écouté sans l'interrompre, hocha la tête, puis dit :
- Vous avez joué à un jeu dangereux. Il y a seulement vingt ou trente ans, le pére aurait pu exiger votre mort à tous les deux. Même aujourd'hui, il est heureux qu'il n'ait rien su ! C'est un sénateur ?
Petronius hésita puis avoua :
- Son nom est Milvius Aurelius. Je crois qu'il accompagne en ce moment l'Empereur dans son voyage. Pline marqua sa surprise :
- Je pense que tu sais qu'il s'agit d'un des plus hauts personnages de l'Empire ? Oui, c'est une chance qu'il n'ait pas surveillé sa fille ! Tu n'as pu résister à sa beauté ?
- C'est une déesse. Je te montrerai son buste que j'ai sculpté. Mais tu connais s˚rement aussi le mari, un chevalier que je n'ai jamais vu mais que j'exécre.
- Calme-toi. Ta rancune est ridicule. C'est toi qui as enfreint la loi romaine ! Comment s'appelle-t-il ?
- Ennius. Son pére est le préfet Silius Flaccus.
- Je les connais tous les deux. Pas une grosse fortune mais une excellente famille.
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- Sais-tu si les nouveaux mariés - cela me fait mal de prononcer ces mots -
vivent à Rome ?
- Autant que je te le dise : j'ai reçu, alors que j'étais encore en Bithynie, Ennius Flaccus et sa jeune femme. Il y exerce sa premiére fonction officielle, celle de préfet de cohorte auxiliaire.
- Alors tu as vu Rufa ?
- Oui. Elle est en effet trés belle.
- Ainsi elle n'est pas à Rome...
- Non, et c'est mieux ainsi. Son éioignement t'évitera de faire des bêtises ! Avoue que Calpurnia et toi vous n'êtes pas de tout repos pour vos amis !
- Tu as raison. Il est préférable que Rufa soit loin. Une question : comment est-elle avec son mari ? Donnent-ils l'impression de former un couple... heureux ?
- Encore une fois, ne cherche pas à envenimer la plaie de ta jalousie.
Oublie cette jeune femme qui, si tu tiens à le savoir, ne m'a pas paru être mal avec son mari.
- Oui, je comprends que tout est vraiment fini. Mais comment a-t-elle fait pour pouvoir accompagner son mari ?
- A ce grade c'est en effet trés rare, mais son pére est préfet suffect et trés bien en cour. Il a d˚ obtenir de l'Empereur
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