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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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vinrent de toute la ville et même de fort lointaines provinces pour assister s ce prodigieux spectacle : vingt bêtes tirant sous le fouet l'immense emballage contenant l'Empereur posé sur trois chars réunis. De Néron, on ne voyait que la tête qu'on n'avait sans doute pas osé cacher. A travers son regard vide il semblait diriger la manúuvre, et le peuple agglutiné tout au long du parcours, applaudissait ce César pas comme les autres, dont les lubies étaient ruineuses mais qui donnait du travail et le payait bien, qui se prenait pour un chanteur mais offrait aux peuples d'Italie la paix et la prospérité, qui n'était pas un grand chef de guerre mais qui avait éteint sous un développement économique continu le brasier de la guerre civile dont les générations précédentes avaient tellement souffert. La plébe dans sa majorité, celle qui avait réclamé le ch‚timent des chrétiens, aimait l'Empereur.
    - Si Néron mourait aujourd'hui, disait Valerius à Cal-purnia, il resterait pour l'Histoire le plus grand et le plus aimé des Césars. Il dépense beaucoup d'argent mais ne pressure pas les petites gens. C'est aussi, hélas ! l'homme des excés, et nul ne peut prévoir comment s'achévera son régne.
    Valerius venait maintenant souvent reconduire Cal-purnia chez Sevurus. Le vieil architecte qui, au début, avait sans l'interdire réprouvé la liaison de sa niéce, avait appris à connaître le poéte et appréciait sa conversation. Celer lui-même, surchargé de travail et écrasé de responsabilités, avait abdiqué son rôle de grand frére.
    - Il est temps que ce maudit chantier s'achéve ! s'était-il confié à
    Calpurnia. Je me sens devenir fou... A cause de lui je t'ai perdue. Et tu sais comme je t'ai aimée !
    - Mais non, tu as cru m'aimer parce que nous vivions l'un prés de l'autre et que le maître souhaitait notre
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    -nariage. Mais l'amour c'est autre chose. J'espére bien que tu le connaîtras quand vous en aurez fini avec les
    slies de Néron. D'ailleurs, tu dis " comme je t'ai aimée ". Tu parles déjà
    au passé. Moi je t'aime toujours. Tu es mon irand ami, mon frére sur qui je sais pouvoir toujours
    ompter l
    - Et moi ? Je pourrai compter sur toi ?
    - A la vie, à la mort, mon Celer !
    - Comme Valerius ?
    - Mais non. Valerius, c'est différent. Il ne fait pas partie ^e moi, il est mon amant et je sais qu'entre nous, cela niraun jour...
    - Mais maintenant, es-tu heureuse ? Pourquoi ne vous nariez-vous pas ?
    - Parce qu'il ne veut pas m'obliger à vivre comme une pauvresse au quatriéme étage d'une insula puante. Et que moi non plus je ne veux pas quitter notre maison, ni Sevurus, qui serait trés malheureux, ni toi. Tu me manquerais tellement !
    Emue, les dieux seuls savaient pourquoi, elle se mit à pleurer et se réfugia contre l'épaule de Celer. Celui-ci prit une serviette de toile fine qui se trouvait sur-la table de l'atrium, alla l'humecter d'eau claire au jet du bassin et rafraîchit doucement, avec tendresse, le visage de la jeune fille.
    - Je suis bête... dit-elle. quelle jeune fille pourtant est, à Rome, plus heureuse que moi ?
    Celer, lui aussi, avait fini par accepter Valerius dont il reconnaissait la culture et le talent. Le poéte, il était arrivé à s'en persuader, n'était plus un rival. Seulement une ombre. Il le distrayait de ses soucis en lui parlant de la cour, des manies de l'Empereur, des palinodies des courtisans. Curieux, il s'intéressait aux travaux de la Domus impériale et ne mentait pas en disant qu'il admirait profondément les deux architectes :
    - Moi, j'écris pour le vent des rimes qui s'envolent. Toi, tu b‚tis, tu imagines des formes de pierre qui vont durer des siécles. De nous deux, le vrai poéte, c'est toi !
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    Celer ne le croyait qu'à moitié mais il aimait qu'on fit l'éloge de son art.
    Un soir o˘ Sevurus l'avait convié à la cena, Valerius dit à ses hôtes qu'il se passait s˚rement des choses graves au Palatin : Néron n'avait pas assisté, depuis deux jours, à sa leçon de chant et de déclamation.
    - Un mauvais signe, car d'habitude c'est dans l'excitation de ses passions artistiques qu'il aime oublier les soucis de sa charge. L'un de ses affranchis, que je connais, m'a glissé dans un couloir : " II y a du complot dans l'air ! " II est vrai, continua-t-il, que Néron n'a eu, jusqu'ici, à combattre aucune conjuration. Pourtant, si l'appui du peuple lui est acquis, il ne manque pas dans le petit monde qui gravite autour

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