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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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militaires qui étaient prêts à t'abattre !
    Faenius Rufus blêmit, bredouilla et s'effondra. Néron fit un signe et, en un clin d'úil, le juge devint un condamné. quelques minutes plus tard, les prétoriens lui tranchaient la tête dans une cour voisine.
    Restaient Pison et Sénéque. Le peuple de Rome s'interrogeait sur le sort réservé aux deux personnages les plus
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    célébres de la seule piéce o˘ Néron se serait bien passé de jouer un rôle.
    Le premier, chef incontesté de la conjuration, était promis à un jugement dans les régles mais l'Empereur décida finalement qu'un tel procés risquait d'avoir des conséquences f‚cheuses sur l'opinion. Il choisit donc de le prier de se suicider, ce que fit docilement Caius Calpurnius Pison aprés avoir rédigé un testament qui faisait de Néron son héritier1.
    Le cas de Sénéque était plus singulier. L'écrivain, ancien précepteur de l'Empereur, demeuré son conseiller aimé et respecté, n'avait pas participé
    directement au complot mais il n'ignorait rien de ce qui se tramait et savait la place qu'on réservait à son génie en cas de succés. La vanité lui avait fait sacrifier son éléve et son Empereur. Hélas ! il avait cru prendre ses précautions en s'éloignant de Rome pour y attendre les événements. Malheureusement pour lui, son nom avait été plusieurs fois cité
    au cours des interrogatoires. De quoi alerter la méfiance de Tigellin qui le détestait et la suspicion de ses nombreux ennemis. Sénéque était vraiment trop riche pour un philosophe qui prônait la simplicité des múurs et dénonçait le luxe des autres ! César, la mort dans l'‚me, dit-on, lui donna l'ordre de s'ouvrir les veines. Bientôt, Rome tout entiére se racontait la mort édifiante et dramatique du plus grand écrivain de son époque.
    Valerius et Calpurnia avaient eu la primeur du récit par Martial, le poéte ami et voisin. Ce soir-là, la jeune femme avait rejoint l'insula de la rue du Poirier pour y passer la nuit et s'apprêtait à dîner frugalement en amoureux quand Martial fit irruption dans la chambre :
    - Mes amis, invitez-moi. J'arrive du Palatin et Sullius, le sénateur que Sénéque avait fait envoyer en exil parce qu'il l'avait traité, en pleine séance, de " corrupteur de jeunes garçons ", m'a raconté la fin de son ennemi. Cela vous intéresse-t-il ?
    1. Tacite, qui relate ce legs inattendu, souligne que Pison n'avait que ce moyen d'assurer une part de l'héritage à sa chére femme. . laquelle, ajoute-t-il, se remaria rapidement.
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    - Bien s˚r, viens auprés de moi, dit Calpurnia en lui faisant une place sur le lit.
    - Sénéque, commença-t-il, rentrait de Campanie et s'était arrêté dans une maison de plaisance à la quatriéme pierre milliaire1. Il était à table avec sa femme Pompeia Paulina et deux amis quand un tribun entra pour lui notifier la sentence fatale. Il ne parut pas surpris et demanda à faire son testament. Devant le refus qui lui fut opposé, il se tourna vers ses amis et leur déclara qu'il leur léguait le seul bien qui lui restait et toutefois le plus précieux, l'image de sa vie : " Si vous en gardez le souvenir, ajouta-t-il, la gloire qui s'attache à mes nobles études sera la récompense de votre amitié fidéle. " Ses amis étaient, paraît-il, tout en pleurs mais lui, en des termes plus fermes que ceux d'un censeur, les rappela aux préceptes de la sagesse.
    - Ainsi Sénéque, qui n'avait jamais mis en pratique ses leçons de vertu et de désintéressement, est-il redevenu grand au moment de la mort, souligna Valerius. Et sa femme, la pauvre Paulina ?
    - Tandis qu'il l'embrassait, elle déclara qu'elle était aussi décidée à
    mourir. Il tenta de l'en dissuader, puis finit par accepter le sacrifice de sa compagne de toujours : " Alors ce trépas, nous le subirons l'un et l'autre d'une égale constance ; mais dans ta fin il y aura plus d'éclat ! "
    Ensuite, toujours selon le tribun, messager de la mort, le même fer leur ouvrit les veines. Le reste fut atroce car le sang coulait mal. En proie à
    d'affreuses douleurs, il demanda à Paulina de passer dans une chambre voisine et appela ses secrétaires pour leur dicter son dernier discours.
    Puis il décida d'abréger et demanda le poison préparé depuis longtemps.
    Mais la drogue tardant à faire effet, il se fit plonger dans un bain chaud et, comme il éclaboussait les esclaves qui l'aidaient, il dit qu'il offrait cette libation à Jupiter libérateur.

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