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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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Valerius.
    A l'inverse d'Othon qui n'avait souhaité ressembler à Néron que par ses bons côtés, Vitellius n'en retenait que la sinistre cruauté exacerbée par Tigellin. Sous le plus futile prétexte, il envoyait au supplice des citoyens nobles, dont certains de ses plus anciens camarades de jeunesse, les usuriers, créanciers et publicains qui avaient l'audace de lui réclamer le montant de ses dettes ou qui lui avaient, au cours de ses voyages, fait payer des droits de douane.
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    Vitellius détestait ainsi beaucoup de gens, en particulier les écrivains, les faiseurs de mots. Par prudence, Martial et Valerius ne mettaient plus les pieds au palais, et l'historien, privé de ses sources d'informations, n'avait, pour le renseigner sur le nouveau régne, que les confidences d'Actée qu'il rencontrait l'aprés-midi sur l'esplanade des thermes, là o˘
    il avait connu Calpurnia. La jeune affranchie, qui demeurait toujours à la cour, protégée par son passé, méprisait profondément Vitellius et enrageait de le voir prétendre honorer Néron :
    - C'est un être abject qui tue parce qu'il aime détruire et supplicier.
    Sais-tu pourquoi il a ordonné aux astrologues de quitter Rome et l'Italie avant les calendes d'octobre ?
    - Non, je sais seulement qu'il les déteste. Mais pourquoi ?
    - Lorsqu'il est né, ses parents furent si effrayés par son horoscope, que son pére, tant qu'il vécut, fit tout ce qui était en son pouvoir pour qu'il n'obtînt aucun gouvernement. Sa mére l'a pleuré comme un fils mort quand il a été envoyé pour commander les légions en Germanie. Il craint qu'un astrologue ne ressorte cette histoire et ne publie le triste bilan de sa destinée astrale.
    - S'occupe-t-il au moins sérieusement des affaires de l'Etat ? questionna Valerius.
    - Penses-tu ! Le gouvernement est en grande partie abandonné aux histrions qui entourent le prince et surtout aux fantaisies d'Asiaticus, un jeune dépravé auquel il est lié par une passion partagée.
    - On a déjà connu pareille situation avec Sporus... remarqua non sans malice Valerius.
    - Non. Sporus n'a jamais eu de mauvaise influence sur Néron auquel il est resté fidéle jusqu'à la fin.
    L'historien n'insista pas, Actée voyait toujours Néron avec les yeux d'une amante. Il préféra l'interroger sur les bruits qui couraient d'une révolte de légions hors de Rome.
    - Tu sais sans doute que Vespasien a été proclamé par 121
    ses légions. Il paraît que les ralliements se multiplient : ceux de l'Espagne, des Gaules, de la Bretagne, certains venant même de l'armée vitellienne. Tout le monde au Palatin se prépare en secret à accueillir le nouvel empereur.
    Le lendemain, quinziéme jour avant les calendes de janvier, Valerius était dans la rue, prêt à vivre une journée étrange. A la nouvelle que la légion et les cohortes de Narni venaient de faire défection, Vitellius s'était brusquement décidé à l'abdication publique. L'historien, comme des milliers de Romains, assista à une scéne navrante : l'Empereur, vêtu d'habits de deuil, quittait le Palatin suivi de sa famille et de sa maison en larmes.
    Il y avait même son jeune fils qu'on portait dans une petite litiére.
    Un irréel cortége funébre accompagnait Vitellius à travers Rome, en direction du temple de la Concorde. Là, il devait déposer les insignes du pouvoir impérial. Ce spectacle insolite était mal supporté par les prétoriens et les soldats qui lui étaient restés fidéles et craignaient une répression sévére de son successeur. Le peuple non plus ne comprenait pas la démission sans combat de celui dont il venait d'acclamer l'accession au sommet de l'Empire. A mesure que le cortége avançait, la réprobation devenait pressante et générale, accompagnée de cris et de priéres. Alors le gros Vitellius se raidit et écouta ceux qui voulaient résister : " C'est par amour de la paix et de la République que je voulais partir, déclara-t-il d'une voix triste, mais puisque vous voulez me ramener au Palatin, nous allons continuer la lutte ! "
    " La guerre n'est pas finie, pensa Valerius qui avait suivi la procession depuis le début. Voyons ce qui se passe de l'autre côté. " L'autre côté, c'étaient les partisans de Vespasien, des nobles pour la plupart, et une avant-garde de l'armée que contrôlait Flavius Sabinus, le frére du chef de l'armée d'Orient proclamé César par ses soldats. Afin d'éviter la guerre civile, Flavius avait conclu un accord

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