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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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façon de construire les vo˚tes. Calpurnia, elle, dirigeait le personnel et veillait au ravitaillement. Elle accompagnait souvent Ceria aux halles, un immense b
    ‚timent de brique en forme d'hémicycle qui s'élevait à l'extrémité ouest du forum. C'était pour elle un soulagement de s'échapper de la maison en sommeil o˘ le maître vivait avec dignité mais en proie à de grandes souffrances les derniers moments de sa vie. Aux halles, le brouhaha de la foule, les discussions avec les marchands, les rencontres avec d'anciennes amies lui faisaient oublier l'atmosphére pesante du Vélabre. Elle se promenait avec délices entre les monuments de choux, de laitues pommées ou montées appelées romaines, de courges, de concombres ou d'asperges.
    quelquefois, on était en hiver, elle faisait une folie et achetait des truffes. Ungestator, retenu à l'entrée du marché, chargeait sur un chariot les provisions qu'il porterait ensuite au Vélabre. Aprés cette récréation, Calpurnia rentrait rassérénée et s'occupait de son oncle dont la santé
    déclinait de jour en jour.
    Vers la fin de février, le vieil architecte sentit que ses 127
    derniéres forces l'abandonnaient. Un matin, il demanda à Celer de commander une litiére :
    - Tu vas me conduire à la Maison Dorée, dit-il. Je veux revoir avant de mourir cette folie que nous a fait construire Néron. Si ce n'est pas mon úuvre préférée, c'est la plus grandiose, celle qui m'a causé le plus de soucis mais aussi beaucoup de joie parce que nous l'avons construite ensemble. Calpurnia viendra avec nous. Elle aussi a vécu cette aventure prodigieuse qui lui a peut-être un peu g‚ché sa jeunesse mais qui doit rester pour elle un noble souvenir. Le souvenir de moi, je veux dire.
    L'air était sec et le soleil brillait quand la litiére emporta Calpurnia, serrée entre son mari et son oncle, vers l'univers des rêves néroniens.
    L'immense parc semblait somnoler entre ses villas blanches, ses statues abritées sous la verdure et sa piéce d'eau immense o˘ évoluaient des cygnes et des canards. Il était gardé comme si l'Empereur, qui ne l'avait réellement jamais habité, y était attendu dans l'heure. Mais seul son colosse de marbre et d'or régnait sur la ville morte surgie au cúur de la vraie ville...
    - quel délire peut pousser un homme, f˚t-il César, à concevoir une telle chose ? murmura Sevurus.
    - C'est tout de même beau, non ? répondit Celer. Sans la mégalomanie des rois, les pauvres architectes et les b‚tisseurs mourraient de faim. Votre úuvre résistera au temps et sera encore admirée dans les siécles futurs !
    - J'en doute. Si Galba, Othon et Vitellius n'ont pas osé y toucher parce que Néron était encore populaire, ses successeurs, comme je te l'ai déjà
    dit, voudront effacer cette trace d'une grandeur insensée. Mais l'entreprise est trop fabuleuse pour qu'il n'en reste pas quelque chose dans le souvenir des Romains. Les historiens en parleront peut-être... Si Valerius était encore parmi nous, je lui aurais demandé d'écrire l'histoire de la Maison Dorée. Mais rentrons maintenant, j'ai froid et j'ai revu ce que je souhaitais !
    Un matin, Sevurus ne se leva pas. C'est Calpurnia qui 128
    lui fit sa toilette à l'eau de rosé, peigna avec douceur ses longs cheveux blancs et lui cala la tête avec un oreiller de lin afin qu'il puisse recevoir ceux à qui il voulait dire adieu : les derniers vieux amis, ils étaient peu nombreux, qui avaient échappé à une mort violente, à un suicide ordonné ou simplement à la maladie.
    quand le dernier visiteur fut parti, il appela Celer et Calpurnia.
    - Mes enfants, dit-il d'une voix affaiblie mais encore harmonieuse, les heures me sont comptées. Je vais mourir en paix. Gr‚ce à vous qui vous êtes unis pour que cette maison continue à distiller le bonheur. Je ne regrette qu'une chose, c'est de n'avoir pu porter dans mes bras votre premier enfant. Mais je l'imagine courant dans le jardin aprés les papillons...
    Celer en fera un bon architecte ! Mes affaires sont en ordre. Vous allez hériter du fruit de mon travail. C'est de l'argent gagné honnêtement. Ah !
    Demandez à Martial de venir. Je veux lui redire une derniére fois qu'il a beaucoup de talent et qu'il ne doit pas le g‚cher. Aprés, je vais vous oublier un peu et ne penser en fermant les yeux qu'à ma chére Arria, ma fidéle et courageuse épouse qui m'a accompagné si longtemps.
    Sevurus mourut un peu plus tard en tenant les

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