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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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si les turpitudes des puissants avaient tendance à s'estomper sous l'autorité
    morale de Vespasien, il trouvait toujours quel-
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    ques affranchis enrichis ou quelques sénateurs débauchés pour exercer sa verve redoutable. Ses meilleurs mots, ses piques les plus acérées, il les réservait aux courtisans, à ceux qui se targuaient de faire partie du "
    cénacle ", allusion discréte aux abris choisis par le Christ pour réunir ses disciples.
    - Serais-tu attiré par le christianisme ? avait un jour demandé Celer.
    Martial avait souri :
    - Non, tu sais bien que, comme mon ancien patron Néron, je ne crois en rien, mais j'avoue être intrigué : il s'est passé quelque chose à la mort de ce Juif étrange qui se disait le fils de Dieu, réussissait des guérisons et, dit-on, des miracles. Pline pense comme moi : l'affaire Jésus de Nazareth n'est pas finie et ce n'est pas le massacre de quelques centaines de chrétiens accusés sous Néron d'avoir mis le feu à Rome qui empêchera la nouvelle foi de prospérer.
    - Mais d'o˘ vient ce nom de chrétiens ? demanda Calpurnia, vivement intéressée.

    - Le vieux Julius Nancius, qui sait tout, et plus particuliérement ce qui a trait aux religions, m'a dit qu'il avait longuement parlé à un proconsul converti dont il n'a pas voulu me dire le nom. Il revenait d'Antioche o˘ il avait rencontré un certain Sa˚l et son compagnon Barnabas, deux missionnaires qui parcourent la Gréce, la Turquie, la Syrie pour évangéliser les paÔens. C'est donc à Antioche que les croyants qui s'appelaient jusqu'alors " fréres ", " disciples " ou " gens de la voie "
    reçurent le nom de chrétiens qui les unissait dans une même croyance1.
    - Ce Julius Nancius m'intrigue, dit Calpurnia. Pourquoi ne l'aménes-tu pas.
    un jour au Vélabre ?
    - Il est vieux et ne se déplace pas mais si tu tiens à le 1. Antioche, grand centre de l'Orient hellénistique, conquise par les Romains (65 av. J.-C.), devint la troisiéme ville de l'Empire aprés Rome et Alexandrie. Evangélisée par saint Barnabe et saint Paul, elle devint une métropole chrétienne dont saint Pierre aurait été le premier évê-que.
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    connaître, je te ménerai chez lui, au fond du Trastevere o˘ il philosophe en grec ou en latin avec ceux qui poussent sa porte, à condition qu'ils aient quelque chose à dire.
    - Il me passionne de plus en plus. Tu me conduiras auprés de lui quand tu voudras. Mais tout à l'heure, tu parlais de Pline. Lui n'est pas vieux et pourra peut-être venir un jour partager l'un de nos repas ? En mémoire de Sevurus, je veux que cette maison vive d'une façon intelligente et rassemble autour de nous non pas les gens les plus connus mais ceux qui aiment à échanger des idées. Aide-moi, Martial, améne-nous ce Pline dont on dit qu'il ne cesse d'écrire et de raconter.
    - Mais oui, petite Calpurnia. Pline viendra. Il a d˚ d'ailleurs connaître ton oncle ?
    - Oui, il y a déjà longtemps, avant qu'il ne parte pour la Germanie commander un corps de cavalerie. Je ne l'ai jamais rencontré, je n'étais pas née, mais je sais qu'ils se sont f‚chés pour une histoire idiote de grammaire. Sevurus était trés savant dans ce domaine et Pline avait été
    l'éléve d'Apion que l'oncle détestait. Mais Sevurus en parlait souvent et disait qu'il aurait été heureux de le revoir.
    - Eh bien, nous réconcilierons, par-delà la mort, l'écrivain universel qui parle aussi bien de physique, d'agriculture, d'astronomie que d'histoire naturelle et l'architecte génial qui pouvait lui aussi discourir sur tout !
    Celer, lui, n'était pas pleinement heureux. Construire des maisons pour des Romains fortunés ne l'enthousiasmait pas. Calpurnia avait beau lui dire que Sevurus n'avait pas fait que b‚tir des palais ou des temples mais avait le plus souvent gagné sa vie en logeant des imbéciles prétentieux, Celer avait encore trop en mémoire la fabuleuse aventure de la Maison Dorée pour se contenter d'un travail mineur. " quand donc l'Empereur me confiera-t-il une úuvre qui me permettra de montrer ce que je peux faire ? " répétait-il.
    Martial se moquait et rétorquait qu'il préférerait, lui, 136
    écrire Les Géorgiques plutôt que d'amuser les amis, et heureusement aussi quelques amateurs, avec des satires banales.
    Celer, n'ayant au palais aucune relation susceptible de le renseigner ou de plaider sa cause, se promenait dans Rome pour voir si Vespasien n'avait pas mis en chantier un grand monument dont

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