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Les Essais, Livre II

Les Essais, Livre II

Titel: Les Essais, Livre II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Montaigne
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qui
tangere vellet
Uxorem gratis Cæciliane tuam,
Dum licuit : sed nunc positis custodibus, ingens
Turba fututorum est. Ingeniosus homo es
.
    On demanda à un philosophe qu'on surprit à mesme, ce qu'il
faisoit : il respondit tout froidement, Je plante un
homme : ne rougissant non plus d'estre rencontré en cela, que
si on l'eust trouvé plantant des aulx.
    C'est, comme j'estime, d'une opinion tendre, respectueuse, qu'un
grand et religieux autheur tient ceste action, si necessairement
obligée à l'occultation et à la vergongne, qu'en la licence des
embrassements Cyniques, il ne se peut persuader, que la besoigne en
vinst à sa fin : ains qu'elle s'arrestoit à representer des
mouvements lascifs seulement, pour maintenir l'impudence de la
profession de leur eschole : et que pour eslancer ce que la
honte avoit contrainct et retiré, il leur estoit encore apres
besoin de chercher l'ombre. Il n'avoit pas veu assez avant en leur
desbauche. Car Diogenes exerçant en publiq sa masturbation, faisoit
souhait en presence du peuple assistant, de pouvoir ainsi saouler
son ventre en le frottant. A ceux qui luy demandoyent, pourquoy il
ne cherchoit lieu plus commode à manger, qu'en pleine ruë :
C'est, respondoit il, que j'ay faim en pleine ruë. Les femmes
philosophes, qui se mesloyent à leur secte, se mesloyent aussi à
leur personne, en tout lieu, sans discretion : et Hipparchia
ne fut receuë en la societé de Crates, qu'en condition de suyvre en
toutes choses les uz et coustumes de sa reigle. Ces philosophes icy
donnoient extreme prix à la vertu : et refusoyent toutes
autres disciplines que la morale : si est-ce qu'en toutes
actions ils attribuoyent la souveraine authorité à l'election de
leur sage, et au dessus des loix : et n'ordonnoyent aux
voluptez autre bride, que la moderation, et la conservation de la
liberté d'autruy.
    Heraclitus et Protagoras, de ce que le vin semble amer au
malade, et gracieux au sain : l'aviron tortu dans l'eau, et
droit à ceux qui le voyent hors de là : et de pareilles
apparences contraires qui se trouvent aux subjects, argumenterent
que tous subjects avoyent en eux les causes de ces
apparences : et qu'il y avoit au vin quelque amertume, qui se
rapportoit au goust du malade ; l'aviron, certaine qualité
courbe, se rapportant à celuy qui le regarde dans l'eau. Et ainsi
de tout le reste. Qui est dire, que tout est en toutes choses, et
par consequent rien en aucune : car rien n'est, où tout
est.
    Ceste opinion me ramentoit l'experience que nous avons, qu'il
n'est aucun sens ny visage, ou droict, ou amer, ou doux, ou courbe,
que l'esprit humain ne trouve aux escrits, qu'il entreprend de
fouïller. En la parole la plus nette, pure, et parfaicte, qui
puisse estre, combien de fauceté et de mensonge a lon faict
naistre ? quelle heresie n'y a trouvé des fondements assez, et
tesmoignages, pour entreprendre et pour se maintenir ? C'est
pour cela, que les autheurs de telles erreurs, ne se veulent jamais
departir de ceste preuve du tesmoignage de l'interpretation des
mots. Un personnage de dignité, me voulant approuver par authorité,
ceste queste de la pierre philosophale, où il est tout
plongé : m'allegua dernierement cinq ou six passages de la
Bible, sur lesquels il disoit, s'estre premierement fondé pour la
descharge de sa conscience : (car il est de profession
Ecclesiastique) et à la verité l'invention n'en estoit pas
seulement plaisante, mais encore bien proprement accommodée à la
deffence de ceste belle science.
    Par ceste voye, se gaigne le credit des fables divinatrices. Il
n'est prognostiqueur, s'il a ceste authorité, qu'on le daigne
feuilleter, et rechercher curieusement tous les plis et lustres de
ses paroles, à qui on ne face dire tout ce qu'on voudra, comme aux
Sybilles : Il y a tant de moyens d'interpretation, qu'il est
malaisé que de biais, ou de droit fil, un esprit ingenieux ne
rencontre en tout subjet, quelque air, qui luy serve à son
poinct.
    Pourtant se trouve un stile nubileux et doubteux, en si frequent
et ancien usage. Que l'autheur puisse gaigner cela d'attirer et
embesoigner à soy la posterité. Ce que non seulement la suffisance,
mais autant, ou plus, la faveur fortuite de la matiere peut
gaigner. Qu'au demeurant il se presente par bestise ou par finesse,
un peu obscurement et diversement : ne luy chaille :
Nombre d'esprits le belutants et secoüants, en exprimeront quantité
de formes, ou selon, ou à costé, ou au contraire de la

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