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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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lubrique. Tron se redressa et hocha la tête. Pas besoin de les examiner de plus près. Seulement, étaient-ils tous là ? Non, peu probable. Le truand n’avait sans doute pas manqué d’en conserver un ou deux, pour le cas où. Dans ces conditions, il accepterait peut-être un rabais de mille lires. Le commissaire mit la main dans sa poche et en sortit quatre bourses en cuir qu’il plaça sur la table.
    Le travesti les ouvrit l’une après l’autre, en déversa le contenu doré et compta l’argent avant de le ranger. Son masque blanc sur lequel se reflétait la flamme semblait planer dans la pénombre. Lorsqu’il eut tout vérifié, il secoua la tête, se redressa et dit d’un ton déçu :
    — Il en manque.
    La larme peinte sur sa joue droite renforçait l’impression de tristesse.
    — Son Altesse déplore au plus haut point de n’avoir pu rassembler l’intégralité du montant, prétendit Tron avec un haussement d’épaule. Toutefois, quatre mille lires représentent déjà une coquette somme.
    Pour un homme en passe de se faire escroquer de mille lires, l’inconnu resta d’un flegme remarquable.
    — Vous me mettez dans l’embarras, signore.
    Le commissaire sourit.
    — Vous m’en voyez désolé, je vous assure. C’est que la situation financière de Son Altesse ne…
    Le maître chanteur lui coupa la parole d’un geste énergique et déclara d’une voix à présent ferme et dure :
    — Vous avez conscience, j’espère, que cette défaillance rend notre accord caduc ?
    Notre accord  ? L’aplomb avec lequel il qualifiait d’accord une extorsion de fonds impressionna l’émissaire de Son Altesse. Tron haussa pourtant une deuxième fois les épaules.
    — Comme je vous le disais, cela représente déjà une coquette somme…
    Somme dont le malfaiteur se contenterait sûrement, pensa-t-il. Il lui suffisait de tendre le bras, de s’emparer des sacs et de s’éclipser dans la nuit. Or au lieu de cela, l’inconnu se tourna sur le côté et souleva sa cape. Presque au même instant, Tron reconnut un Derringer qui brillait dans sa main. Une arme de femme, logique. Puis il entendit le claquement métallique du chien qui s’enclenchait.
    — Faites un pas en arrière, signore.
    Par précaution, Tron s’exécuta. Il vit l’individu tendre la main vers les bourses en cuir et glisser celles-ci sous sa cape, puis s’emparer des photographies et les faire disparaître. Soudain, le commissaire frissonna. Le froid qui traversait ses semelles et lui remontait dans les jambes était accompagné d’un autre sentiment, plus pénible encore : celui d’avoir commis une erreur et d’être mal parti.
    — Ces clichés m’appartiennent ! protesta-t-il.
    La fausse blonde éclata de rire, sans respirer.
    — Vous avez tenté de me duper, Signore. Je fais pareil !
    Un Derringer n’était pas un pistolet très dangereux, mais tirée à quatre ou cinq pas, une balle dans le front le tuerait à coup sûr. Pour gagner du temps, Tron demanda, bien qu’il connût la réponse d’avance :
    — Que voulez-vous dire par là ?
    Le travesti haussa les épaules.
    — Que je vais m’en aller avec les quatre mille lires et les photographies.
    — Et moi dans tout cela ?
    Le maître chanteur ne s’efforça même pas de donner à sa voix un accent de menace.
    — Vous le savez parfaitement, répondit-il en tendant le bras pour viser.
    En effet. Il le savait parfaitement. Le commissaire nota le double canon de nouveau pointé entre ses yeux. Il s’éclaircit la gorge avant de suggérer :
    — Et si je trouvais le reste ?
    Il parlait vite dans l’espoir que le son de sa voix lui donnerait de la force.
    — Peut-être qu’en fouillant mes poches, je découvrirais l’argent manquant. Je pourrais le poser sur la table et vous, l’accepter en échange des photographies.
    Le travesti secoua la tête.
    — Je préfère partir avec les quatre mille lires et conserver les clichés. C’est un meilleur marché.
    — Les photographies n’ont plus aucune valeur pour vous ! objecta le policier. L’Église ne traite pas avec les assassins.
    — Non, elle n’en a pas besoin… lâcha-t-il. Elle se charge elle-même des crimes.
    — Rendez-moi ces photos et partez ! l’exhorta Tron. Je suis le commissaire de Saint-Marc. Je vous accorde une avance de douze heures. Cela devrait vous suffire pour atteindre le territoire de Turin.
    — Quoi ? demanda l’autre avec stupeur. Vous êtes… le

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