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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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dans le lit, se cachant complètement sous la couverture, ayant une terrible envie de rire tant son attitude lui parut enfantine. Elle entendit Ovila parler. Elle crut ensuite reconnaître la voix de Lazare. Qu’est-ce que Lazare était venu faire ici, s’était-elle vaguement demandé, se répondant aussitôt qu’il était probablement venu vérifier s’ils avaient besoin de quelque chose. Elle tendit l’oreille. Ovila ne parlait plus. Elle se leva, marcha sur la pointe des pieds et regarda discrètement par la fenêtre. Ovila était seul, la tête soutenue par ses bras appuyés sur un tronc d’arbre. Il lui tournait le dos. Elle eut le terrible pressentiment que Lazare venait de lui apprendre quelque chose de désagréable. Elle se dirigea vers la porte et chuchota.
    «Ovila, est-ce que je peux sortir?»
    Il fit oui de la tête avant de se retourner. Émilie se dirigeait déjà vers lui, sautillant entre les cailloux et les bouts de bois sec. Il la regarda venir, ne sachant comment lui annoncer la mauvaise nouvelle qu’il venait d’apprendre. Emilie essaya de sourire, mais la gravité du visage d’Ovila l’en empêcha.
    «Qu’est-ce qui se passe, Ovila?
    —        C’était Lazare, Émilie.» Il cherchait ses mots. «Viens ici, ma belle brume, j’ai quelque chose à te dire.»
    Elle s’approcha de lui et il l’enserra dans ses bras.
    «Tu me fais peur, Ovila, qu’est-ce qui se passe? Est- ce que quelqu’un est malade?»
    Ovila soupira. Elle avait visé juste. Il lui dit finalement que Lazare était venu pour l’avertir, elle, que Charlotte la réclamait. Charlotte était au plus mal. Le médecin ne lui donnait que quelques heures.
    Émilie se précipita à l’intérieur du petit camp, en ressortit à la hâte pour remplir un bol à main d’eau fraîche du lac, retourna aussi rapidement à l’intérieur et demanda à Ovila d’atteler le cheval. Il lui dit que Lazare s’en était chargé et que l’attelage serait prêt. Elle lui demanda alors de se raser mais il répondit qu’il était préférable de ne pas perdre de temps à chauffer de l’eau.
    «Ça presse tant que ça?» demanda-t-elle, soudain très inquiète de ne pas arriver à temps pour embrasser sa petite Charlotte.
    —        Je pense que ça presse, oui.»
    Elle enfila une robe à la hâte, apporta son peigne et ses pinces à cheveux pour se faire un chignon en cours de route et dit à Ovila qu’elle était prête. Ils coururent jusqu’à la calèche, y montèrent précipitamment et Ovila poussa la bête.
    Ils arrivèrent chez Charlotte. Émilie sauta de la calèche et se hâta vers la maison, soulagée de voir que la voiture du curé n’était pas là. Elle frappa à la porte et entra avant même qu’on vienne ouvrir. La mère de Charlotte l’accueillit, le visage inondé de larmes.
    «Charlotte vous attend, mam’s...madame. On dirait qu’il y a-quelque chose qu’elle veut vous dire.»
    Émilie suivit la mère jusqu’au chevet de Charlotte. Toute sa famille était agenouillée autour du lit. Émilie s’approcha, soudain prise d’effroi à l’idée que c’était la première fois qu’elle côtoyait la mort. On lui dégagea un passage. Elle respira profondément, prit une des mains de Charlotte dans les siennes et se pencha pour lui chuchoter qu’elle était là. Charlotte, émaciée, jaunâtre et cireuse, clignota des yeux. Elle demanda péniblement à Émilie si elle avait reçu son cadeau. Émilie lui dit que oui, essayant de mettre un peu de gaîté dans sa voix, et lui jura que c’était le cadeau le plus gentil et le plus pratique qu’elle avait reçu. Charlotte grimaça un sourire. Elle lui répéta qu’elle n’avait jamais trahi leur secret. Emilie ne savait toujours pas de quel secret il s’agissait. Elle avait à maintes reprises, depuis son mariage, essayé de résoudre l’énigme de cette petite phrase, s’étant promis de venir voir Charlotte dès son retour du lac à la Perchaude. Elle n’eut plus le courage de lui demander, maintenant, quel était ce fameux secret qui semblait avoir eu beaucoup d’importance pour Charlotte. Un sanglot lui monta à la gorge. Combien Charlotte avait eu d’importance pour elle aussi. Pourquoi l’avait-elle tant négligée depuis un an? Charlotte laissa tomber sa tête lourdement sur l’oreiller. Puis elle rouvrit les yeux encore une fois, regarda tout autour de la pièce, essayant de fixer son regard sur chacune des personnes présentes, puis

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