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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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dans sa belle-famille. Elle était pressée d’être dans sa maison. En franchissant le seuil, elle en ressentit tout le vide. Elle courut à sa chambre, s’allongea sur son lit et pleura. C’est ce moment que choisit le bébé pour donner son premier coup de pied.
    Ses fringales l’avaient quittée en même temps qu’Ovila. Elle passa toutes ses soirées à apprendre à jouer de son accordéon et sut rapidement quelques airs qu’elle fredonnait ou chantait, le regard absent. Ovila lui écrivait souvent, mais elle le sentait tellement loin. Ovide venait fréquemment lui tenir compagnie. Voyant qu’elle ne désennuyait pas, malgré une bonne humeur apparente, il lui offrit d’aller surprendre Ovila le dimanche suivant. Émilie bondit de joie, lui disant qu’il était le beau-frère le plus extraordinaire de la terre. Elle occupa le reste de sa semaine à se préparer le cœur, à faire du sucre à la crème pour Ovila et à finir le chemisier qu’elle avait commencé avant son départ, mais qu’elle n’avait pas eu le courage de terminer.
    Le dimanche arriva enfin...impossible à distinguer tant la neige était opaque. Ils ne purent se déplacer. Ils reportèrent la visite au dimanche suivant. Le samedi qui le précéda fut mémorable pour Emilie. Son père et sa mère vinrent la visiter et restèrent à coucher. Elle se promit donc d’aller la semaine suivante, mais elle reçut Antoinette et Henri qui, au ton d’une des lettres qu’elle avait écrites, avaient décidé de venir lui tenir compagnie. Ovide, fiévreux, annula la visite du quatrième dimanche. Il ne resta plus que deux semaines avant le retour d’Ovila. Emilie décida donc qu’elle ne le surprendrait pas. C’est lui qui la surprit, en pleine nuit, le mardi suivant.
    Elle dormait paisiblement lorsqu’elle s’éveilla, ayant cru entendre entrer quelqu’un. Elle n’eut pas le temps de s’inquiéter.
    «Salut! ma belle brume.
    —        Ovila? demanda-t-elle surprise.
    —        J’espère que je suis le seul homme qui rentre ici en pleine nuit...
    —        Ovila! dit-elle d’un ton qui criait sa joie.
    —        Non, c’est Charles.
    —        Ovila...» roucoula-t-elle, plongée enfin dans une réalité de rêve.
    Il s’empressa de se dévêtir, plongea littéralement dans le lit et l’étreignit.
    «J’en pouvais pus de m’ennuyer, Émilie.
    —        J’en pouvais pus d’attendre, Ovila.»
    Il lui caressa le ventre, elle lui embrassa la nuque.
    «Ça fait quatre dimanches que j'essaie d’aller te voir. Comment ça se fait que tu es revenu avant Pâques?
    —        Le travail était à peu près fini, ça fait que le foreman a dit qu’il fallait que des hommes partent. Je me suis porté volontaire, ça a pas pris goût de tinette.
    —        Tu as le meilleur foreman du monde.»
    Le soleil de juin avait confondu ses mois, laissant paraître ses rayons de juillet, brûlants et sans cesse présents. Emilie se traînait les pieds du lit à la cuisine, de la cuisine à la chambre du bébé, de la chambre du bébé à son lit. Elle n’en pouvait plus de porter sa maternité. Plus la journée de l’accouchement approchait, plus elle tremblait. Elle avait peur. Elle savait que la nature l’avait rendue difforme et lourde pour l’obliger en quelque sorte à souhaiter la naissance. Mais Émilie ne pouvait pas encore s’y résoudre. Elle aurait voulu être une ardoise et demander à Ovila d’effacer toute trace de sa grossesse. Leurs nuits étaient agitées d’insomnies. Elle se levait à tout moment pour soulager sa vessie trop comprimée, venait se recoucher et tentait de se coller sur Ovila. Elle avait peur. Ovila tentait bien faiblement de la rassurer. Lui même souffrait d’une angoisse qui lui collait au ventre. Il ne voulait pas revivre des heures comme celles qu’il avait connues pendant et après la naissance de Marie-Anne. Non! Jamais il n’accepterait, cette fois, de faire un petit cercueil blanc.
    Chacun se gardait bien de dire à l’autre la profondeur du gouffre de sa peur. Ils avaient vu le médecin qui les avait rassurés en leur disant que tout allait très bien. Qu’Émilie était faite pour porter un enfant. Il lui avait offert de l’assister pour l’accouchement, mais elle avait blagué en lui répondant qu’elle préférait que ce soit la sage-femme.
    «Je vous promets que si ça prend trop de temps, je vas envoyer Ovila vous chercher pour

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