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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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Si tu embarques dans l’buggy, arrange-toi pour être prêt. Personne va te courir après.»
    Ovila tourna autour d’Émilie pendant deux jours. Il avait tant de fois promis de ne jamais la quitter. Il dormit mal. Il savait qu’il ne pourrait pas toujours rester à la maison. Peu d’hommes le faisaient. Il en voulait un peu à son père de lui avoir fait cette proposition. Son père aurait dû comprendre qu’il voulait être chez lui, près de sa femme. Il avait déjà parcouru tant de chemins, travaillé sur tellement de chantiers, que la seule chose à laquelle il aspirait était la tranquillité de sa maison. Il avait envie d’entendre le ronronnement de la truie, le cliquetis des aiguilles à tricoter. Il avait envie d’être bien collé sur Émilie, dans leur lit, et d’écouter le vent gronder. Il avait envie de passer des heures dans son atelier à faire le berceau et la commode pour le petit, pendant qu’Émilie serait occupée à faire des rideaux, des piqués et des langes. Il n’avait surtout pas envie de s’éloigner. Mais, en même temps, il voulait montrer à son père qu’il avait changé; lui prouver qu’il était le fils qui pourrait prendre la relève avec Edmond; lui faire plaisir après lui avoir fait faux bond à tellement de reprises.
    Il se décida enfin à parler à Émilie. Elle écouta toutes ses raisons de partir et toutes ses raisons de ne pas le faire. Ovila semblait vouloir qu’elle décide à sa place. Elle sentait bien son tiraillement. Elle savait aussi qu’il ne lui disait pas tout. La vie dans le bois l’attirait. Peut-être n’en avait-il pas encore pris conscience, mais elle, elle le savait. Une femme sentait ces choses. Quand Ovila n’était pas dans le bois, il lui fallait travailler le bois, toucher le bois. Elle avait su cela quand il lui avait avoué qu’il avait construit le chalet du lac à la Perchaude en même temps qu’il avait terminé la maison de son père. Il l’avait fait pour elle, pour qu’elle ait une belle place près de l’eau. Emilie aimait l’eau, ce n’était un secret pour personne. Mais Emilie avait compris que s’il avait construit le chalet, c’était aussi et beaucoup parce que pendant tout ce temps, il avait été dans le bois. Il avait vécu au lac presque tout le mois d’août. Il avait été tellement absorbé par ses travaux de construction qu’il n’avait plus eu le temps d’aller la voir à Saint-Stanislas. Elle avait appris toutes ces choses pendant leur semaine au lac. Elle avait compris que son Ovila serait toujours tiraillé. Elle ne pouvait lui en vouloir. Elle-même, depuis son mariage, trouvait que les journées étaient bien longues sans sa trentaine d’enfants. Heureusement, la présence d’Ovila avait toujours compensé. Maintenant, il lui parlait de partir. A peine trois mois. Mais trois mois. Elle ne se sentait pas le courage de lui dire de rester. Elle ne se sentait pas non plus le courage de lui dire de partir. Il devait décider lui-même. S’il partait, elle l’attendrait. S’il restait, elle serait encore mieux.
    «Écoute, Ovila, moi je pense que tu peux faire ce que tu veux. C’est pas trois mois qui vont me faire mourir. Quand une femme vit dans un pays de bois, faut qu’elle se fasse à l’idée que des fois, le bois devient bien important. Pis pas rien que pour gagner de l’argent...»
    Ovila avait longuement hésité, incertain d’avoir bien compris ses propos. Elle avait peut-être essayé de lui faire comprendre qu’elle était incapable de l’avoir à côté d’elle tout le temps, habituée qu’elle était à sa solitude. Le lendemain, il lui dit qu’il avait décidé d’accompagner son père.
    Emilie sourit pour bien cacher la grimace que son cœur venait de faire. Sa grande rivale, la forêt, venait de gagner une bataille.
    Elle prépara ses vêtements. Il affûta sa scie et sa hache. Le lendemain de la Fête des Rois, il partit, le cœur chagrin. Elle l’accompagna jusqu’au traîneau, le tenant par la main, s’efforçant de sourire.
    «Je vas être ici pour Pâques, ma belle brume. Fais attention au p’tit», ajouta-t-il en lui mettant une main sur le ventre.
    «Je vas lui parler de toi à tous les jours, crains pas... Je m’ennuie déjà de toi, Ovila.»
    Dosithée leur dit de cesser leurs minouchages et de se presser. Ovila embrassa Emilie sur les dents, tellement elle souriait, mais elle lui avait mouillé une joue de ses larmes.
    Elle refusa de passer la soirée

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