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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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que vous apportiez vos pinces à glace. Je veux bien faire mon effort, mais j’ai pas envie de pâtir là. » Le médecin lui avait répété qu’elle pouvait compter sur lui.
    Le neuf juin, neuf mois jour pour jour après son mariage, Emilie sentit quelque chose lui serrer le ventre et lui déchirer les reins. Elle n’en parla pas à Ovila. Ces tiraillements ne durèrent que quelques heures et disparurent. Le lendemain, à l’aube, le même phénomène se produisit. Cette fois, il ne disparut pas.
    Elle essaya d’être calme et se rassura en se disant qu’elle était jeune et en santé, mais le cœur lui débattait dès que son ventre se recroquevillait. Elle prit un ton très posé — où en avait-elle trouvé la force? — pour dire à Ovila qu’elle croyait bien que ça y était. Ovila partit à la hâte chez ses parents, demander à sa mère de venir tout de suite et envoyer Oscar chez la sage-femme. Félicité rit de son énervement.
    «Calme-toi, mon gars. La première fois, ça prend des heures. C’est le premier qui fait le chemin pour les autres à venir. »
    Elle promit à Ovila qu’elle viendrait dès qu’elle se serait habillée et qu’elle aurait mis un peu d’ordre dans sa maison. Ovila ne la comprenait pas. Il avait l’âme à l’envers à cause des difficultés qu’elle avait connues. Elle ne semblait même pas s’en souvenir.
    «En attendant la sage-femme, rends-toi utile. Nettoie bien la cuisine pis garde de l’eau chaude tout le temps.»
    Dosithée ne dit pas un mot. Un accouchement l’inquiétait toujours. Il avait hâte d’être grand-père, mais il aurait voulu que la chose prenne deux minutes. Il serra l’épaule d’Ovila. Ovila lui en fut reconnaissant. Son père, lui, n’avait pas oublié. Non, Dosithée n’avait pas oublié le terrible choix qu’il avait eu à faire. Ovila repartit en répétant à sa mère qu’il l’attendait.
    Félicité rentra dans sa chambre. Elle ferma la porte bien lentement. Dès qu’elle fut seule, elle s’agenouilla. Elle tremblait. Elle n’avait pas le courage d’aller chez Ovila. Elle n’avait pas la force d’entendre crier Emilie. Elle ne voulait plus voir le sang de la naissance. Quatre fois, pour elle, ce sang avait été celui de l’immolation d’un bébé. «Bon Dieu, aidez-moi à aider Emilie. C’est encore un Pronovost qui va naître. Bon Dieu, laissez-le donc naître en paix!»
    Elle ressortit de sa chambre aussi calmement qu’elle y était entrée. Elle regarda son mari, bien en face.
    «J’y vas, Dosithée. Pense un peu à elle.»
    Dosithée savait qu’il ne ferait que cela. B lui promit qu’il «brasserait le Saint-Esprit».
    Félicité frappa avant d’entrer chez son fils. À son grand soulagement, Emilie était assise dans la cuisine, presque souriante. Félicité regarda Ovila en se demandant s’il n’avait pas alerté la sage-femme pour rien. Emilie lut ses pensées.
    «C’est moi, madame Pronovost, qui veux rester ici le plus longtemps possible. J’ai pas vraiment envie d’aller me coucher parce c’est dans les reins que ça fait mal. »
    Félicité lui dit qu’elle resterait avec elle toute la journée s’il le fallait. Emilie se demanda comment elle pourrait endurer ce mal pendant toute une journée.
    La sage-femme arriva, demanda à Emilie de passer dans la chambre à coucher pour qu’elle l’examine, lui posa toutes les questions d’usage et revint dans la cuisine, satisfaite.
    «Ça va bien, dit-elle en se lavant les mains. Elle est déjà à deux doigts.»
    Émilie rejoignit son monde dans la cuisine. Elle marchait de long en large, s’appuyant au bras d’Ovila, en disant qu’elle préférait être debout pendant les contractions.
    Le soleil avait atteint son zénith qu elle marchait encore. La sage-femme l’avait examinée deux autres fois. Le travail était lent.
    «Elle est toujours à deux doigts.»
    Émilie s’inquiétait. Pourquoi le travail était-il si long? Quand le soleil commença à décliner, Dosithée vint aux nouvelles. Il avait empêché ses enfants de le faire, espérant toujours voir revenir sa femme. Il s’en était retourné, plus inquiet encore.
    La sage-femme annonça enfin à Émilie qu’elle arrivait presque à quatre doigts et lui demanda de rester couchée. Émilie ne discuta pas. Elle avait repoussé ce moment le plus longtemps possible, ayant l’impression qu’une femme commençait à avoir l’air misérable quand elle était allongée. Elle entendit

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