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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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impression, d’autres fois, c’est un souvenir, d’autres fois, c’est la face du p’tit. Mais je suis sûre qu’en arrière d’un nom, il y a une p’tite histoire. »
    Emilie serra Rose bien fort. Sa belle-mère n’avait pas tort. Avant la naissance, elle s’était promis qu’elle nommerait sa fille, si elle avait une fille, Charlotte. Mais en voyant son bébé, elle avait changé d’idée. Elle se demandait maintenant si elle n’avait pas eu peur de la nommer Charlotte. Charlotte, c’était le souvenir de la douceur et de la gentillesse. Charlotte, c’était aussi le souvenir de la mort. Elle avait essayé de se convaincre que Charlotte, c’était surtout le féminin de Charles. Mais elle-même, elle ne s’était pas crue.
    Le jour du baptême, elle resta seule à la maison, refusant qu’on lui tienne compagnie. Elle avait dit à Ovila qu’elle était certaine d’entendre les cloches.
    «Le vent souffle du bon côté. J’vas être capable de savoir quand vous allez vous en revenir. »
    Elle entendit les cloches et son cœur se gonfla d’amour.
    Ses parents étaient arrivés de Saint-Stanislas le matin même. Antoinette et Henri étaient présents eux aussi. Henri, comme chaque année, devait faire ses visites dans le secteur. Antoinette avait donc pu assister son amie depuis ses couches. Elle en avait profité pour confier à Emilie que c’était une bonne expérience à prendre.
    «Quand est-ce que tu vas te décider, Antoinette?
    —        C’est tout décidé. Tu remarques pas que je suis un p’tit peu plus grosse?»
    Emilie l’avait bien regardée puis elle avait éclaté de
    «As-tu envie de me faire croire qu’il y a un bébé là- dedans?
    —        J’ai pas envie de te faire croire ça, Émilie. Ça fait déjà cinq mois qu’il dort dans ma graisse.
    —        Ben, il y a rien qui paraît. Pourquoi est-ce que tu m’en as pas parlé?
    —        Parce que j’ai jamais été régulière pis que, comme j’ai pas remarqué, moi non plus, que j’engraissais, je l’ai su ça a fait trois semaines.
    —        Tu as cinq mois de faits pis tu savais pas que tu étais enceinte!
    —        Dis pas ça à personne. J’vas avoir l’air d’une innocente vrai. Mais entre toi pis moi, je trouve qu’une grossesse de quatre mois, c’est spécial.»
    Ils étaient tous revenus de l’église et Émilie s’empressa de donner le biberon au bébé qui criait son indignation et son appétit. Elle avait dû se résigner à ne pas allaiter, son lait ne pouvant satisfaire la petite.
    Ovila versa une bonne rasade à tout le monde. Même Émilie accepta de prendre un verre. Caleb et Dosithée ne cessaient de se féliciter. Tous les deux, ils étaient pépères. Émilie avait déjà oublié les difficultés de son accouchement. Elle rassura Antoinette.
    «C’est sûr que ça fait mal, mais c’est pas si pire.»
    La journée fut très longue, au-delà des forces d’Émilie. Avant l’heure du souper, elle blêmit et alla s’étendre. Les invités essayèrent d’être le plus discrets possible pour lui permettre de dormir. Effort louable, mais vain. A huit heures, ses parents décidèrent d’accompagner les Pronovost pour jouer aux cartes. Antoinette donna un bon bain d’éponge à Emilie et au bébé et monta se coucher avec Henri. Ovila insista pour rester avec sa femme. Il n’alla pas chez ses parents. Émilie lui en fut reconnaissante.
    À minuit, Caleb et Célina revinrent de chez les Pronovost. Caleb monta, ouvrit sa porte de chambre, entra sans regarder, ressortit le temps de demander à Célina si elle arrivait, revint, toujours avec sa lampe, et se dévêtit. Puis il vit Henri, bien installé sur Antoinette et Antoinette, qui le regardait, les yeux remplis de rires et de surprise. Caleb s’excusa, ramassa son linge et sortit de la chambre sans prendre la peine de se cacher les fesses. Il referma la porte derrière lui, essayant de ne pas faire de bruit. Il se dirigea vers l’autre chambre, s’assit sur le lit, reprit son souffle, puis éclata de rire. Antoinette, dans sa chambre, fît de même. Célina, intriguée par la commotion, monta à la hâte. Caleb riait tellement qu’il ne put lui expliquer les raisons de l’émoi.
    «Tais-toi donc, Caleb. Émilie donne à boire à la p’tite.»
    Ovila monta pour voir ce qui se passait. Il frappa à la porte de la chambre de ses beaux-parents. Célina lui répondit que tout allait bien, mais

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