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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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ses larmes.
    «Écoute-moi bien, Ovila Pronovost. Je jure sur la tête de Rose pis sur celle de Marie-Ange que ma fille va lire, écrire pis compter. Fie-toi à moi. Ça prendra le temps que ça prendra, mais Rose va être comme les autres. Rose va grandir en beauté pis un jour elle va se marier! As-tu compris ça, Ovila Pronovost?
    —        Choque-toi pas contre moi, Émilie.
    —        Je suis pas choquée!
    —        Cesse de crier d’abord. Ça me fait de la peine de te voir de même.»
    Il était effondré. Il avait essayé d’épargner Émilie. Il savait qu’elle n’était responsable de rien. A la voir et à l’entendre, il aurait juré qu’elle venait d’être répudiée. Elle continua de tempêter contre le médecin jusqu’à ce que Rose arrive dans la cuisine en pleurant. En voyant sa fille, elle se hâta de la prendre dans ses bras et de la bercer. Rose, ravie, suçait son pouce allègrement et chantonnait pendant qu’Émilie lui faisait des milliers de promesses tacites.
    «J’ai pas l’impression, Émilie, que c’est en la traitant comme un bébé que tu vas l’aider.
    —        Je t’ai rien demandé, Ovila Pronovost. Je t’ai surtout pas demandé de me faire des enfants. Pis à part ça, si tu veux le savoir, il y en a un autre en cours de route. »
    Ovila était assis au Grand Nord à ruminer sa tristesse. Elle avait exagéré. Le blâmer d’avoir fait des enfants. Lui annoncer sur un ton rageur qu’elle était encore enceinte.
    «Hé! le grand! Est-ce que quelqu’un est mort?
    —        Je sais pas.
    —        Qui c’est qui est mourant?
    —        Moi!
    —        Ha! ha! ha! Toujours farceur!
    —        Fais de l’air, Joachim Crête.
    —        Hé! les gars, regardez la tête de Pronovost. On dirait que sa femme l’a battu. Tu le savais, Pronovost, que de marier une maîtresse d’école, surtout comme la belle Émilie...»
    Ovila se leva et d’un coup de poing envoya Joachim Crête voler sur la table voisine. Ivre, il se rapprocha de lui et lui donna un autre bon coup dans le ventre. Crête hurla. Deux hommes empoignèrent Ovila et le sortirent de l’hôtel.
    «Va passer ta rage ailleurs, le grand. Crête t’a juste taquiné un peu. C’est pas des affaires qu’on aime voir dans la paroisse.»
    Ils assirent Ovila sur la neige et revinrent pour lui lancer son manteau de fourrure et son chapeau. Ovila essaya de se relever mais en fut incapable. Il bavait sa rage, et la salive lui faisait des glaçons au menton. Il se frotta le poing et vit à travers les vapeurs de son ivresse que ses jointures étaient en sang. Il éclata de rire. Crête devait être beau à voir. Il parvint enfin à se relever et voulut rentrer dans l’hôtel. Il ne put faire qu’un pas au-delà de la porte. A nouveau on le dirigea vers la sortie mais il eut le temps de voir que Crête était encore sonné et qu’on lui appliquait de la glace sur la moitié du visage.
    «Hé! Crête! J’vas leur dire que pour toi c’est mieux de te tremper la tête dans une chaudière pleine de pisse!»
    Crête releva la tête, lança la glace sur le plancher et se dirigea vers Ovila qui venait de sortir. Il se tourna vers les hommes qui étaient attablés et qui riaient.
    «Il y a pas un chat qui va m’empêcher de le battre dehors. On va régler ça au bout des poings.
    —        Fais attention. Ovila c’est un cogneur. Pis à soir il a pas l’air de bonne humeur pantoute.
    —        Cogneur pour cogneur, on va voir. »
    Crête avait à peine franchi le seuil de la porte que les hommes gagèrent sur l’issue du combat.
    «Le grand Pronovost va Yétamper raide.
    —        Pantoute! Il est bien trop saoul! Crête va l’avoir en criant bine. Pronovost haït assez Crête qu’il va dessaouler d’une claque.
    —        Je gagerais pas ma chemise là-dessus, moi.»
    Ils s’installèrent à la fenêtre et virent Crête accrocher Ovila par l’épaule. Ovila qui essayait de monter dans sa carriole, bascula et tomba sur le dos. Crête se jeta sur lui et le laboura de coups de poings. Tout d’abord, Ovila ne résista pas. Puis, quand il entendit son nez craquer, il s’encoléra. Il fit tomber Crête et lui donna un coup de pied sur la tête. Crête se prit la tête à deux mains. Ovila lui donna un coup de pied dans les côtes et tomba à son tour, trop ivre pour se tenir en équilibre. Il injuria Crête qui ne

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