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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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insupportables, toutes égarées qu’elles étaient de n’avoir accès aux bras de leur mère qu’à de rares moments.
    Marie-Ange donna quand même à sa mère le plus beau cadeau pour souligner son premier anniversaire. A l’aube, elle marcha jusqu’à sa chambre. Seule. Emilie éclata de rire quand elle vit apparaître sa petite frimousse dans la porte entrebâillée. Ovila, que les éclats éveillèrent, ouvrit les bras et Marie-Ange s’y précipita en titubant, un sourire accroché aux lèvres et des excréments aux cuisses.
    «C’est qu’elle est puante notre p’tite marcheuse!»
    Emilie se leva pesamment et prit Marie-Ange par la main pour s’assurer qu’elle la suivrait et qu’elle n’irait pas salir quelque chose sur son passage. Elle se dirigeait vers la pompe à eau quand elle vit Rose, bien affairée à barbouiller le mur de ses propres excréments.
    «Rose!»
    La petite ne se tourna même pas et continua son travail malodorant.
    «Ovila, viens ici tout de suite.»
    Ovila entendit l’urgence dans la voix de sa femme et enfila son pantalon à la hâte. Il demeura bouche bée devant le travail de Rose. Il sentit la colère l’envahir.
    «J’en ai assez de ses gâteries. C’est à matin que j’vas commencer à m’en mêler pour vrai. »
    Il agrippa sa fille par les deux bras, lui mit le nez dans les excréments, lui donna une fessée puis, ne sachant plus trop que faire, il empoigna un linge qu’il mouilla et ordonna à Rose de laver tout ce qu’elle avait sali, Rose sourit, heureuse d’avoir quelque chose à faire. Ovila en prit ombrage et changea d’idée. Il la reprit par le bras et la conduisit à sa chambre. Rose commença à gémir, regardant sa mère, le regard lourd de reproches, puis sa sœur qui gargouillait de plaisir devant l’activité matinale.
    «Non! dodo. Rose pas dodo!»
    Ovila l’obligea à s’étendre et lui ordonna de ne pas se lever. Rose donna des coups de pieds. Ovila l’immobilisa et lui répéta que cela irait mal si elle désobéissait.
    «Pas dodo, papa! Rose dehors!»
    Ovila la recoucha fermement et Rose cessa ses cris. Elle suça son pouce tout en grattant sa couverture de l’autre main. Ovila revint dans la cuisine. Emilie le regardait. Il se demandait comment elle réagirait. Depuis que le médecin leur avait parlé des problèmes de Rose, il avait essayé de laisser Emilie faire comme elle l’entendait. Mais Émilie avait manqué de souffle, son air coupé par la grossesse. Ovila chercha dans ses yeux quelque marque de colère, ou un reproche. Il ne vit rien. C’est plutôt de l’amusement qu’il crut deviner.
    «Pourquoi est-ce que tu ris? Me semble que des matins comme ça, ç’est pas drôle.
    —        C’est toi qui le dis. Moi, je trouve que c’est pas mal drôle de te voir perdre patience de même. Pis...» Elle referma l’épingle de sûreté qu’elle venait de piquer dans la couche de Marie-Ange et prit celle qu’elle tenait entre ses lèvres avant de continuer.«...je suis contente que tu te sois choqué. Au moins toi, tu te contrôles encore un peu. Si moi je m’étais choquée, Rose aurait eu des bleus sur les fesses.
    —        Je sais que c’est pas facile pour toi, Émilie», dit-il en l’enlaçant après qu’elle eut reposé Marie-Ange par terre. «Rose voudrait encore être un bébé, Marie-Ange commence à faire comme elle, pis toi que le docteur laisse au lit toute la journée...
    —        Arrête de parler pis fais-moi un bon thé.»
    Ovila lui caressa la nuque, puis le dos, puis les reins. Il les lui tint solidement d’une main pendant que de l’autre, il lui frottait le ventre. Emilie ronronna.
    «C’est donc difficile les derniers mois...pis pas rien que parce que c’est pesant à porter. »
    Ovila avait bien compris ce qu’elle tentait de lui dire et pressa le ventre un peu plus fortement. Lui aussi manquait la chaleur de leurs nuits. Il savait qu’il devrait se satisfaire de humer Emilie pour quelques mois encore. Jamais il ne se lasserait de son odeur.
    «Je m’excuse, Emilie.
    —        Pourquoi?
    —        Ben, me semble que ça aurait été mieux si tu avais pas été enceinte tout de suite pis qu’on avait eu le temps de prendre une p’tite vacance toi pis moi.
    —        Tu sais que des vacances, faut pus y penser maintenant que la famille est vraiment commencée. Pis tu les as pas faits tout seul les bébés, Ovila Pronovost... Bon, tu me le fais le

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